Mononk Jules de Jocelyn Sioui: entre mémoire et lutte autochtone

Au Théâtre français de Toronto du 20 au 23 mars

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Jocelyn Sioui, auteur de Mononk Jules, a participé au récent Salon du livre de Toronto. Photo: Lila Berdai, l-express.ca
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Publié 06/03/2024 par Lila Berdai

C’est en revenant aux sources de l’histoire de sa famille autochtone, que l’auteur, comédien, marionnettiste et metteur en scène Jocelyn Sioui nous emmène dans un voyage passionnant, marqué par le combat militant de son grand oncle, et façonné par les questions d’héritage et des Premières Nations.

Retraçant la saisissante histoire de Jules Sioui, activiste autochtone du XXe siècle, Mononk Jules, de Jocelyn Sioui, sera présentée du 20 au 23 mars au Théâtre français de Toronto.

Un récit intime

Jocelyn Sioui a mené un travail presque archéologique sur les traces de son grand-oncle Jules Sioui, à la recherche d’une histoire qui a «été tue».

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Mononk Jules de Jocelyn Sioui, publié aux éditions Hannenorak.

Le spectacle met en lumière une lutte passée sous silence. Le comédien y entame une quête d’identité et de sens, face à ce qui ne lui a pas été enseigné.

À l’origine, Mononk Jules était un ouvrage de 300 pages, réadapté par la suite en pièce de théâtre.

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En entrevue à l-express.ca lors de son passage au Salon du livre de Toronto, Jocelyn Sioui explique: «Ce n’était pas du tout l’optique de départ, mais je me suis lancé dans le récit, et là j’ai commencé les recherches. J’avais énormément de matière pour le livre, puis, après cela, j’ai fait des choix pour raconter ça sur scène. Je me suis concentré sur le récit de Jules Sioui. Je pars aussi dans plein de directions par rapport à l’histoire, aux reflections personnelles…»

Militant pour les droits des peuples autochtones

Son grand oncle, Huron-Wendat, est au centre du spectacle. Il s’était battu dans les années 1940 pour le droit à l’autodétermination des Premières Nations. Un combat intrépide contre les lois ségrégationnistes qui plaçaient les peuples autochtones à l’écart, et qui l’a mené à une grève de la faim en 1950.

«Lui, il n’avait pas froid aux yeux, il n’avait peur de rien. Et puis, il fallait que les choses bougent, il était plus dans l’urgence que dans le politique. C’était d’ailleurs très subversif pour les gouvernements de l’époque.»

Défenseur de la justice, il s’est imposé contre la service militaire obligatoire de 1944. Les peuples autochtones étaient alors envoyés à la guerre, sans détenir le droit de vote au même titre que les citoyens canadiens.

Jocelyn Sioui apporte une réflexion sur le passé avec son regard actuel. «En 2021, il y a une loi qui a été passée qui s’appelle la loi C-15, qui reconnaît l’autodétermination des Premières Nations. Ça vient d’une initiative de l’ONU de 2007 sur les droits autochtones. Après ça, les choses n’ont pas le choix d’évoluer.»

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«C’est aussi très nouveau ce qu’on vit en ce moment, la prise de parole autochtone, même au sein des théâtres. C’était un art de seconde zone», ajoute-t-il.

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Mononk Jules au TfT, avec Jocelyn Sioui. Photo: Marie-Julie Garneau

Un jeu théâtral de formes

C’est un patchwork, avec une pluralité de ressources, qui constitue Mononk Jules. Parmi celles-ci, nous retrouvons des histoires dépoussiérées par Jocelyn Sioui, comme des extraits de procès, ainsi que les résultats de nombreuses recherches.

Le tout est présenté à travers une performance artistique qui mêle tant le documentaire, au conte, qu’à certaines touches de comédie.

Les marionnettes sont le langage du comédien, une façon ludique d’intégrer plusieurs voix au récit. «C’est intéressant, en mise en scène, quand on peut amener les spectateurs dans notre univers. On peut couper des mots, puis laisser parler l’image. Je m’amuse avec la forme.»

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Maquettes et marionnettes dans Mononk Jules au TfT, avec Jocelyn Sioui. Photo: Marie-Julie Garneau

Soulever le voile de l’oubli

Toutefois, Mononk Jules ne part pas seulement de faits pour raconter un récit. La pièce interroge également le lien entre histoire et mémoire. À cet égard, elle dépasse les stigmates sur les populations autochtones et participe au maintien de cette «mémoire collective».

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«Ce qu’on oublie, c’est que l’histoire du Canada n’est pas binaire, elle est multiple, c’est un prisme d’histoire. Il y a beaucoup de nations, et chacune d’elle a vécu la colonisation à sa manière.»

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