L’ivresse des mots chez Andrée Christensen

Andrée Christensen, Plonge, Freya, vole!
Andrée Christensen, Plonge, Freya, vole!, récit poétique, Ottawa, Éditions David, hors collection, 2023, 184 pages, 26,95 $.
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Publié 12/06/2024 par Paul-François Sylvestre

Finaliste au Prix littéraire Trillium pour son récit poétique Plonge, Freya, vole! Andrée Christensen reprend son personnage Freya, disparu prématurément dans les pages du roman Depuis toujours, j’entendais la mer (2006), pour une nouvelle gestation qui se veut une allégorie de l’acte d’écrire.

Dans la mythologie scandinave, Freya est vénérée en tant que déesse de l’amour et de la beauté. Dans ce récit poétique, elle «devient un nom fondateur, une convocation à la transformation». On ne tarde pas à découvrir comment un personnage peut s’acharner sur son créateur pour exiger la parole.

Freya-Andrée

Vous croyez sans doute que l’auteur connaît mieux que personne l’intimité de ses personnages. Détrompez-vous; ce n’est pas toujours le cas. Les mots sont vivants; ils évoluent dans un temps autre; leurs mouvements demeurent imperceptibles, sauf à ceux qui savent voir au-delà des apparences.

Freya-Andrée démontre comment les mots ont un pouvoir spécial, celui d’arrêter le temps. Ils permettent à la romancière-poète d’être doublement figée dans une même ivresse, celle de la peur et de la fascination.

Tout au long de son récit poétique, Andrée Christensen glisse des références artistiques ou mythologiques. Il est tour à tour question de la déesse-sorcière Circé (Ulysse), d’un visage qui a l’ovale des nymphes de Botticelli, de la fée Mélusine, de l’allegretto d’un battement d’ailes et de l’or bleu de la Renaissance.

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Nuances de bleu

Parlant du bleu, la poète trouve toute une panoplie de nuances: bleu muscari, aigue-marine, bleu pervenche, lapis-lazuli, saphir, outremer, velours de Perse. Parmi les quatorze oeuvres qui illustrent le récit, il y a «La convocation du bleu».

Ces œuvres ont été réalisées par l’autrice après avoir écrit Plonge, Freya, vole ! Il s’git de techniques mixtes et collages, sans message didactique. Les créations ne font pas appel à la raison, plutôt à l’émotion et à l’intuition.

Porté par une écriture envoûtante, Plonge, Freya, vole! est un livre inclassable qui se lit comme un roman, mais se savoure tel un long poème.

Finaliste au prix Trillium

Poète, romancière et artiste visuelle, Andrée Christensen a publié plus de vingt-cinq titres, dont certains traduits en anglais et en roumain. L’autrice a également réalisé cinq livres d’artistes à partir de ses recueils de poésie avec des artistes visuels de l’Ontario et du Québec.

Créé en 1994, le Prix Trillium de langue française demeure la plus prestigieuse récompense littéraire en Ontario.

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Les finalistes de cette année, sont: Martin Bélanger pour La fin de nos programmes, Andrée Christensen pour Plonge, Freya, vole!, David Ménard pour L’aurore martyrise l’enfant, Paul Ruban pour Le parfum de la baleine, et Nicolas Weinberg pour Vivre ou presque. La ou le lauréat sera connu le 20 juin.

Auteurs

  • Paul-François Sylvestre

    Chroniqueur livres, histoire, arts, culture, voyages, actualité. Auteur d'une trentaine de romans et d’essais souvent en lien avec l’histoire de l’Ontario français. Son site jaipourmonlire.ca offre régulièrement des comptes rendus de livres de langue française.

  • l-express.ca

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