La zoothérapie, pas uniquement pour les aînés

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Un compagnon à l'hôpital. Photo: iStock.com/AnnaStills
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Publié 31/10/2025 par Michèle Villegas-Kerlinger

La zoothérapie est souvent associée à la visite d’un chien dans une résidence pour personnes âgées dans le but de briser un peu la solitude de ces dernières. Pourtant, cette approche thérapeutique et holistique, vieille de plusieurs siècles, s’est transformée considérablement au cours des dernières années.

Aujourd’hui, on peut trouver tout un éventail d’animaux domestiqués, dont certains sont spécialement dressés, dans des hôpitaux, des écoles, des collèges et des universités, des aéroports, des bureaux, des prisons et ailleurs, qui se dévouent à des gens de tout âge.

C’est quoi, la zoothérapie?

La zoothérapie met l’accent sur le lien entre un animal, domestiqué en général, et un être humain. Il s’agit d’une approche moins conventionnelle que la médecine traditionnelle et vise à réduire les symptômes et/ou les conséquences d’un grand nombre de conditions telles que l’anxiété, l’autisme, le TDA et le TDAH, la démence, les traumatismes ou le stress post-traumatique, pour n’en nommer que celles-là.

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Un chaton pour éclairer la journée d’une personne âgée. Photo: iStock.com/Toa55

Un asile avant-gardiste

Le premier cas documenté de zoothérapie remonte aux expériences de William Tuke, un Quaker et philanthrope anglais. En 1796, il a établi dans son pays d’origine le York Retreat, un asile dont l’approche thérapeutique tranchait radicalement avec les autres asiles de l’époque.

Ces derniers avaient la mauvaise réputation de négliger les résidents ou de les traiter de façon inhumaine, ce qui a poussé Tuke, et d’autres Quakers comme lui, à ouvrir un endroit sécurisé où les patients pourraient interagir avec certains animaux, comme des rongeurs ou des oiseaux.

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Petit à petit, les fondateurs du York Retreat ont constaté une nette amélioration chez leurs résidents. Leurs pensionnaires sont devenus plus calmes et se sont mis à prendre soin des animaux, montrant du même coup plus de concentration et développant une meilleure estime d’eux-mêmes.

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La York Retreat de William Tuke. Photo: historic-hospitals.com

Winnie l’ourson

Un autre exemple de zoothérapie est celui de Florence Nightingale, pionnière des soins infirmiers modernes qui, au 19e siècle, a observé que les petits animaux, surtout les oiseaux, pouvaient réduire le stress et améliorer le moral de ses patients, surtout chez des personnes alitées.

Plus près de chez nous, un certain Harry Colebourn, lieutenant et docteur en médecine vétérinaire, a sauvé d’une mort certaine un petit ours qui avait perdu sa mère. À son tour, Winnie l’ourson, le petit miraculé, a aidé le médecin à surmonter ses souvenirs traumatisants de la Première Guerre mondiale.

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Harry Colebourn et son ourson Winnie. Photo: #N10467, Manitoba Provincial Archives, Wikimedia Commons

Dans les années 1960, le psychologue américain Boris Levinson a noté les bienfaits de la présence de son chien auprès d’enfants souffrant de troubles psychologiques, découverte qui contribuerait à jeter les bases de la zoothérapie moderne.

Des chats dans le métro

Aujourd’hui, on peut voir des chats officieusement «au travail» dans les stations de métro en Angleterre. Nala, Tiddles, Defib, Tony, Lupin et Rajah saluent paisiblement les millions de passagers quotidiens des trains en échange d’un simple câlin.

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À Toronto, chez le concessionnaire Kia Queensway, un adorable petit toutou est toujours fidèle au poste pour le plus grand bonheur des employés et des clients.

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Thérapie équine pour un jeune garçon handicapé. Photo: iStock.com/Jordi Mora Igual

Pas uniquement des chiens et des chats

Les animaux les plus recherchés en zoothérapie sont encore les chiens et, dans une moindre mesure, les chats. Mais on peut y trouver d’autres espèces comme:

  • les chevaux et les ânes;
  • les lamas et les alpagas;
  • les chèvres;
  • les cochons miniatures;
  • les poules;
  • les lapins;
  • les cochons d’Inde;
  • les hamsters;
  • les perroquets et les perruches;
  • les poisons (en aquarium);
  • les dauphins;
  • les singes.

Mais n’est pas compagnon de thérapie qui veut! Les zoothérapeutes cherchent des animaux ayant certaines qualités bien particulières:

  • caractère doux et calme;
  • sociabilité;
  • facilité d’approche;
  • adaptabilité;
  • obéissance;
  • bonne santé physique et mentale.

Une fois l’animal choisi, on peut lui faire suivre une formation professionnelle, obligatoire chez les chiens et les chevaux, pour répondre le mieux possible aux consignes et atteindre les objectifs du traitement du patient ou de la patiente.

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Un bureau ouvert aux animaux. Photo: iStock.com/AnnaStills

Les bienfaits de la zoothérapie

Si l’anxiété est définie comme la crainte du futur, les animaux sont les experts tout indiqués pour l’atténuer en nous forçant à vivre dans le moment présent. Ces compagnons adorables ont le don de nous faire oublier les situations anxiogènes.

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Par ailleurs, ils ne jugent pas et ne critiquent pas. Leur acceptation sans bornes et leur amour inconditionnel font tomber les barrières et facilitent les confidences. De l’avis des experts, la zoothérapie, moins formelle que la psychothérapie, favorise une introspection plus naturelle.

L’interaction régulière avec un animal de compagnie, quelle que soit l’espèce, crée des liens et apporte un véritable apaisement émotionnel à l’être humain. Ainsi, une telle relation affective peut aider à:

1. Réduire l’anxiété et l’agitation. Dans les résidences pour personnes âgées, les hôpitaux, les institutions scolaires, les aéroports, les bureaux et les prisons, les gens peuvent ressentir de la nervosité ou de l’angoisse.

La simple présence d’un animal peut diminuer le taux de cortisol, le rythme cardiaque et la tension artérielle générée par l’anxiété et de ce fait réduire le stress en nous aidant à mieux gérer nos émotions et à freiner l’impulsivité, notamment chez les jeunes, ce qui favorise un retour au calme.

2. Améliorer la santé mentale et la qualité de vie. En stimulant l’empathie, la responsabilité et l’attachement d’une personne à un animal, la zoothérapie contribue à restaurer un équilibre émotionnel en augmentant le nombre d’endorphines et la production de la dopamine et de l’ocytocine (l’hormone du bonheur), tout particulièrement chez les personnes qui souffrent de dépression ou de solitude.

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La présence d’un animal crée des repères, une routine, et génère par conséquent un sentiment général de bien-être.

3. Rompre l’isolement. L’animal devient un compagnon régulier et fidèle, une source de lien affectif et de présence rassurante qui favorise un sentiment de sécurité chez l’être humain.

4. Encourager la communication et les interactions sociales. L’animal joue un rôle de médiateur, facilitant les échanges entre le patient ou la patiente et son entourage.

5. Renforcer la confiance en soi. Participer à une séance de dressage ou simplement prendre soin d’un animal nous fait sentir responsables et utiles, surtout chez les personnes seules ou dépendantes.

6. Motiver à l’activité physique. Jouer, promener ou s’occuper de l’animal pousse les gens à bouger, à sortir du lit, de la chambre ou de chez eux.

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7. Favoriser la motricité fine et la mobilité. Flatter ou brosser un animal encourage des mouvements en douceur tout en maintenant des gestes utiles et agréables.

8. Stimuler l’attention et la mémoire. Se rappeler le nom de l’animal, ses habitudes et ses goûts ou ses dernières visites sollicite activement la mémoire, en particulier chez les personnes âgées.

9. Réduire la perception de la douleur. La distraction et la présence calme de l’animal peuvent atténuer la sensation de douleur que l’isolement a le malheur d’amplifier.

La ferme de Riverdale
À la ferme de Riverdale. Photo: archives l-express.ca

Des séances en trois temps

Une séance de zoothérapie se divise d’habitude en trois parties:

  • On commence par présenter l’animal au patient ou à la patiente pendant que le ou la zoothérapeute explique les règles de base de la thérapie.
  • S’ensuit une activité entre l’animal et le patient ou la patiente.
  • L’activité terminée, la séance prend fin sur une note calme et un dernier câlin.

Bien que la zoothérapie ne soit pas couverte par le régime d’assurance-santé de l’Ontario, elle pourrait l’être par un assureur privé puisqu’on la considère comme une forme de psychothérapie ou de counseling.

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Concours et sélection de vaches au salon de l’agriculture à Toronto. Photo: archives l-express.ca

Des séances de zoothérapie alternative

Pour ceux qui voudraient profiter de la présence d’un animal, mais qui ne peuvent pas participer à des séances de zoothérapie, il existe quelques solutions de rechange:

  • Se promener dans la nature et observer la faune sauvage.
  • Visiter une ferme (Riverdale Farm, Far Enough Farm, etc.).
  • Aller à un zoo (Toronto Zoo, High Park, etc.).
  • S’immerger dans un conservatoire de papillons (Cambridge, Niagara Falls).
  • Visiter la Canadian National Exhibition à la fin de l’été et/ou la Royal Agricultural Winter Fair en novembre, tous deux situées au Parc des Expositions.
  • Visiter un refuge pour animaux (Toronto Humane Society, Ava Cat Rescue, Home At Last Rescue, etc.).
  • Adopter un animal d’un refuge (si on est en mesure de le faire).

Étant donné le monde anxiogène dans lequel nous vivons, quoi de mieux qu’un compagnon poilu ou ailé pour nous apporter du réconfort? Qu’on ait le cafard, un chat dans la gorge, un mal de chien ou qu’on soit en train de devenir chèvre, nous pouvons compter sur nos compagnons à quatre pattes, ou à deux ailes, pour nous remettre sur pied!

Auteurs

  • Michèle Villegas-Kerlinger

    Chroniqueuse sur la langue française et l'éducation à l-express.ca, Michèle Villegas-Kerlinger est professeure et traductrice. D'origine franco-américaine, elle est titulaire d'un BA en français avec une spécialisation en anthropologie et linguistique. Elle s'intéresse depuis longtemps à la Nouvelle-France et tient à préserver et à promouvoir la Francophonie en Amérique du Nord.

  • l-express.ca

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