Émancipation des Québécoises avant 1940

Troisième tome de La Maison d’Hortense.

Maryse Rouy, La Maison d’Hortense
Maryse Rouy, La Maison d’Hortense, tome 3, roman, Montréal, Éditions Hurtubise, 2023, 328 pages, 24,95 $.
Partagez
Tweetez
Envoyez

Publié 23/12/2023 par Paul-François Sylvestre

La romancière Maryse Rouy mêle, une fois de plus, la fiction historique et la vérité dans son troisième tome de La Maison d’Hortense. L’émancipation de la femme québécoise y est traitée avec doigté et originalité.

L’action se situe en 1938 et 1939. On suit quelques pensionnaires de la maison de madame Hortense, notamment Justine qui réussit son cours de droit haut la main, et ce, malgré le fait que les professeurs et les étudiants mâles lui aient rendu la vie difficile, voire insupportable.

La place d’une épouse

Justine ne peut pas accéder au barreau, encore limité aux hommes seulement. Une fois engagée, la parajuriste se voit plus souvent confié des tâches de secrétaire.

Lorsqu’un avocat apprend que la nouvelle employée est mariée, il affirme haut et fort que la place d’une épouse est à la maison.

«Un mari incapable de boucler sa femme dans sa cuisine n’est pas un vrai homme.» Alors qu’elle croyait être aidée par son statut de femme mariée, que cela «lui donnerait de la respectabilité et lui faciliterait les choses», Justine découvre à son grand désarroi que c’est tout le contraire.

Publicité

Jeunes filles ignorantes

La romancière se sert du couple que forment Antoine et Germaine pour illustrer comment plusieurs jeunes filles sont ignorantes, n’ayant «même pas idée de ce qu’un homme a dans son pantalon». Elles imaginent le devoir conjugal comme une épreuve qu’il faut subir et dont elles se passeraient bien.

Les curés prétendent d’ailleurs que les femmes «honnêtes» n’aiment pas les relations physiques. S’ils s’acharnent tellement à combattre ce qu’ils appellent des «comportements impurs», est-ce que cela ne prouve pas que les gens s’y adonnent?

Quelques femmes du roman croient que les curés se contredisent en affirmant que c’est un devoir de concevoir des enfants, mais un péché d’y prendre plaisir. «Si Dieu avait créé toute chose, la jouissance des corps en faisait partie.»

Prétendant effarouché

Un père réagit brutalement aux désirs d’indépendance de sa fille pourtant majeure.

Lorsqu’on lui présente un soupirant aussi vieux que son père, la fille explique qu’elle est suffragiste, qu’elle estime les femmes égales aux hommes, et qu’elle exigera que son mari la traite en conséquence. Résultat: le prétendant fuit à toutes jambes.

Publicité

On retrouve la journaliste Danielle, très compétente et particulièrement émancipée. Elle éprouve à l’endroit d’une femme des sentiments allant au-delà de l’amitié. Cette facette homosexuelle ou lesbienne est malheureusement peu explorée dans le roman.

Dans ce troisième tome, les pensionnaires de la maison de madame Hortense et leurs proches sont unies par une solidarité qui transcende les classes sociales et les aide à aller de l’avant. Ensemble, elles luttent pour se faire une place dans un monde où les femmes sont rarement maîtresses de leur destin.

Auteurs

  • Paul-François Sylvestre

    Chroniqueur livres, histoire, arts, culture, voyages, actualité. Auteur d'une trentaine de romans et d’essais souvent en lien avec l’histoire de l’Ontario français. Son site jaipourmonlire.ca offre régulièrement des comptes rendus de livres de langue française.

  • l-express.ca

    l-express.ca est votre destination francophone pour profiter au maximum de Toronto.

Partagez
Tweetez
Envoyez
Publicité

Pour la meilleur expérience sur ce site, veuillez activer Javascript dans votre navigateur