Nous avançons à la queue leu leu dans l’obscurité, le long d’un sentier éclairé par des torches de feu. J’ai hâte et j’appréhende à la fois d’assister à cette cérémonie vodou tenue dans un lieu secret, quelque part sur la Côte des Arcadins, au nord de Port-au-Prince.
On arrive enfin au péristyle (temple vodou) où l’on nous accueille cérémonieusement. Les invités s’installent autour d’un arbre immense aux feuillus de papier vert foncé inondant le plafond du temple; un serpent jaune sorti de l’imaginaire entoure le tronc. Il fait très chaud.
Déjà le décor m’impressionne. L’arbre omniprésent, la force de la vie et ses origines, l’importance de nos racines… Les murs du péristyle nantis de personnages historiques, visages de Blancs, tel un livre ouvert sur l’épopée haïtienne en quête de liberté parmi les tumultueuses invasions du pays.
Puis les sons des tam-tams s’intensifient. Les pas de l’houngan (prêtre vodou) et des danseurs vodouisants me rappellent les soirs de pleine lune en brousse sénégalaise où j’ai séjourné au début des années 1980.
Certains d’entre nous dansent avec eux. Je ressens un lien très fort avec l’Afrique.