L’Ontario ajuste sa stratégie de vaccination

Vaccin covid
Dès le début de la campagne de vaccination on doit rectifier le tir. Photo: Daniel Schludi, Unsplash
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Publié 25/01/2021 par Émilie Gougeon-Pelletier

Le gouvernement ontarien a décidé d’ajuster sa stratégie de vaccination contre la CoViD-19 pour d’adapter aux problèmes d’approvisionnement des doses provenant de la compagnie Pfizer.

Aînés

Ainsi, la province cesse temporairement la vaccination des travailleurs de la santé et se concentre sur les résidents de foyers de soins de longue durée et des maisons de retraite à haut risque.

La vaccination du personnel et des visiteurs essentiels dans les établissements pour aînés est donc suspendue jusqu’à ce que tous les résidents aient reçu leur première dose du vaccin.

En conférence de presse lundi, le général Rick Hillier, responsable de la stratégie de vaccination en province, a fait savoir que 80% des résidents en FSLD ont reçu leur première dose du vaccin. (Environ 6% d’entre eux ont refusé le vaccin.)

Intervalle allongé

Par ailleurs, l’intervalle entre les deux doses du vaccin de Pfizer sera allongé jusqu’à un maximum de 42 jours, à l’exception des résidents de foyers de soins de longue durée et des maisons de retraite, qui sera maintenu de 21 à 27 jours. L’intervalle de 28 jours ne sera pas modifié pour le vaccin de la compagnie Moderna.

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L’objectif de la santé publique de l’Ontario est maintenant d’avoir administré la première dose à tous les résidents de FSLD et des maisons de retraite à risque élevé d’ici le 5 février.

Le premier ministre Doug Ford a noté que l’Ontario a la capacité de vacciner 40 000 personnes par jour, mais que tout dépend des doses octroyées par Ottawa.

Garde d’enfants

Le gouvernement ontarien va aussi élargir l’admissibilité au programme de services de garde d’enfants d’urgence pour y inclure un plus grand nombre de travailleurs.

La liste allongée comprend maintenant les travailleurs de distribution de carburant et de raffinerie de pétrole, de collecte de déchets, de personnel scolaire, les employés en pharmacies et en épiceries, les camionneurs ainsi que les exploitants agricoles, entre autres.

Trop tôt pour crier victoire

Les cas quotidiens de covid sont à la baisse depuis deux semaines en Ontario. Mais «il est encore trop tôt pour crier victoire», préviennent des experts en épidémiologie.

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Les effets du confinement imposé par le gouvernement Ford le 26 décembre commenceraient donc à se faire sentir.

Mais il faut faire preuve d’un «optimisme prudent», avertit le virologue et professeur agrégé à la faculté de médecine de l’Université d’Ottawa, le Dr Hugues Loemba.

Consultant auprès de l’Organisation mondiale de la Santé ainsi qu’auprès de Santé Canada, où il participe à l’évaluation de médicaments dont des antiviraux, le Dr Loemba se dit particulièrement inquiet des nouveaux variants du coronavirus.

Nouveaux variants

«C’est très critique. On commence à voir des cas du nouveau variant britannique, de même que celui de l’Afrique du Sud. Certains cas de ce variant au pays sont liés à des voyages, mais d’autres non, alors une transmission communautaire se fait déjà.»

Le Dr Loemba note que dans les pays où ce variant du virus s’est transmis, il est devenu plus prévalent que les autres souches en six à huit semaines seulement.

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«Oui, le nombre de cas quotidiens diminue, mais le nouveau variant peut changer la donne. Si on pouvait augmenter la cadence avec les vaccins, et si d’ici mars on pouvait vacciner plus de 50% de la population, on pourrait commencer à chanter.»

Encore deux mois

Ce nouveau variant explique aussi pourquoi il ne faut pas mettre fin au confinement de façon précoce, juge le clinicien principal du Programme d’épidémiologie clinique à l’Institut de recherche de l’Hôpital d’Ottawa, le Dr Doug Manuel.

Ce dernier note que les Ontariens devraient se préparer à un confinement qui pourrait durer jusqu’à deux mois. «À l’international, les périodes de confinement qui ont été nécessaires pour réduire la transmission du virus ont duré entre six semaines et deux mois.»

Le Dr Manuel est aussi membre de la Table consultative scientifique de l’Ontario, celle qui conseille le gouvernement Ford sur ses décisions liées à la pandémie depuis le début de la crise.

À ses dires, il a été prouvé que la pandémie n’est pas une question de «santé versus économie», mais bien de «santé et d’économie».

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Les endroits avec un taux de positivité moins élevé ont une meilleure économie, note-t-il.

Trop peu, trop tard?

Les deux épidémiologistes sont d’accord: les mesures sanitaires en réponse à la covid surviennent souvent trop tard, «lorsque le mal est fait».

Par exemple, lorsque le gouvernement Ford a décidé d’imposer un confinement supplémentaire le 26 décembre, «c’était déjà trop tard», aux dires du Dr Loemba. Un confinement partiel était toutefois déjà en vigueur depuis le 9 octobre.

«Si on avait mis en place des restrictions avant décembre, on aurait limité le nombre de retrouvailles familiales et on n’aurait peut-être pas eu à payer le prix d’être confiné en janvier. La santé et l’économie vont de pair. La santé détermine l’économie.»

Pour le Dr Manuel, il est toujours mieux d’agir un jour trop tôt qu’un jour trop tard. Son conseil au gouvernement, lorsque ce dernier hésite à imposer de nouvelles restrictions ? «Si vous songez à le faire, faites-le.»

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