L’expansion de la centrale au gaz Portlands inquiète des Torontois

Au cœur d'un futur quartier «carboneutre» de 40 000 habitants

centrale au gaz Portlands
La centrale électrique au gaz de Portlands (Portlands Energy Centre), dans le secteur portuaire des rues Commissioners et Leslie, à l'Est de l'embouchure de la rivière Don. Photo: aturapower.com
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Publié 31/10/2025 par Charles-Antoine Rouyer

L’expansion de la capacité de la centrale électrique au gaz de la zone portuaire de Toronto sera terminée à la mi-décembre. Mais la fermeture de cette centrale en 2034 – souhaitée par la Ville mais pas par la Province, qui a le dernier mot – ne serait plus acquise. Le contrat d’exploitation, prolongé de 2019 à 2034, pourrait continuer d’être renouvelé périodiquement.

L’aménagement de la nouvelle île Ookwemin Minnising, à l’embouchure de la rivière Don, doit accueillir 15 000 habitants à terme. L’ensemble des friches industrielles de l’ancien port pourrait compter 40 000 résidents dans un futur quartier à consommation énergétique «carboneutre», selon le plan d’urbanisme de la Ville.

Cette contradiction apparente – une centrale au gaz au cœur d’un quartier «énergie nette zéro» – vient de priorités gouvernementales différentes: la Province gère la planification énergétique; la Ville définit son plan d’urbanisme.

Les opposants – une coalition de résidents de l’Est de Toronto et de groupes écologistes, aux côtés de la Ville – évoquent des risques pour la santé de milliers de Torontois avec, à leur porte, une source de pollution de l’air produisant des particules fines et des oxydes d’azote.

La centrale au gaz de Portlands
Dans la centrale Portlands. Photo: aturapower.com

Turbines à gaz améliorées

La capacité de production d’électricité de la centrale thermique va passer de 550MW à 600MW. Les travaux n’agrandissent pas la centrale, explique Atura Power, le propriétaire de la centrale, une filiale de Ontario Power Generation (OPG).

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«Le remplacement de certaines pièces des turbines à gaz existantes du Portlands Energy Centre devrait être terminé d’ici la mi-décembre 2025.»

«Tous les travaux se produiront à l’intérieur de l’enceinte de la centrale actuelle. Grâce à de meilleurs matériaux dans la fabrication des pièces, elles pourront résister à des températures plus élevées et donc produire plus d’énergie.»

«Les 50 MW d’électricité supplémentaires n’augmenteront pas les émissions de CO2», assure Atura Power.

Ce serait comme remplacer le moteur d’une voiture par un moteur plus performant, et faire plus de kilomètres avec le même plein d’essence. Ou installer un meilleur brûleur sur une cuisinière ou un barbecue au gaz.

Centrale thermique
Les émissions annuelles de gaz à effets de serre de la centrale au gaz Portlands. Source: Gouvernement du Canada

Source de pollution de l’air

Cela reste une voiture polluante, rétorquent les critiques. «La centrale au gaz de la zone portuaire est le plus grand pollueur et émetteur de gaz à effet de serre de Toronto», selon Jack Gibbons, président de l’Ontario Clean Air Alliance.

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Le gouvernement fédéral estime que la centrale a émis l’an dernier 198 tonnes de CO2 et 207 tonnes de méthane, deux gaz à effet de serre.

La centrale émet aussi des oxydes d’azote qui contribuent au smog, et des particules fines nocives pour la santé: 304 tonnes de monoxyde de carbone, 396 tonnes d’oxydes d’azote, deux tonnes de matières particulaires PM10, deux tonnes de matières particulaires PM2,5 et 18,55 tonnes de composés organiques volatils.

«Elle produit autant de pollution que 231 000 voitures», prévient Jack Gibbons. (140 000 voitures empruntent l’autoroute Gardiner chaque jour en semaine.)

La centrale au gaz de Portlands
La centrale Portlands. Photo: aturapower.com

Des solutions moins polluantes

«Il existe des solutions plus propres et moins chères pour garder nos lumières allumées», soutient Jack Gibbons. «Pour remplacer 550/600 MW de capacité de pic de consommation, il faudrait combiner l’éolien et le solaire avec des systèmes de stockage d’énergie, et/ou investir dans des mesures pour décaler la demande

La centrale au gaz de Portlands
Jack Gibbons.

Il s’inquiète que la Société indépendante d’exploitation du réseau d’électricité de l’Ontario (SIERE) n’ait pas publié de date de fermeture de la centrale.

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«Le projet de la SIERE de planification de l’électricité à Toronto ne comprend pas l’élimination progressive de la centrale au gaz du Portlands d’ici 2035, ni à une autre date», note Jack Gibbons.

Atura Power répond qu’elle respectera les directives de l’agence provinciale. «Le Portlands Energy Centre fonctionne lorsque la SIERE détermine que son électricité est nécessaire.»

Centrale thermique
Le secteur portuaire de Toronto. La centrale thermique Portlands en gris sur fonds orange. Image: Ville de Toronto

Produire ou économiser

«La SIERE prévoit d’ordonner à OPG d’augmenter considérablement la production avec du gaz du Portlands», soutient Jack Gibbons. Atura Power, pour sa part, rappelle que «la SIERE a évalué qu’une capacité supplémentaire de 4000 mégawatts sera nécessaire d’ici mai 2027 en Ontario».

Diane Saxe, conseillère municipale du quartier University-Rosedale, ajoute que «les économies d’énergie (Négawatts) restent le moyen le moins coûteux d’assurer un approvisionnement électrique adéquat, mais le gouvernement Ford a gravement compromis ce programme.»

Diane Saxe rappelle que la Ville de Toronto a demandé à la Province de «supprimer progressivement la production d’électricité à partir du gaz au Portlands Energy Centre d’ici 2035, sauf dans des circonstances extrêmes, exceptionnelles et d’urgence.»

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