Jean-Paul Daoust est toujours d’actualité

Jean-Paul Daoust, Les garçons magiques
Jean-Paul Daoust, Les garçons magiques, poésie, préface de Gérald Gaudet et postface d’Alexandre Rainville, Bromont, Les Éditions de la Grenouillère, 2022, 162 pages, 24,95 $.
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Publié 24/04/2022 par Paul-François Sylvestre

Première véritable œuvre queer recensée en littérature québécoise, Les garçons magiques de Jean-Paul Daoust a d’abord paru en 1986 chez VLB éditeur. Plus de 35 ans plus tard, Les Éditions de La Grenouillère offre une nouvelle édition de ce recueil devenu livre culte.

Gérald Gaudet signe la préface et rappelle que l’auteur a brassé la cage et tordu le cou aux conventions. Daoust semble pouvoir trouver «la matière même où puiser une ardeur de vivre qu’il ne cesse d’exposer en direct».

Oeuvre queer

Les poèmes et textes en prose poétiques sont regroupés sous quatre thèmes: Des anges, Les lunettes de soleil, La fièvre noire, et Let’s dance. Alexandre Rainville signe une postface dans laquelle il souligne que ces poèmes de Daoust nous enseignent encore et toujours «que les garçons magiques ont des corps vivaces».

Daoust écrit sur la peau d’un ange de la passion. «D’autres poèmes. D’amour. Qu’il ne lit même pas. Mais. Le désarroi où ça me plonge l’intéresse.»

Le poète aime être tenté par les anges cowboy. «Je n’ai plus qu’un désir: les apprivoiser. Mes doigts jouent des refrains qu’ils connaissent bien. Déposer ma salive sur leur peau. Question de saler nos émois.»

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Le français et l’anglais s’emmêlent

Dans un court texte intitulé L’ange olympique, l’auteur mêle le français et l’anglais, une technique qui revient souvent ailleurs dans le recueil.

Voici ce que ça donne: «Mon cœur fait son commercial. And death is running to catch us. Mais mon coeur se démène gagne enfin sa médaillé d’or. It’s him. L’ange olympique qui rend ma peau idolâtre.»

Et puis, il y a ces anges du béton qui «Terrorisent le chic / Protègent leur cœur / Dans l’alcool / La drogue / Le sexe».

Avant Jean-Paul Daoust, les éditeurs publiaient plus souvent des textes où on retrouvait des «lui et elle». Plus maintenant. «Cet amour-là est génial / Lui et Lui le savent […] Ce hasard où le destin fait un clin d’œil / Entre Lui et Lui.»

Bars et parcs de drague

Le poète connaît le tabac, comme on dit. Il fait écho aux lieux de dragues, notamment les «bars inutiles» et les «parcs indifférents», quand ce n’est pas « L’amour aux douches » ou le sauna « des corps saturés ».

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Daoust nous offre deux pleines pages de vocabulaire. Cela va du «Tapette / Fifi / Queer» au «Cock Sucker / Faggett / Butch / Queen / Stud» en passant entre autres par «Poignet cassé / Cuirette / Pédéraste / Pédé / Pédale».

Tout au long du recueil, le poète attend le garçon magique. Il le veut, il le cruise, il le coince, il l’appelle, il le fête, il le saoule, il rêve à lui. Il a beau l’aimé et l’adoré, c’est non. Le gars magique ne veut rien savoir.

Encore audacieux

Que ce soit lui et elle ou lui et lui, une peine d’amour est immense. «On tombe. En amour. Comme des feuilles. Comme des étoiles. Maintenant ses caresses seront pour un autre. Isn’t it charming. »

Quand Les garçons magiques a paru en 1986, on parlait d’un recueil moderne et audacieux. C’est toujours le cas!

Auteur

  • Paul-François Sylvestre

    Chroniqueur livres, histoire, arts, culture, voyages, actualité. Auteur d'une trentaine de romans et d’essais souvent en lien avec l’histoire de l’Ontario français. Son site jaipourmonlire.ca offre régulièrement des comptes rendus de livres de langue française.

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