Le commencement de la fin pour la Station spatiale internationale?

Station spatiale internationale
Lancement d'une fusée Soyouz. Photo: Roscosmos
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Publié 03/12/2025 par Pascal Lapointe

Le dernier lancement vers la Station spatiale internationale a causé au site russe des dommages plus graves que prévu. Cela pourraient aller jusqu’à remettre en question l’avenir de la Station spatiale.

À l’origine, l’agence spatiale russe Roscosmos s’était faite rassurante: les dommages allaient être rapidement réparés, avait-elle déclaré le 27 novembre.

C’était après le lancement réussi, à bord d’une fusée russe Soyouz, de trois astronautes, un Américain et deux Russes, qui doivent effectuer là-haut un séjour de huit mois. Ils y ont rejoint trois astronautes américains, un Japonais et trois Russes.

Mais il s’avère que les dommages au site de lancement sont tels que de le remettre en état pourrait prendre jusqu’à deux ans, a révélé le magazine Ars Technica.

Une «plateforme de services» qui permet aux employés d’accéder à une fusée avant son lancement, et qui pèse 20 tonnes métriques, semble s’être effondrée, causant des dégâts aux autres structures.

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Si les réparations doivent prendre beaucoup de temps, ce sera la première fois depuis 1961 que le site de Baïkonour, au Kazakhstan — qui faisait à l’époque partie de l’URSS — se retrouve incapable d’envoyer des humains dans l’espace.

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La Station spatiale internationale. Photo: NASA

Concurrence de SpaceX

La Russie gère deux autres sites de lancement sur son propre territoire, mais seul le «site 31» de Baïkonour est configuré pour les lancements des fusées Soyouz, indispensables pour les allers et les retours jusqu’à la Station spatiale.

Les observateurs de la scène spatiale n’ont donc pas tardé à souligner que cela aurait un impact direct sur le ravitaillement des astronautes et sur les changements d’équipe, voire sur l’avenir de la Station spatiale internationale.

Après l’interruption du programme des navettes spatiales américaines en 2011, la NASA a longtemps été dépendante des fusées Soyouz.

Les choses ont commencé à changer en 2020 lorsque les fusées Falcon 9 de la compagnie SpaceX sont devenues assez fiables pour assurer la liaison. Mais il n’est pas clair s’il serait possible de remplacer pendant deux ans tous les vols prévus depuis Baïkonour par SpaceX.

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Plus de missions militaires

Il n’est même pas clair si la volonté y est.

Le magazine Live Science rapporte que la Russie envoie des astronautes tous les six mois, soit moins souvent que dans le passé. En partie à cause de la place prise par SpaceX, «mais aussi parce que la Russie remet en question son implication dans la Station», dont les opérations pourraient prendre fin en 2030.

Ars Technica cite de plus des «observateurs américains du programme spatial russe» qui «ont noté une diminution des capacités spatiales civiles du pays, alors que des ressources ont été détournées vers la guerre» en Ukraine.

Le New York Times cite pour sa part un dénommé Jeff Manber, pour qui cet incident à Baïkonour «met en lumière la fragilité d’une station spatiale vieillissante et le besoin pour la NASA de planifier ce qui viendra après». Jeff Manber est un administrateur d’une compagnie américaine qui travaille sur des projets de stations spatiales privées.

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La fusée Falcon 9 de SpaceX, qui revient à la verticale comme la fusée lunaire de Tintin.

Fin en 2030

«Les jours de la SSI étaient déjà comptés», rappelle le magazine britannique New Scientist. À l’origine, la station devait fermer en 2020. En vertu de l’objectif d’une fin de vie en 2030, l’idée serait de cesser graduellement d’ici là de dépenser du carburant pour la maintenir sur son orbite actuelle.

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Le dernier équipage, en 2030, aurait pour mission de la vider de tout équipement ayant une utilité scientifique ou historique, puis de laisser la Station progressivement perdre de l’altitude, jusqu’à se désintégrer dans l’atmosphère.

À moins que les progrès récents de la Chine ne soient un incitatif pour les États-Unis et l’Europe… Parce que si la SSI devait être abandonnée dès maintenant, cela laisserait la Chine occuper seule le marché des séjours de longue durée en orbite avec sa station pleinement fonctionnelle.

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