Les médias sont dans les nouvelles

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Entrons-nous dans l'ère d'un «Complexe industriel de censure», où circule de la désinformation... sur la désinformation? Photo: iStock.com/keport
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Publié 11/05/2023 par François Bergeron

Après le fracas initié par Elon Musk et Pierre Poilievre sur la «propagande» à CBC et Radio-Canada, on a eu droit récemment à du brasse-camarade dans les médias américains avec le congédiement de Tucker Carlson de Fox News. Cette semaine, il ressuscite sur Twitter!

Sa réputation de redoutable polémiste m’a toujours paru surfaite. Il excelle surtout dans l’art d’interrompre ses invités dont il ne partage pas l’opinion. Fox ne diffusera pas le reportage qu’il préparait sur la «dictature» canadienne…

Plusieurs médias et blogueurs conservateurs, populistes ou libertariens – certains bien meilleurs que lui, comme John Stossel, Joe Rogan ou l’humoriste Bill Maher – lui livraient déjà une forte concurrence.

Un cas unique: Matt Taibbi

Ou encore l’inclassable Matt Taibbi, fondateur du média politique Racket News. Il a travaillé en Russie, fait carrière au magazine Rolling Stone, et inventé des expressions qui sont restées: comme «pieuvres vampires géantes» pour désigner les sociétés financières qui ont causé le crash de 2008.

Depuis quelques mois, avec Michael Shellenberger et quelques autres, il documente le «Censorship-Industrial Complex» (en français «Complexe industriel de censure»?)… faisant écho au «Complexe militaro-industriel» décrié par le président Dwight Eisenhower dans son discours d’adieu en 1961.

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Ces journalistes ont obtenu d’Elon Musk l’accès à des milliers de courriels d’anciens responsables de Twitter montrant une collusion inquiétante entre plusieurs agences américaines de sécurité et les principaux moteurs de recherche et plateformes de diffusion en ligne.

Ces «Twitter Files» ont motivé des élus républicains au Congrès à instituer un sous-comité de la Justice sur «l’instrumentalisation (weaponization !) du gouvernement fédéral». Se sentant visé, le département américain de la Sécurité intérieure (Homeland Security) a éliminé son Conseil de gouvernance de la désinformation (Disinformation Governance Board) créé au début de 2022.

Ennemis intérieurs

Censée traquer les ingérences russe et chinoise dans le débat politique américain, cette équipe a surtout fait pression sur Google, Twitter, Facebook et d’autres médias afin qu’ils «déplateforment» des milliers de citoyens américains critiques des politiques ou des priorités du gouvernement.

Les géants du web ont ainsi fermé des comptes de clients figurant sur la «liste noire» de la Sécurité intérieure, sans leur fournir d’explications. Plus souvent, ils ont réglé leur algorithme afin de réduire la visibilité de ces clients – à leur insu.

C’est du côté de cette entreprise de censure d’ennemis politiques intérieurs du gouvernement américain, pas du côté des machines de Dominion Voting Systems qui ont coûté 800 millions $ à Fox News, que Donald Trump devrait peut-être chercher sa fameuse élection «volée» de 2020.

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Désinformation sur la désinformation

Cette censure s’est déployée agressivement pendant la pandémie: contre la «désinformation» sur la dangerosité de la covid, l’origine du virus, l’efficacité des mesures sanitaires. On se souvient de ces tweets ou ces partages d’articles dissidents bloqués ou auxquels on collait des avertissements infamants redirigeant vers des sources soi-disant plus «fiables».

Certains observateurs s’attendent à ce que le «Complexe industriel de censure» s’attaque éventuellement à ce que ses responsables considèrent comme de la «désinformation» sur les finances publiques, l’immigration, les changements climatiques, les relations raciales, les nouveaux sexes, la guerre en Ukraine… Bref, sur des enjeux controversés sur lesquels on voudrait limiter les débats ou, pire, faire croire qu’il n’y a plus de débats.

Le citoyen qui cherche à s’informer correctement devrait donc désormais être doublement vigilant: composer avec la circulation de désinformation, mais aussi avec la circulation de désinformation… sur la désinformation!

Chez nous aussi?

D’aucuns se demandent si l’interférence exposée par les «Twitter Files» aux États-Unis n’a pas déjà ses promoteurs chez nous, au Canada, et dans d’autres démocraties occidentales. Les modes américaines, en effet, se répandent facilement dans le reste du monde.

Heureusement, contrairement à ce que laisse entendre Pierre Poilievre, le gouvernement libéral-NPD n’intervient pas directement dans le contenu du «diffuseur public», comme en Chine ou en Russie.

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Malheureusement, c’est parce qu’il n’en a pas besoin! La grande majorité des cadres et des journalistes de CBC et Radio-Canada semblent appartenir à la même mouvance politique. Ou est-ce moi qui ne sais pas en apprécier toutes les nuances?

La concurrence des médias publics et privés force tout ce beau monde à rester honnête et, la plupart du temps, à respecter l’intelligence des citoyens.

L’intérêt général exigera toujours la plus grande diversité des idées dans le débat public.

Auteurs

  • François Bergeron

    Rédacteur en chef de l-express.ca. Plus de 40 ans d'expérience en journalisme et en édition de médias papier et web, en français et en anglais. Formation en sciences-politiques. Intéressé à toute l'actualité et aux grands enjeux modernes.

  • l-express.ca

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