Raconter l’histoire du Québec à Monsieur et Madame Tout le Monde

Jacques Lacoursière, Une histoire du Québec
Jacques Lacoursière, Une histoire du Québec, édition hommage, essai, Québec, Éditions du Septentrion, 2022, 234 pages, 19,95 $.
Partagez
Tweetez
Envoyez

Publié 26/04/2023 par Paul-François Sylvestre

Plusieurs livres tracent l’histoire du Québec, certains de façon très universitaire, avec une abondance de notes en bas de pages. Une histoire du Québec, de Jacques Lacoursière (1932-2021), ne cherche pas à expliquer mais plutôt à raconter.

Il semble s’adresser à Monsieur et Madame Tout le Monde, au peuple. Lacoursière s’impose comme l’historien d’un peuple.

Un certain vendredi de 1534

On sait que Jacques Cartier a planté une croix sur la pointe de Gaspé le 24 juillet 1534. On apprend que c’était un vendredi.

Lorsque le chef Donnacona fait remarquer que cette terre leur appartient et qu’il aurait fallu leur demander une permission avant de planter la croix, Cartier répond que ce n’est qu’une balise pour indiquer l’entrée du port. «À beau mentir qui vient de loin!»

Principal ministre du roi Louis XIII, le cardinal de Richelieu décide de s’occuper personnellement de la petite colonie aux abords du fleuve Saint-Laurent. Il exige que seuls des catholiques puissent s’y établir. Protestants et juifs sont interdits de séjour.

Publicité

Déjà des expressions canadiennes

À la veille de la bataille des plaines d’Abraham (1759), l’officier Jean-Baptiste d’Aleyrac fait remarquer certaines particularités de langue parlée par les Canadiens. Il dit que leur «français est pareil au nôtre», mais ajoute tout de go que certains mots leurs sont particuliers.

En voici quelques exemples: amarrer pour attacher, haler pour tirer, tuque pour bonnet, rafale pour beaucoup de vent, de pluie ou de neige, tanné pour ennuyé, chance pour bonheur, paré pour prêt, de valeur pour signifier qu’une chose est pénible à faire ou trop fâcheuse.

Lacoursière écrit qu’il faudra attendre plusieurs décennies avant que les anglophones s’appellent «Canadiens», ce qui amènera les Canadiens francophones à adopter l’appellation de «Canadiens-Français». Comme on le sait, la cohabitation sera difficile.

Dieu et ses fonctionnaires

L’ouvrage souligne comment, selon l’Église catholique, toute autorité vient de Dieu et «s’insurger devant une autorité dûment établie, c’est s’insurger contre Dieu». L’autorité britannique est légalement établie et cela explique la conduite de l’évêque de Montréal lors des soulèvements de 1837-1838.

Lorsque la Confédération est établie de façon officielle en 1867, l’auteur souligne que «certains évêques publient des mandements rappelant aux membres de leurs églises leurs devoirs de soumission».

Publicité

J’ai noté avec intérêt que Lacoursière signale l’imposition du Règlement 17 par le gouvernement ontarien en 1912. Il rappelle que l’enseignement en anglais doit alors commencer dès l’entrée de l’enfant à l’école, l’usage du français, langue d’instruction et de communication, ne devant en aucun cas se poursuivre au-delà de la première année.

Le Québec divisé

Le livre résume bien ce que certains ont appelé La Grande Noirceur, soit le règne de Maurice Duplessis. L’auteur note que, à la mort de ce dernier, la dette de la province «était à peu près inexistante». Le Québec avait les moyens d’une Révolution tranquille.

Lacoursière conclut que la majorité des Québécois «demeurent divisées sur l’avenir du Québec». Un nouveau référendum ne se tiendra que si les conditions sont gagnantes. «Les paris sont ouverts!»

Partagez
Tweetez
Envoyez
Publicité

Pour la meilleur expérience sur ce site, veuillez activer Javascript dans votre navigateur