Lucette Larouche a décidé de reconstituer la vie de ses parents dans les chantiers vers les années 1950-1960. Dans Le roman de ma mère, c’est Évelyne, 78 ans, qui raconte le passé à sa fille Odile. La mère bouge les yeux dans le vague «comme s’ils se déplaçaient d’un souvenir à l’autre».
Québec Amérique offre un espace de création aux auteurs émergents, avec la mention «Première impression», et souligne ainsi la parution de leur premier livre. C’est le cas de Lucette Larouche.
Camp de bûcherons
Thomas, le mari d’Évelyne, a un poste de commandement dans un campement de bûcherons et il peut y amener sa femme. Le cuisiner, appelé cook, est accompagnée de sa femme dans la cookerie. Évelyne est la seule autre femme dans le campement. Le dimanche après-midi, elle aide les hommes à écrire une lettre à leur épouse ou blonde.
Un bûcheron lui demande de rédiger une lettre d’amour, ce qu’elle n’a jamais fait du temps où Thomas était au loin dans les chantiers. À part «j’ai hâte que tu reviennes», elle n’a osé aucun mot affectueux. «C’est exclu de leur langage, à Thomas et à elle.»
Au lit, Évelyne trouve les assauts de son mari déplaisants, mais elle s’y habitue et, «comme ça ne dure jamais très longtemps, ça ne la dérange pas trop». Pour Thomas, chaque grossesse est une preuve de plus de sa virilité; pour Évelyne, c’est «la bénédiction du bon Dieu, comme le prêche le curé».