Le tout premier prix Janette-Bertrand à une prof de Glendon

Marie-Hélène Larochelle, Prix Janette-Bertrand
Toronto jamais bleue (éditions Leméac), roman de Marie-Hélène Larochelle, professeure au département d'Études française du campus Glendon de l'Université York.
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Publié 29/11/2024 par François Bergeron

C’est une professeure du campus bilingue Glendon de l’Université York, Marie-Hélène Larochelle, qui vient de remporter le tout nouveau et déjà prestigieux Prix Janette-Bertrand du Salon du livre de Montréal, pour son roman Toronto jamais bleue.

Le prix lui a été remis par la pionnière féministe Janette Bertrand elle-même, âgée de 99 ans, ovationnée lors d’une cérémonie très attendue au Salon du livre de Montréal le 27 novembre. Le prix honore des œuvres littéraires qui explorent des enjeux tels que l’égalité des sexes, l’autonomie des femmes et la lutte contre les violences de genre.

Sous le choc

«Je suis encore sous le choc», raconte Marie-Hélène Larochelle à l-express.ca, de retour à Toronto deux jours plus tard. «C’est un beau rêve éveillé.»

Elle ne tarit pas d’éloges pour Janette Bertrand, «gentille, modeste… et impressionnante en personne». Une personnalité incontournable «qui a inspiré plusieurs générations de femmes au Québec et hors Québec».

Le jury était présidée par l’ancienne première ministre du Québec Pauline Marois, qui a été nommée récemment chancelière (ambassadrice) de l’Université du Québec à Montréal.

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Prix Janette-Bertrand
Le Salon du livre de Montréal a lancé cette année le Prix Janette-Bertrand.

Monstres sociaux

Dans le site web de Glendon, la bio de Marie-Hélène Larochelle indique que la professeure au département d’Études françaises «étudie la violence et la monstruosité dans la littérature contemporaine».

«Oui», confirme-t-elle, «je travaille depuis 25 ans sur la grande marginalité, l’itinérance, la prostitution, la violence», qu’elle nomme des «monstres sociaux».

Mais elle est prof de littérature, pas de sociologie. Elle se penche donc sur la représentation de cette monstruosité dans la littérature – contemporaine surtout. Sa conclusion est que la littérature peut être «performative», c’est-à-dire qu’elle peut influer sur la perception de ces enjeux, et donc sur le changement.

Marginalité

Toronto jamais bleue (dans le sens de «toujours grise»), plonge dans la marginalité féminine: prostitution, itinérance, accouchement dans une ruelle… C’est une critique de la métropole elle-même, incapable de secourir ses citoyens en détresse.

«C’est une critique de toutes les métropoles aux prises avec ces problèmes», précise-t-elle. «J’écris sur Toronto parce que c’est ma ville.»

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«On voit l’itinérance, mais on ne veut pas la voir. Peut-être par respect ou pour ne pas tomber dans le voyeurisme. Mais il faut s’y arrêter et y réfléchir. Il doit bien y avoir des solutions plus créatives que les abris temporaires.»

Prix Janette-Bertrand
Dix ouvrages en lice pour le Prix Janette-Bertrand 2024 du Salon du livre de Montréal.

Amitié féminine

Le jury du Salon du livre de Montréal décrit «un roman coup de poing, une œuvre percutante sur les femmes itinérantes et prostituées dans une ville indifférente à leur sort». (…) «Un livre brutal et brûlant d’actualité alors que le pays s’enlise dans une crise du logement sans précédent.»

Un rayon de soleil pénètre la brume de Toronto jamais bleue: la résilience et l’autonomie de quelques vieilles prostituées s’appuyant sur leur amitié. «La lumière vient de ces femmes», indique Marie-Hélène Larochelle.

L’autrice reste discrète sur sa connaissance pratique des milieux glauques qu’elle décrit dans ses romans et qu’elle explore avec ses étudiants. On comprend qu’elle a eu l’occasion d’aider des femmes en détresse.

Torontoise

Ses deux premiers romans, Daniil et Vanya (sur l’adoption internationale) et Je suis le courant la vase (sur le harcèlement dans le milieu de la natation compétitive) se passent aussi à Toronto. Ce sera le cas d’un quatrième roman, en cours d’écriture, «qui sera tout aussi violent»!

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Marie-Hélène Larochelle est née à Québec. Elle a déménagé à Toronto il y a 17 ans. Elle vit dans le quartier de la Petite Italie et du Kensington Market. Elle et son conjoint, Suisse et prof d’université, ont quatre enfants.

Qu’une Torontoise d’adoption qui écrit sur Toronto remporte un tel prix à Montréal n’est pas banal. «J’ai un éditeur québécois (Leméac), mais je paye mes impôts en Ontario, ce qui complique les choses pour être membre de certaines associations et être éligible à certains prix», dit-elle.

Le nouveau Prix Janette-Bertrand est toutefois ouvert à toute la francophonie canadienne.

Auteurs

  • François Bergeron

    Rédacteur en chef de l-express.ca. Plus de 40 ans d'expérience en journalisme et en édition de médias papier et web, en français et en anglais. Formation en sciences-politiques. Intéressé à toute l'actualité et aux grands enjeux modernes.

  • l-express.ca

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