La Ville de Toronto cible Elon Musk

Pas de subventions aux taxis Tesla

Elon Musk, Tesla
Une automobile électrique Tesla à Toronto. Photo: iStock.com/Wirestock
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Publié 04/03/2025 par Soufiane Chakkouche

C’est adopté, et à l’unanimité: les chauffeurs de taxi torontois possédant une Tesla ne sont plus éligibles aux subventions du programme zéro émission de GES de la Ville. Cette décision est influencée par des considérations politiques dans le climat tendu entre le Canada et les États-Unis.

Le 11 février dernier, lors du débat du Conseil municipal sur le budget, la mairesse de Toronto, Olivia Chow, a déposé une motion interdisant l’enregistrement de nouvelles voitures Tesla utilisées à des fins locatives dans le cadre du programme de la Ville relatif aux subventions aux voitures électriques. Ce dernier était initialement destiné à encourager les propriétaires de taxis à acquérir un véhicule électrique d’ici 2030.

Ce programme n’inclut pas les sociétés de transport comme Uber ou Lyft.

La motion a été adoptée sans sourciller par les membres du Conseil et est entrée en vigueur ce samedi 1er mars.

Tesla, Musk
La mairesse de Toronto, Olivia Chow. Photo: Ville de Toronto

Une mesure «patriotique» taillée sur mesure

Cette décision fait partie d’une série d’initiatives patriotiques déployée par la Ville afin de faire face à ce que Olivia Chow qualifie de «guerre commerciale insensée» menée par le sulfureux président américain Donald Trump.

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Comme on le sait, le nouveau président s’est empressé de nommer son allié politique Elon Musk – patron, entre autres, de Tesla – à la tête de la Commission pour l’efficacité gouvernementale, le fameux «DOGE».

La nouvelle interdiction de la Ville ne s’applique qu’aux véhicules Tesla. Les autres constructeurs de voitures électriques inscrits au programme de la Ville, comme Nissan ou Cadillac (pourtant américain), en sont épargnés et continuent à bénéficier des subventions aux véhicules «propres».

Le siège de Tesla au Texas n’a pas jugé utile de répondre à notre sollicitation de commentaires.

Plus symbolique qu’autre chose

Et pour cause, la première fortune du monde y perd à peine neuf miettes.

Laura McQuillan, trottinette électrique
Laura McQuillan.

«Actuellement, ils sont neuf propriétaires de taxis et de limousines utilisant une Tesla à Toronto. La réduction des frais de licence pour ces neuf propriétaires a entraîné pour la Ville une perte de revenus de 4 677,20 $ depuis le début du programme en 2024», indique la relationniste Laura McQuillan.

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Et en tout et pour tout, ils ne sont que 21 chauffeurs de taxis et de limousines ZEV (véhicules à zéro émission) à avoir bénéficié de cette aide. Neuf d’entre eux utilisent une Tesla.

La décision d’exclure Tesla du programme s’apparente donc à un coup d’épée dans l’eau et relève plus du symbolique. Or, comme tout symbole qui se respecte dans les eaux troubles de la diplomatie, c’est le message qui compte.

«C’est un impact modeste, mais il enverra certainement, espérons-le, un message à la Maison-Blanche», avait déclaré Olivia Chow au Conseil municipal.

La mairesse a également admis qu’à son échelle municipale, il était difficile d’être totalement autonome vis-à-vis des États-Unis, puisque «la majorité des actions significatives devraient être prises par les gouvernements provinciaux et fédéral».

Elon Musk
Elon Musk est le patron de Tesla. Photos: X

Toronto veut diversifier ses partenaires commerciaux

Plus efficace sur du plus long terme que cette motion, la Ville opte pour la diversification commerciale comme arme de dissuasion.

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«Les tarifs douaniers soulignent la nécessité de diversifier les relations commerciales de Toronto. La Ville aide les entreprises à explorer de nouveaux marchés internationaux et à construire des chaînes d’approvisionnement résilientes. Elle soutient aussi une approche Team Canada et prend des mesures locales pour y contribuer», explique Laura McQuillan.

Parmi les mesures prises, la Ville prévoit la convocation des dirigeants locaux des affaires et du travail afin de la conseiller pour ce qui serait sa réponse aux tarifs douaniers américains.

Toronto prévoit également la mise en œuvre d’un «Secrétariat d’engagement avec les États-Unis au sein de la mairie pour soutenir les entreprises locales, les travailleurs et les résidents», selon la communicante.

L'hôtel de ville de Toronto.
L’Hôtel de Ville de Toronto. Photo: archives l-express.ca

Encourager la production locale

À cela s’ajoute un plan d’action axé sur le soutien aux entreprises locales, dont l’accroissement de l’approvisionnement local, et ce dans le but de «minimiser les perturbations économiques».

À cet effet, un sondage est actuellement ouvert aux entreprises locales pour comprendre comment les droits de douane affectent ces dernières.

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Enfin, le sentiment anti-Musk au Canada ne cesse de prendre de l’ampleur. En témoigne la pétition parlementaire initiée par l’auteure Qualia Reed de la Colombie-Britannique et soutenue par le député Charlie Angus du NPD.

Le document, qui prône la destitution d’Elon Musk de sa citoyenneté canadienne, a déjà recueilli plus de 300 000 signatures en quelques jours.

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