Jeunesse et francophonie: une volonté d’avancer main dans la main

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Les 28 et 29 novembre dernier, la FCFA et la FJCF ont organisé un Forum des leadeurs consacré à l’engagement jeunesse. L’occasion pour les organismes et acteurs présents d’affirmer leur volonté de créer plus de passerelles avec les jeunes. Photo: courtoisie Hayden Cotton
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Publié 07/12/2024 par Marine Ernoult

Les organisations porte-paroles de la francophonie canadienne veulent inclure davantage les jeunes, y compris les élèves d’immersion, encore trop souvent exclus. Elles sont prêtes à adapter leur fonctionnement et à revoir leurs priorités pour faire une place à toute la diversité de la nouvelle génération.

«Les organismes communautaires nous veulent, mais ils ne savent pas comment favoriser notre implication, comment nous attirer et nous retenir», témoigne le Fransaskois Louis-Pascal Guérette DeVink, scolarisé en 12e année à Saskatoon.

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Louis-Pascal Guérette DeVink. Photo: courtoisie

Pour faire le pont entre les jeunes d’expression française et le réseau associatif, la Fédération des communautés francophones et acadienne du Canada (FCFA), en partenariat avec la Fédération de la jeunesse canadienne-française (FJCF), a organisé les 28 et 29 novembre un Forum des leaders consacré à l’engagement jeunesse.

Près de 40 organisations et 28 jeunes d’expression française de tout le pays y ont participé.

Comment engager les jeunes?

«On doit développer de nouvelles stratégies pour que les jeunes se reconnaissent et s’engagent dans nos réseaux», insiste le coordonnateur de l’évènement et directeur des communications de la FCFA, Serge Quinty.

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Serge Quinty. Photo: courtoisie

À ses yeux, la définition des «enjeux francophones» doit évoluer. «Il ne s’agit pas juste de parler de la défense du français, mais aussi de justice sociale, de changement climatique en français.»

«On doit travailler à mieux cibler nos activités pour répondre plus adéquatement aux besoins des jeunes», abonde dans le même sens la directrice générale de Canadian Parents for French, Nicole Thibault.

Des préoccupations économiques

Selon les premiers résultats du Baromètre jeunesse réalisé l’été dernier par la FJCF, la hausse du coût de la vie et l’accès à des services en santé mentale et au postsecondaire en français font partie des principales préoccupations des 18-25 ans.

«C’est vraiment accès sur l’économie, ce sont des inquiétudes semblables au reste de la population», observe le président de la FJCF, Simon Thériault.

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Simon Thériault. Photo: courtoisie

Le leader appelle également les organismes communautaires à adapter leur fonctionnement afin de faciliter la participation de la nouvelle génération. Il évoque des réunions tôt le matin ou le soir, des rencontres en lignes, la mise en place de service de garde pour les parents, des possibilités de covoiturage pour celles et ceux qui n’ont pas de voiture.

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«Nous devons optimiser nos façons de faire et notre gouvernance pour être plus attrayants», appuie Serge Quinty.

Organisations invisibles

Les organisations souffrent par ailleurs d’un manque de visibilité au sein de la jeunesse. «Quand ils quittent leur regroupement jeunesse, beaucoup de jeunes se sentent perdus et ne savent pas où aller ni comment s’impliquer, car ils connaissent mal les autres structures de la francophonie», confirme le président de Jeunesse Acadienne et Francophone de l’Île-du-Prince-Édouard (JAFLIPE), Hayden Cotton.

Pour éviter de les perdre et assurer une meilleure transition, la FCFA et la FJCF travaillent sur un projet commun, dont l’objectif est de créer des passerelles plus structurées entre le réseau jeunesse et le reste des organismes porte-paroles de la francophonie. Des possibilités de jumelage et de tutorat sont notamment envisagées.

Sortir de sa bulle

«On doit changer d’approche et se mettre sur le chemin des jeunes. Il ne faut plus attendre qu’ils viennent à nous, mais s’engager auprès d’eux, s’adapter à leur réalité», estime Serge Quinty.

L’ouverture des organismes doit également se faire à l’égard des élèves d’immersion, selon le directeur des affaires publiques et politiques de Canadian Parents for French, Ahdithya Visweswaran.

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Ahdithya Visweswaran. Photo: courtoisie

«Ils doivent sortir de leur bulle et prendre le réflexe d’aller vers d’autres communautés», insiste cet ancien élève en école d’immersion.

Durant sa scolarité entre le Manitoba et l’Alberta, la communauté francophone ne l’a pas toujours accueilli à bras ouverts. Il évoque des remarques acerbes, «toi t’as l’accent de l’immersion, tu dilues la francophonie», qui l’ont poussé à changer son accent et sa façon de parler.

«En tant que personne immigrante, racisée, riche de plusieurs identités, je ne me sentais pas à ma place dans la francophonie, je n’avais pas de sentiment d’appartenance», confie Ahdithya Visweswaran.

Il salue à cet égard la volonté d’intégration des responsables communautaires présents au Forum des leadeurs : «Je me suis senti validé dans mon identité comme jeune bilingue, une nouvelle ère semble s’ouvrir.»

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Jack Bailey du Nouveau-Brunswick a senti une volonté des acteurs de la francophonie de faire plus de place aux élèves d’immersion lors du Forum des leaders. Photo: courtoisie

Sortir du clivage franco-anglo

Un avis que partage Jack Bailey, étudiant à l’Université du Nouveau-Brunswick. «Je suis encore quelqu’un qui a beaucoup d’anxiété à parler en français, mais là, j’ai senti une envie de s’appuyer sur notre leadership, de nous faire une place.»

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Nicole Thibault. Photo: courtoisie

Nicole Thibault appelle de son côté à briser la ligne de démarcation entre les systèmes scolaires francophone et anglophone, «qui ne définissent plus les jeunes d’aujourd’hui».

«Ils sont plus ouverts à passer d’un côté à l’autre, avec des parcours beaucoup plus mixtes, à cheval entre l’immersion et les écoles francophones», assure la directrice de Canadian Parents for French.

À ce titre, elle souhaite inciter davantage les élèves d’immersion à participer aux activités des groupes de jeunes francophones. À la suite du Forum, elle envisage même de parrainer et de soutenir financièrement ces groupes.

Tournées de promotion dans les écoles d’immersion

Le Fransaskois Louis-Pascal Guérette DeVink songe, lui, à organiser des tournées de promotion dans les écoles d’immersion pour faire connaitre son réseau jeunesse.

«Les jeunes d’immersion ne savent pas où sont les lieux de vie en français, il faut leur dire qu’il existe des façons de continuer dans la francophonie, en dehors de l’éducation», soutient Jack Bailey.

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À Ottawa, Ahdithya Visweswaran espère que ce forum n’est qu’un début, «la première étape vers une plus grande inclusion des jeunes de tous les horizons et de toutes les diversités».

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