Maud Andrieux: une rencontre fascinante avec l’écriture de Marguerite Duras

Le Vice-Consul à l'AFT le 19 mars

Semaine de la francophonie de Toronto 2024, Maud Andrieux, Marguerite Duras
Maud Andrieux dans Le Vice-Consul à l'AFT. Photo: courtoisie
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Publié 12/03/2024 par Lila Berdai

C’est au début des années 2000 que Maud Andrieux tombe sous le charme de la plume de Marguerite Duras. Depuis, la metteure en scène et comédienne se consacre à adapter et jouer au théâtre les œuvres de cette écrivaine emblématique de la littérature française. En 2014, elle devient directrice artistique du Théâtre Marguerite Duras Itinérant.

Aux quatre coins du monde, Maud Andrieux continue de partager cet univers véhément et énigmatique.

Sa deuxième création, une adaptation du Vice-Consul, sera présentée le 19 mars à l’Alliance française de Toronto, avant de repartir pour une tournée canadienne.

Maud Andrieux, Marguerite Duras
Maud Andrieux. Photo: Armand Kipré

Andrieux et Duras: l’évidence

«Cette femme, cette rencontre, a déterminé l’écriture pour moi. La nécessité d’écrire», explique Maud Andrieux à l-express.ca.

Marquée par son travail avec des metteurs en scène engagés, la carrière de Maud Andrieux prend un nouveau tournant lorsqu’elle découvre l’écriture de Duras. Après un long voyage qui se terminera au Vietnam, elle reste captivée par l’héritage historique post-colonial du pays.

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«C’est intéressant pour moi de le vivre, cela fait désormais partie de ma mémoire affective», explique Maud Andrieux.

La comédienne adapte Un barrage contre le pacifique, qui lie intimement son voyage à l’histoire de Marguerite Duras et son enfance en Indochine. Le Vice-Consul est sa seconde création. Elle se met dans la peau d’Anne-Marie Stretter, figure féminine récurrente dans les œuvres de Marguerite Duras.

«J’ai commencé  à l’interpréter avec Le Vice-Consul. Ensuite, ça s’est décliné avec mon adaptation de Son Nom de Venise dans Calcutta Désert, que j’ai jouée en Inde l’année dernière. J’ai également fait une création qui s’appelle Le personnage d’Anne-Marie Stretter dans l’œuvre Duracienne que j’ai joué à Venise parce qu’elle est née là-bas. Il y a tout un tas de déclinaisons autour de ce personnage féminin.»

Le Vice-Consul: une immersion dans l’Inde des années 1930

Adaptée par Maud Andrieux, l’œuvre de Marguerite Duras nous emmène à Calcutta en Inde, profondément divisée par un contraste social. ‘

D’un côté, il y a le monde de la diplomatie avec l’ambassade de France et ses privilèges, incarné par Anne-Marie Stretter et son mari l’ambassadeur. De l’autre survit une Inde souffrante et désillusionnée, avec la mendiante qui représente cette misère et «ce rejet des autres».

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«C’est un texte beaucoup plus littéraire en fait que ne l’est Un barrage contre le pacifique qui est un peu plus brut.»

Le récit mêle plusieurs voix, celles des français de l’ambassade, entre opulence et romance, des miséreux ainsi que du Vice-Consul de Lahore qui a mystérieusement ouvert le feu sur les lépreux.

«La question que pose Duras dans ce texte, c’est surtout: où est le moment de bascule? Sont-ils encore à même de juger ceux qui sont totalement différents d’eux? Au fur et à mesure du récit, Marguerite Duras interroge sur ce qui est le plus humain ou inhumain, sur cette solitude.»

À travers une écriture complexe et symbolique, Maud Andrieux saisit amplement «le double sens de choses.» Elle défie les allusions afin de faire apparaître des réalités.

«Ça fait partie de l’engagement de Marguerite Duras de dénoncer les travers de l’administration française coloniale. Notamment dans Le Vice-Consul. Je partage cette envie de faire entendre tout cet historique, parce que mon travail d’artiste, c’est aussi ça. C’est parler de l’héritage historique à travers de grands textes de la littérature.»

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Le jeu théâtral comme miroir

Seule sur scène, Maud Andrieux interprète avec subtilité Le Vice-Consul, dans un rapport de scène intime avec le public, portée par la profondeur de la plume Duracienne.

«J’ai à cœur de faire entendre toute la musicalité et le côté cinématographique de l’écriture de Marguerite Duras que j’adapte pour la scène.»

C’est une façon, selon la metteure en scène et comédienne, de faire revivre un regard sur l’humanité et la liberté:

«C’est une espèce de symbiose, de rencontre littéraire à chaque représentation, et je suis là pour cette transmission. Je suis là pour que le public puisse entendre la force de cette écriture que je trouve absolument merveilleuse. Je ne trouve cela nulle part ailleurs dans tout ce que je peux lire.»

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Affiche de Le Vice-Consul avec Maud Andrieux
L’affiche pour Le Vice-Consul avec Maud Andrieux

Une résonance actuelle

Parcourant le monde en éveillant les consciences, Maud Andrieux était déjà passée à l’AFT en 2022, pour jouer La Douleur.

Cette fois, elle revient pendant la Semaine de la francophonie de Toronto, ainsi que l’année du 110e anniversaire de naissance de Marguerite Duras (décédée en 1996).

«Les thèmes abordés dans Le Vice Consul sont intemporels et modernes. L’exclusion, l’amour, l’engagement, la position de la femme dans la société (…) J’aime aussi jouer à l’étranger, car la réception du public est toujours phénoménale.»

Un rendez-vous torontois à ne pas rater!

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