Of course: un faux polar de Franz Bartelt

Franz Bartelt, Of course
Franz Bartelt, Of course, roman, Éditions De L’Arbre vengeur, 2021, 108 pages, 24,95 $.
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Publié 20/03/2022 par Paul-François Sylvestre

Un tueur qui massacre onze prostituées avec un fer à cheval. Un commissaire qui roupille tout le temps. Un apprenti détective désœuvré qui résout l’énigme tout en cherchant son père biologique. Une petite ville où boire est le seul remède à la mélancolie… Tels sont quelques ingrédients du faux polar qu’est Of course, de Franz Bartelt.

Écrivain français, Bartelt a publié une quarantaine de romans, polars, recueils de nouvelles ou de poésie et livres pour enfants, tant chez Gallimard et au Seuil que chez de petits éditeurs. Of course est paru aux Éditions De L’Arbre vengeur, une découverte pour moi.

Polar avec sexe, sang et larmes

Dès les premières pages, le narrateur dit vouloir écrire la biographie d’un personnage qui se nomme Moncheval. Il serait «le produit du viol de sa mère par 14 touristes anglais, lors d’une excursion fluviale en Allemagne».

Il dit n’avoir jamais écrit une ligne. Un ami et rédacteur en chef du Journal des barbus, une publication «qui se voudrait poilante et qui n’est que rasoir», lui donne les trois ingrédients d’un best-seller: sexe, sang et larmes.

Jeux de mots

Ce narrateur découvre qu’on paraît intelligent en ayant des confrères qu’on cite en exergue. Les citations au début de chaque chapitre sont cependant du cru de l’auteur-même.

En voici quelques exemples savoureux… «Il y a une mémoire du rectum, mais elle ne retient pas tout. Petite bite, grand souci. Une savonnette n’a pas de plaisir. Un dur ne s’en va jamais en douce. Le temps c’est de l’argent, sauf à un moment donné.» Beau jeu de mots dans le cas de ce dernier exergue.

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Enfant laid

On apprend que, enfant, le tueur en série était jugé tellement laid que les parents d’élèves militaient pour son exclusion. Sous prétexte que sa laideur fomentait des cauchemars pour leurs enfants.

Quand il croit avoir découvert sa mère, après une entrevue à la télé, il la déniche et lui dit être son fils. La réponse est cinglante… «Regarde la gueule que tu as et demande-toi si une femme comme moi peut faire un outil comme toi autrement que le chiant!»

Polar cauchemardesque

Comme son personnage Moncheval, Franz Bartelt est un auteur au galop unique, au trot entêtant, au pas cadencé. La dernière phrase de son roman est la suivante: «À quoi serviraient les livres s’ils ne nous sauvaient pas des mauvais rêves?»

Je dois cependant avouer que j’ai parfois trouvé la lecture d’Of course un peu cauchemardesque, en dépit des aphorismes hilarants et de quelques réflexions qui mériteraient la postérité. Comme «s’il suffisait de tousser pour avoir un orgasme, tout le monde serait tuberculeux.»

Auteur

  • Paul-François Sylvestre

    Chroniqueur livres, histoire, arts, culture, voyages, actualité. Auteur d'une trentaine de romans et d’essais souvent en lien avec l’histoire de l’Ontario français. Son site jaipourmonlire.ca offre régulièrement des comptes rendus de livres de langue française.

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