La mer Noire et les intérêts qu’elle suscite

mer noire
La revue Questions internationales se penche sur la mer Noire.
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Publié 07/04/2015 par Gabriel Racle

Voici des réponses aux questions que vous ne vous êtes peut-être jamais posées sur la mer Noire, entre l’Europe et l’Asie. Presque fermée, elle peut nous paraître bien lointaine, et son nom peut nous laisser quelque peu perplexes.

Pourtant des raisons de s’y intéresser ne manquent pas et sont diverses. Au Ve siècle avant notre ère, l’historien grec Hérodote (vers -484-420) écrivait que «de toutes les mers, c’est la plus merveilleuse» et elle est «digne d’admiration». (Histoires, Livre IV, LXXXV)

Untérêts commerciaux en mer Noire

Ces commentaires élogieux sur cette mer, appelée anciennement Pont-Euxin (mer amicale), ne peuvent que susciter un intérêt culturel pour cette zone maritime et l’histoire qui la concerne et l’entoure.

Et, puisqu’il s’agit d’une mer, un intérêt commercial surgit immédiatement. Puisque des bateaux peuvent la sillonner, en vue d’échanges commerciaux ou dans des buts militaires anciens et modernes.

Et du fait de la mondialisation, déjà mise en évidence lors des dernières guerres mondiales, ce qui se passe dans cet espace n’est pas sans nous intéresser. À cause des répercussions possibles qui peuvent nous atteindre.

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Par ailleurs, nous avons en quelque sorte notre propre mer Noire : l’océan Arctique. Les ressources de son plateau continental intéressent plusieurs pays limitrophes. Sans parler de la possible navigation sujette à des débats sur son éventuel caractère national ou international.

La mer Noire – qui débouche sur la mer Méditerranée par le détroit du Bosphore, la mer de Marmara et le détroit des Dardanelles – pourrait-elle servir de référence?

Espace stratégique

Dans son numéro de mars, la revue Questions internationales aborde un certain nombre de ces centres d’intérêt sous le titre La mer Noire, espace stratégique. Cette revue, très appréciée pour son sens pédagogique, présente «l’actualité internationale décryptée par les meilleurs spécialistes».

Cet espace maritime d’une superficie de 413 000 km2 mesure environ 1 150 km d’Ouest en Est et 600 km du Nord au Sud. Il est actuellement bordé par plusieurs pays qui tiennent tous à leur accès maritime.

En allant d’Europe vers l’Asie, nous avons la partie européenne de la Turquie, la Bulgarie, la Roumanie, l’Ukraine avec la péninsule de Crimée annexée récemment par Vladimir Poutine, la Fédération de Russie, la Géorgie qui a perdu les provinces d’Abkhazie et de l’Ossétie du Sud du fait de Moscou, et la Turquie qui a un long littoral avec cette mer.

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Mais cette répartition politico-géographique n’a pas toujours été celle que nous connaissons. Elle est encore perturbée par la Russie. Le premier article de la revue étudie cette question dans Ouverture – Le réveil de la mer Noire.

«Espace de confins sous domination grecque, romaine puis byzantine, lieu mythique de la Toison d’or, le Pont-Euxin ou Pont a été aussi bien cul-de-sac des empires que champ d’affrontement entre eux, et objet de vagues successives d’invasion», écrit le rédacteur en chef Serge Sur dans la section Tensions et conflits.

Intérêt historique de la mer Noire

Et c’est précisément cette histoire connaissant des périodes de calme ou des périodes d’agitation que nous font découvrir les chapitres suivants. Comme la période actuelle traversée par le conflit russo-ukrainien.

Tout d’abord, un résumé chronologique en trois pages concernant la région, du VIe siècle avant notre ère à 2010, C’est suivi d’un article très intéressant sur les «conquêtes et dominations de l’Antiquité à nos jours». Il est impossible de résumer cet article d’une lecture agrémentée de cartes très originales dont les couleurs traduisent les situations géopolitiques au cours des siècles.

Pour l’auteure, Stella Ghervas, «c’est [la mer] l’acteur principal de cette région, qui existait longtemps avant les empires et les États-nations, et qui leur survivra. Ce serait plutôt aux êtres humains, qui en sont les hôtes, de lui faire honneur en établissant une paix durable sur ses rivages. Et en réapprenant ensemble à protéger son précieux environnement.»

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Une réflexion qui pourrait concerner l’océan Arctique, avant tout conflit éventuel.

Autres thèmes

Ces chapitres donnent le ton. D’autres suivent, tout aussi explicatifs qu’illustrés par des cartes, des diagrammes, des photographies.

Voici quelques titres significatifs: Les conflits infra-étatiques dans la région de la mer Noire (Baptiste Chatré, p. 29-38). La Russie et la mer Noire : entre récit géopolitique et mythologie identitaire (Kevin Limonier, p. 39-49). Les tribulations de l’Union européenne dans l’espace mer Noire (Jean-Sylvestre Mongrenier, p.. 50-60). L’évolution des enjeux américains dans l’espace mer Noire (Igor Delanoë, p.61-70).

Et d’autres articles suivent, contribuant au riche contenu de cette revue très actuelle.

La mer Noire suscite les convoitises

Le 31 juillet 2007, L’Express publiait notre article Tensions sur les bords de la mer Noire. Il se terminait ainsi: «L’importance stratégique de la mer Noire n’est plus à démontrer. Elle explique les convoitises dont cette zone est l’objet depuis longtemps.»

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C’est ce qu’écrivait Thomas Ferenczi dans son Voyage autour de la mer Noire (Le Monde, 04/01/2007). «Des convoitises qui risquent de se prolonger encore longtemps.»

Auteur

  • Gabriel Racle

    Trente années de collaboration avec L'Express. Spécialisé en communication, psychocommunication, suggestologie, suggestopédie, rythmes biologiques, littérature française et domaine artistique. Auteur de très nombreux articles et d'une vingtaine de livres dont le dernier, «Des héros et leurs épopées», date de décembre 2015.

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