Les tarifs douaniers de retour dans la campagne électorale en Ontario

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Les chefs des partis politiques ontariens: Doug Ford (progressiste-conservateur), Bonnie Crombie (libérale), Marit Stiles (néo-démocrate), Mike Schreiner (vert).
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Publié 11/02/2025 par Émilie Gougeon-Pelletier

En pleine campagne électorale en vue du scrutin du 27 février, les chefs de partis en Ontario sont à nouveau forcés de parler des droits de douane que veut imposer le président américain, Donald Trump.

Malgré le répit de 30 jours annoncé au début du mois sur les tarifs douaniers que veut imposer le président américain Donald Trump sur les produits canadiens, il va imposer des droits de douane de 25% sur l’acier et l’aluminium.

Le chef du Parti progressiste-conservateur (PCC), Doug Ford, a indiqué lundi que le Canada et les provinces doivent réagir rapidement à la nouvelle menace.

«Nous sommes encore en train d’en apprendre davantage sur la portée et l’impact» des tarifs, a avancé le premier ministre sortant lors d’un arrêt de campagne à Oakville, une municipalité dans la région du Grand Toronto.

Justifier les élections anticipées

Pour Doug Ford, qui est actuellement le président du Conseil de la fédération, le regroupement des 13 premiers ministres provinciaux et territoriaux, il s’agit là d’une opportunité de réitérer sa justification pour le déclenchement d’élections anticipées dans la province.

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«Ce que nous savons avec certitude, c’est que cela va se produire dans les quatre prochaines années. Des objectifs qui changent sans cesse et un chaos constant, tout cela conçu pour nuire à notre économie et saper nos travailleurs», a-t-il insisté.

Le chef du PPC a rappelé son plan, soit de créer la «Forteresse Amérique-Canada», qui vise à renforcer l’alliance entre les États-Unis et le Canada en matière d’énergie et de sécurité.

Visite à Washington

En son nom de premier ministre sortant et de président du Conseil de la fédération, Doug Ford et ses homologues se rendent à Washington, ce mardi 11 février.

Ils participent à une réunion avec des législateurs et des chefs d’entreprise américains pour faire valoir leurs arguments contre les menaces de tarifs douaniers du président américain Donald Trump.

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Le premier ministre de l’Ontario, Doug Ford, chef du Parti progressiste-conservateur. Photo: PCC

Imprévoyance

La cheffe du Nouveau Parti démocratique (NPD) de l’Ontario, Marit Stiles, a réagi, lundi, en disant qu’en 2018, lorsque Donald Trump avait tenté d’imposer des tarifs douaniers sur l’acier et l’aluminium canadiens, «Doug Ford n’a rien fait, il a tout laissé au gouvernement fédéral».

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Elle a noté que «nous savions que cela allait peut-être se reproduire», et que Donald Trump avait déjà fait part de ses intentions d’imposer des tarifs aux pays voisins des États-Unis lors de sa campagne électorale, en novembre dernier.

«Et Doug Ford a dit qu’il l’avait soutenu à 100% pendant cette élection», a-t-elle rappelé, faisant allusion aux commentaires que le premier ministre sortant a tenus, la semaine dernière.

«Je ne pense donc pas que nous puissions faire confiance à Doug Ford pour défendre les Ontariens et pour protéger tous nos emplois et défendre nos travailleurs et nos collectivités», a conclu Marit Stiles.

Pris au dépourvu

La cheffe libérale Bonnie Crombie a elle aussi réitéré les propos de Doug Ford à l’endroit de Donald Trump.

«La vérité, c’est qu’il a été pris au dépourvu parce qu’il n’a pas protégé notre économie, il n’a pas diversifié nos échanges commerciaux, ni nos partenaires commerciaux, ni travaillé à réduire les barrières interprovinciales. Il n’a pas protégé nos emplois. Le seul emploi que Doug Ford veut protéger, c’est le sien», a-t-elle déploré.

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«Pendant ce temps, les gens ont du mal à joindre les deux bouts, ils n’ont pas accès à notre médecin de famille», a répété Bonnie Crombie.

Bonnie Crombie, libéral
La cheffe du Parti libéral de l’Ontario, Bonnie Crombie. Photo: PLO

Bloquer la Chine

Lors de son arrêt de campagne, lundi, Doug Ford a promis que si son gouvernement est réélu, le 27 février, il interdira les investissements chinois dans les projets d’approvisionnement énergétiques et interdirait à toute entreprise de l’État chinois de participer à des appels d’offres du gouvernement de l’Ontario pour des projets énergétiques ou de minéraux essentiels.

Le parti a indiqué au Droit qu’il n’existe pas de tel phénomène en Ontario actuellement, mais que l’annonce faite lundi matin se veut un engagement «proactif».

Une porte-parole du PPC nous a dit que l’idée est de «protéger notre souveraineté avant qu’il ne soit trop tard, car il n’existe actuellement aucune règle concernant les achats d’énergie chinois» en Ontario.

Un gouvernement progressiste-conservateur mettrait cette interdiction en place par le biais d’un projet de loi.

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L’opposition concentrée sur la santé

Les cheffes néo-démocrate Marit Stiles et libérale Bonnie Crombie ont toutes les deux tenté de cerner la santé comme sujet principal de la campagne électorale.

Marit Stiles était dans une clinique de santé familiale de Toronto, lundi, pour annoncer son engagement à «établir des ratios sécuritaires de dotation en personnel dans les hôpitaux».

Un gouvernement néo-démocrate «établirait et légiférerait des ratios sécuritaires de dotation en personnel infirmier par patient pour s’assurer que les patients puissent obtenir les soins qu’ils méritent», a-t-elle soutenu, promettant aussi l’embauche d’au moins 15 000 infirmières au cours des trois prochaines années.

Le NPD de l’Ontario prévoit aussi mettre fin à la dépendance de la province envers les agences de soins infirmiers privées à but lucratif, «qui coûte des centaines de millions de dollars par année au système de santé de l’Ontario».

La semaine dernière, Marit Stiles avait dévoilé un plan de 4 milliards $ en santé, lors d’un arrêt de campagne dans la région nordique de Sault-Sainte-Marie. Un gouvernement du NPD ajouterait 3500 nouveaux médecins à la province en quatre ans, a-t-elle promis.

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Le chef du Parti vert, Mike Schreiner, n’a pas encore publié de détails sur son plan en santé, mais il a indiqué que son parti était «déterminé à faire en sorte que chaque personne dans cette province ait accès à un médecin de famille, à une infirmière praticienne ou à un fournisseur de soins de santé primaires».

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Les slogans des partis politiques ontariens. Infographie: Émilie Gougeon-Pelletier, Le Droit

Remise mensuelle sur l’épicerie

Le NPD de l’Ontario veut aussi mettre en place une remise mensuelle sur l’épicerie, et promet que 3,7 millions de foyers de la province pourraient la recevoir.

«Après sept ans avec Doug Ford, la vie en Ontario est plus chère que jamais», a déploré Marit Stiles, lors d’un arrêt de campagne à Toronto, samedi.

Elle a indiqué que cette mesure, axée sur les personnes à revenus faibles et moyens, permettrait une remise allant jusqu’à 122 $ par mois pour les familles de quatre personnes.

Marit Stiles a fait savoir que les Ontariens dont le revenu annuel ne dépasse pas 65 000$ bénéficieraient du crédit complet, et que le remboursement diminuerait pour les ménages gagnant entre 65 000$ et 100 000$.

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Le programme coûterait environ 409 millions $ par mois au trésor de la province, selon le NPD.

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La cheffe du NPD ontarien, Marit Stiles. Photo: Simon Séguin-Bertrand, archives Le Droit

Enquête sur la Place de l’Ontario

Par ailleurs, Bonnie Crombie a réitéré la promesse de son Parti libéral de l’Ontario de mener une enquête complète sur l’entente secrète de 2,1 milliards $ conclue par Doug Ford avec une société étrangère de spas de luxe à Toronto, «de l’argent qui pourrait être dépensé pour donner à chaque personne en Ontario un médecin de famille».

Décrivant la campagne électorale ontarienne comme une course entre elle et Doug Ford, Bonnie Crombie a défié le premier ministre sortant à une compétition de push-ups.

«Mon terrain, c’est la salle de sport, donc s’il le veut bien, nous ferons une compétition de push-ups, qu’en pensez-vous?», a-t-elle rigolé.

Tunnel sous la 401

Lors d’un arrêt de campagne à Scarborough, vendredi, Doug Ford a réitéré sa promesse de construire un tunnel sous l’autoroute 401, qu’il avait annoncée en septembre dernier.

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Il avait indiqué à l’automne qu’une «étude de faisabilité» était en cours, déclarant en même temps que ce tunnel serait construit, quoi qu’il en soit. «Nous avons les compétences, nous avons l’expertise, nous allons construire ce tunnel», a-t-il déclaré.

Le tunnel de l’autoroute 401 s’étendrait de Brampton et Mississauga à l’Ouest jusqu’à Markham et Scarborough à l’Est, a indiqué le Parti progressiste-conservateur dans un communiqué, et il comprendrait des voies réservées aux véhicules ainsi qu’aux transports en commun.

«Ce sera le plus grand tunnel du monde», a soutenu Doug Ford.

N’empêche, le PPC n’a toujours pas attaché de montant à cette promesse électorale. «Nous attendons simplement que les experts reviennent et disent: ‘voici ce que cela va coûter par kilomètre’», a précisé M. Ford.

Le premier ministre a soutenu que le tunnel en vaudra la peine, car les embouteillages coûtent à l’économie de la province des milliards de dollars chaque année.

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Depuis qu’elle a été lancée à l’automne, les chefs de tous les partis d’opposition ont qualifié cette idée de «fantaisie».

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