Marianne Brisebois: T’es nice comme gars

Marianne Brisebois, Balcons
Marianne Brisebois, Balcons, roman, Montréal, Éditions Hurtubise, 2024, 242 pages, 24,95 $.
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Publié 28/08/2024 par Paul-François Sylvestre

Xavier Pellerin, 24 ans, et Elliot Campeau, 19 ans, sont les deux protagonistes du roman Balcons, écrit au «je». Il n’y a pas une voix narrative de la part de l’autrice Marianne Brisebois qui campe son histoire loin des codes de la masculinité traditionnelle.

Le «je» est Xavier (Vivi) qui parle comme il marche, c’est-à-dire tout croche. «Penser que ça ait été possible de vivre son intimité avec quelqu’un qui nous désirait pas comme nous on la désirait, ça rend tout croche…»

Magalie Péloquin a été la blonde d’Xavier depuis toujours. Or, elle le quitte pour aimer… une femme. Mag trouve que Vivi et Elliot (Éli) feraient un beau couple. Est-ce que cela lui enlèverait toute culpabilité…? «Ça serait donc parfait qu’on se soit trompés les deux.»

L’homme et la femme

Xavier réfléchit constamment. Il se dit que le statut d’un homme diffère largement de celui d’une femme. L’acte de naissance d’un gars vient avec «capable de se défendre», celui d’une fille vient avec «victime potentielle». De plus, un vrai gars passe le balai sur ses états d’âme.

Xavier n’est pas le premier à avoir expérimenté en dehors de son orientation sexuelle. Son homophobie interne le rend honteux d’avoir un gars ou deux sur sa liste. Est-ce que deux hommes peuvent avoir le goût de dormir ensemble sans faire l’amour, juste se frencher…?

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Ce serait tout simplement de la masculinité décomplexée. «Tu peux choisir qu’il a pas franchi de limites si tu continues à pas en mettre, à t’adapter aux siennes.» C’est ce qu’Xavier a fait avec un leader dans le mouvement étudiant.

Des mots anglais left and right

L’histoire se passe à Montréal et les protagonistes sont tous francophones. N’empêche que les mots anglais pullulent left and right.

On peut s’attendre à checker, nice, weird, anyway, fucking, voire heads up, give up ou feeler cheap.

Mais pourquoi dire que le chat se colle sur mon chest, sa façon de me sizer, c’était worth it, je follow le Instagram, c’était crissement wrong, j’ai ghosté l’université, mes trigger warnings…?

On trouve même des phrases complètes en anglais: Welcome to the baby boomer world, bitches. Taste your own medicine. What a weird night. I’m part of the crew. Those twisted minds. J’ai été tenté plusieurs fois de mettre ce roman de côté, ou devrais-je dire on the side?

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Histoire d’amitié

Ce qui sauve la mise, c’est l’histoire d’amitié immédiate et sincère entre deux gars qui n’avaient en commun, au départ, qu’un trop grand nombre de blessures à panser.

Éli est propriétaire d’une boutique qui s’appelle Fleurs & Laurier. Le second mot renvoie au gars qu’Éli a aimé plus que tout autre homme et qui s’est enlevé la vie. À la fin du roman, il y a quelques numéros à composer pour de l’aide, dont celui du Centre de prévention du suicide du Québec.

Les mots ont toujours fait partie de la vie de Marianne Brisebois, une autrice à la plume jeune, assumée, maîtrisée. Quand elle n’écrit pas, cette diplômée en psychologie et en communication adore débattre, discuter et refaire le monde.

Auteurs

  • Paul-François Sylvestre

    Chroniqueur livres, histoire, arts, culture, voyages, actualité. Auteur d'une trentaine de romans et d’essais souvent en lien avec l’histoire de l’Ontario français. Son site jaipourmonlire.ca offre régulièrement des comptes rendus de livres de langue française.

  • l-express.ca

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