L’Ordre du Canada au militant de la francophonie Guy Matte

La gouverneure générale dévoilait récemment la liste des 85 nouveaux récipiendaires de l’Ordre du Canada. Parmi eux figure le résident d’Ottawa et militant de la francophonie Guy Matte.

Né à Saint-Ubalde au Québec, Guy Matte vit à Ottawa depuis qu’il est jeune adulte. C’est après avoir obtenu une maîtrise en éducation à l’Université d’Ottawa que sa mission de promouvoir le français en Ontario et dans les autres provinces canadiennes a débuté.

Au cours de sa carrière, il a été impliqué dans beaucoup d’activités professionnelles et bénévoles.

Tout passe par l’éducation

Tout a débuté par une carrière d’enseignant dans les années 1970. «J’ai tout de suite compris que si on voulait que quelque chose se passe au niveau de la langue française et de l’éducation en langue française, il fallait que l’éducation soit offerte à tous les francophones.»

«Il fallait aussi que ce soit dans des écoles homogènes [et non bilingues] et dans des conseils scolaires de langue française.»

Il se souvient de l’acharnement des communautés qu’il a visitées à travers ses fonctions. Ces minorités linguistiques tenaient à garder leur langue pour le bien des générations futures.

«Quand on allait dans les petites communautés, il y en a qui voulaient absolument assurer la survie du français pour leur enfant. En voyant cette détermination des communautés francophones à travers le pays, on ne peut pas faire autrement que de vouloir les appuyer», dit-il.

Bataille contre le gouvernement

Celui qui a été président de la Fédération des francophones hors Québec (aujourd’hui la FCFA) pendant trois ans a mené quelques dossiers importants en cour face au gouvernement de l’Ontario.

Guy Matte se souvient de la ministre de l’Éducation, Bette Stephenson, qui avait établi un minimum de dix élèves francophones dans une classe pour que l’éducation en français soit offerte.

Après un passage devant les tribunaux, la ministre a finalement autorisé l’éducation de langue française à tous les enfants de la province.

Guy Matte a aussi contribué à ce que la Cour d’appel de l’Ontario juge que les Franco-ontariens aient droit à une meilleure gestion de leurs écoles, ce qui a mené à la création des conseils scolaires de langue française.

Énorme progrès en Ontario

Guy Matte observe «une grande évolution» de la reconnaissance des francophones minoritaires et de l’accès à l’éducation en langue française dans les cinquante dernières années.

«Maintenant, on voit un engouement. Des parents d’enfants anglophones tiennent à ce que leur enfant ait accès à une éducation en langue française. C’était impensable il y a 50 ans! C’est quelque chose qui va se poursuivre, la nouvelle génération prend le flambeau.»

Éminence grise

En 2012, il avait piloté, sans succès, le projet de télévision francophone pancanadienne Accents. Le CRTC avait préféré le projet UNIS de TV5.

Après avoir été directeur général de la Fondation canadienne pour le dialogue des cultures dans les dernières années, il est présentement président du Comité consultatif provincial sur les affaires francophones.

«Je m’assure qu’il y ait du progrès dans les autres domaines, comme la justice, les services de la santé, les services sociaux et communautaires, le domaine culturel, etc. C’est un travail que je poursuis encore aujourd’hui.»

Fier canadien

Fier Canadien, Guy Matte se dit très honoré de recevoir l’Ordre du Canada. «Je crois très fortement en l’expérience canadienne. On a une expérience de vie commune où des gens ont décidé d’assurer une vie et des droits à différents groupes comme les minorités linguistiques, les personnes avec un handicap, la communauté LGBT, etc.»

«Il y a ici une expérience canadienne qui est extraordinaire. Je pense qu’elle mérite d’être mise en exergue. J’apprécie cette reconnaissance, parce que je suis fier de ce pays.»

Fred Pellerin et Guylaine Tremblay

Parmi les autres récipiendaires 2022 de l’Ordre du Canada, on remarque trois autres militants des droits des francophones minoritaires: Ethel Côté (Ontario), Louis-Philippe J. Léo Albert (Nouveau-Brunswick), Ronald Julien Tremblay (Alberta).

La liste comprend des leaders autochtones, environnementalistes, médecins, juristes, ingénieurs, gens d’affaires, sportifs… Et des artistes comme le scénariste François Girard, l’actrice Sandra Oh, l’écrivaine Suzanne Aubry, le directeur artistique Michel Beaulac, le photographe de presse Michel Brault, le conteur Fred Pellerin, la comédienne Guylaine Tremblay.