Le vieillissement des Franco-Ontariens n’est pas encore sur le radar des pouvoirs publics

Livre blanc de l'AFO et de la FARFO

Gilles Fontaine FARFO
Lors de la diffusion du Livre blanc sur le vieillissement en septembre 2019: Gilles Fontaine et Jean-Rock Boutin, DG et président de la FARFO; Daisy Wai, adjointe parlementaire, et le ministre Raymond Cho; Carol Jolin et Peter Hominuk, président et DG de l'AFO.
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Publié 30/09/2019 par François Bergeron

Mauvaise nouvelle: la communauté franco-ontarienne est plus vieille et vieillit plus rapidement que la population de la province en général. Et nos aînés francophones sont plus pauvres et disposent de moins de services que les anglophones.

Bonne nouvelle: on commence à s’en occuper.

L’Assemblée de la francophonie de l’Ontario (AFO) et la Fédération des aînés et des retraités francophones de l’Ontario (FARFO) dévoilaient lundi un «Livre blanc» sur le vieillissement contenant des pistes d’amélioration.

Cinq recommandations

Cinq recommandations y sont formulées et ont été présentées à la Place Saint-Laurent, la résidence torontoise pour aînés francophones gérée par CAH (Centres d’accueil Héritage), en présence du ministre ontarien des Aînés et de l’Accessibilité, Raymond Cho, et de son adjointe parlementaire Daisy Wai:

– accroître l’accès à des données pertinentes et à jour;

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– réduire la vulnérabilité des aînés francophones de l’Ontario;

– accroître l’offre de services de soins de longue durée en français;

– adopter une perspective intégrée du vieillissement;

– faire des pressions au niveau municipal.

Jean-Rock Boutin, président de la FARFO; Daisy Wai, adjointe parlementaire; le ministre Raymond Cho; Barbara Ceccarelli, directrice général des Centres d’Accueil Héritage; Carol Jolin, président de l’AFO.

Exporter le modèle du Pavillon Omer Deslauriers

À Toronto, par exemple, où seulement 37 lits de soins de longue durée sont «désignés» pour les francophones (au Pavillon Omer Deslauriers de la résidence municipale Bendale Acres), il s’agira de persuader la ville d’exporter ce modèle dans quelques-unes des neuf autres résidences gérées par la ville.

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Dans toute la province, les municipalités ont identifié l’an dernier 1 lit «désigné» par 3400 francophones comparé à une moyenne générale de 1 lit pour 170 Ontariens.

«Alors que le gouvernement de l’Ontario s’apprête à investir pour la création de 30 000 lits sur 10 ans, il est important de capitaliser sur l’occasion pour améliorer le sort de nos aînés», a fait valoir Carol Jolin, le président de l’AFO.

Et les résidences privées?

Sylvie Lavoie, de la Fondation Lavoie vouée à cet enjeu et qui siège au conseil d’administration de CAH, aimerait aussi «voir que les presque 120 maisons de retraite privées du Grand Toronto soient informés des besoins des francophones».

Sylvie Lavoie

«Probablement que 2% à 3% de leurs résidents sont francophones, car nous sommes le même pourcentage dans presque tous les quartiers.» Elle déplore qu’à l’heure actuelle, dans la plupart des résidences publiques et privées, «on ne peut même pas répondre au téléphone en français».

Exporter le modèle de CAH

On voudra sans doute aussi exporter le modèle de CAH, ou lui donner les moyens de le faire. On sait que les aînés francophones de Peel-Halton et la banlieue ouest sont particulièrement actifs et réclament un tel centre depuis quelques années.

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France Lemay, du groupe Retraite active de Peel, créé en 2004, se réjouit de la publication du Livre blanc. «Les aînés francophones n’ont pas accès à des services équitables en ce qui concerne surtout la santé et les soins de longue durée», estime-t-elle.

Moins de jeunes que de vieux

Non seulement la communauté franco-ontarienne est-elle plus âgée que celle de la province dans son ensemble, comptant proportionnellement plus de «65 ans et plus» et moins de «moins de 35 ans», mais dans quelques années elle comptera plus de vieux que de jeunes!

Pour le président de la FARFO élu cet été, Jean-Rock Boutin (anciennement de Toronto, aujourd’hui de Hamilton), «il faut que nous exigions des services pour les aînés francophones en santé, en santé mentale, en soins palliatifs, ainsi que des centres de soins de longue durée, des soins à domicile, du logement abordable, des services de transport et une sécurité financière».

La FARFO et ses partenaires vont «développer une stratégie plus forte pour s’assurer que nos besoins ne sont pas oubliés» a-t-il ajouté.

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Comité de gouvernance

On veut créer un système de «gouvernance» provinciale veillant à l’amélioration des services en français pour les aînés.

On recherche une meilleure «coordination» des ressources communautaires.

Et, pour briser l’isolement et garder les aînés actifs, on propose qu’un «outil» permette de les relier aux emplois et aux occasions de bénévolat dans leur région.

Le ministre Raymond Cho, un vétéran de la politique municipale à Toronto, a été frappé d’un AVC trois jours après avoir été élu à Queen’s Park le 7 juin 2018. Son élocution s’en ressent encore, mais il a assuré les Franco-Ontariens de son appui et il a rappelé qu’ils ont, en Caroline Mulroney, une ministre des Affaires francophones «forte» au sein du gouvernement conservateur.

Auteur

  • François Bergeron

    Rédacteur en chef de l-express.ca. Plus de 40 ans d'expérience en journalisme et en édition de médias papier et web, en français et en anglais. Formation en sciences-politiques. Intéressé à toute l'actualité et aux grands enjeux modernes.

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