Johanne Harrelle: pionnière noire méconnue de la mode et du cinéma

Un documentaire de Nadine Valcin sur TFO en 2025

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L'affiche provisoire du prochain film de Sahkosh Productions pour TFO: Johanne.
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Publié 25/05/2023 par Dorian Vidal

La vie et le parcours de la comédienne et mannequin noire québécoise Johanne Harrelle a quelque chose qui sort de l’ordinaire. Elle a mené une vie «fascinante», selon la cinéaste torontoise Nadine Valcin. Son documentaire Johanne, coproduit par Sahkosh, sera diffusé par TFO courant 2025.

Johanne Harrelle a aidé à ouvrir des portes jusque-là fermées aux femmes, et encore plus aux femmes de couleur. Comédienne, mannequin et écrivaine, elle a réussi à s’imposer dans le monde de la mode au Québec et au Canada. Une première pour une femme noire.

Elle reste cependant méconnue du grand public. Ce film vise alors à remettre la lumière sur le parcours d’une pionnière.

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Nadine Valcin.

Un personnage «complexe et intéressant à explorer»

C’est plutôt par hasard que cette thématique est tombé dans les bras de Nadine Valcin. Dans le cadre d’un programme universitaire de l’Université d’York dans la bibliothèque d’Archives Canada à Toronto, la cinéaste est tombée sur À tout prendre.

Cette autofiction de Claude Jutra (1963) tourne autour de sa relation avec Johanne Harrelle. Par ses sujets (adultère, relation «inter-raciale», avortement et homosexualité), le film en lui même brise de nombreux tabous. Ce qui lui apportera le Grand prix du IVe Festival international du film de Montréal, en 1963.

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«J’avais probablement déjà vu ce film deux trois fois, mais je ne me souvenais pas de Johanne Harrelle», nous explique Nadine Valcin. C’est alors après quelques recherches que «j’ai compris à quel point son parcours est fascinant».

Enfant de Berthe Demers, une Canadienne-Française blanche, et Tucker Harrell, un Afro-Américain, Johanne a vécu plus de dix ans à l’orphelinat. Elle n’a jamais été définitivement adoptée, et c’est à sa sortie, à l’âge de 17 ans, qu’elle décide de se renommer Harrelle… et explique qu’elle arrive d’Haïti.

Si elle passe la majorité de sa vie à Montréal, elle a beaucoup voyagé, et s’est notamment rendu à Paris. Sa vie était un mélange de mode et de cinéma, avec trois films à son actif et deux séries télévisées.

Une vie bien remplie

En 60 ans, Johanne Harrelle n’a pas laissé faire le temps. Elle a fait sa marque. Johanne, en tournage depuis février, regroupera différentes entrevues, avec l’ambition de montrer son impact dans son milieu.

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Ainsi, Nadine Valcin a réalisé des entrevues avec le sociologue français Edgar Morin, avec qui Johanne a vécu, et la cinéaste canadienne Alanis Obomsawin, une bonne amie de la comédienne.

Les personnes qui ont pu partager des moments avec elle sont forcément assez âgées aujourd’hui. «À 101 ans, on ne fait pas des plans très longtemps à l’avance», explique la cinéaste, qui nous raconte sa rencontre avec Edgar Morin.

Il a fallu plus d’un an pour pouvoir organiser l’entretien avec le centenaire français. Nadine Valcin a été «impressionnée par sa mémoire et son aisance orale». Que ce soit cette entrevue, ou celle avec Alanis Obomsawin, Nadine Valcin a pu enregistrer de «beaux moments».

«En parallèle, j’aurais pu faire un documentaire sur la longévité, et ce qui rend les gens très vivants et actifs dans l’âge», ironise même la réalisatrice. D’autres rencontres sont également prévues.

Un retour dans le passé

Ce film, en même temps que de rendre hommage à une femme influente, permet de remonter le court du temps. S’intéresser à son parcours, c’est aussi s’ouvrir à une «redécouverte d’une époque qui peut sembler lointaine», explique Nadine Valcin.

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En effet, ce film permet de redécouvrir «des gens que l’on croyait connaître». C’est aussi «une plongée dans les travaux d’Edgar Morin, et dans ce qu’étaient le Canada et le Québec des années 50 et 60».

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Ania Jamila et Josiane Blanc, le duo derrière Sahkosh Productions. Photo: Sahkosh

Mariage productrices/réalisatrice parfait

Johanne est coproduit par Productions Sahkosh, une boîte créée à Toronto par Josiane Blanc et Ania Jamila. Leur objectif est de «faire la lumière des histoires profondément humaines, issues de communautés sous-représentées, rendant l’invisible palpable et l’inouï écouté».

C’est par l’intermédiaire de TFO que le duo a pu faire la connaissance de Nadine Valcin. Dans un premier temps, les rôles étaient inversés. Mais pour ce projet, c’est bien Josiane Blanc et Ania Jamila qui assistent Nadine Valcin.

Claude Sauvé, vice-président de TFO, explique que cette collaboration permet de «proposer à la communauté franco-ontarienne, dans toute sa diversité, une offre télévisuelle diversifiée et plurielle, apportant des modèles qui leur ressemblent».

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Nadine Valcin et Philippe Lavalette, directeur de la photographie, en tournage à Paris, où Johanne a vécu avec Edgar Morin. Photo: TFO

Résister à l’uniformisation

Aujourd’hui, le cinéma, les films, les séries et les documentaires semblent être partout. Vendue sous la forme de «contenu», la création prend différentes formes.

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Pour Nadine Valcin, il y a «deux sortes de documentaires». Les premiers, auxquels elle s’identifie, sont «des documentaires d’auteurs, fait sur la durée, à moindre budget».

Les seconds bénéficient de «budget conséquent, à la sauce Netflix ou HBO, et reprennent une trame narrative presque traditionnelle». Ils sont «inspirés par tous les projets de téléréalités que l’on a vu dans les dernières années».

Ce n’est pas ce qui motive la cinéaste. Elle nous l’affirme, ce qui l’intéresse, c’est «réaliser des films proches des gens». Le plus noble des cinémas.

Prochain projet: le logement abordable

En lien avec l’Office national du film, Nadine Valcin a aussi comme projet de traiter la question des «logements abordables». Si ce sujet est sur sa table depuis 2019, la situation n’en finit pas d’évoluer, rendant ce thème des plus intéressants.

C’est aujourd’hui un sujet majeur, selon elle. «Un des plus gros enjeux de société que l’on a, et que l’on va continuer à observer dans les 20-30 prochaines années».

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