Importance des minous parmi nous

minous, Suzanne Myre, Ils sont parmi nous
Suzanne Myre, Ils sont parmi nous, nouvelles, Longueuil, Éditions L’instant même, 2025, 200 pages, 25,95 $.
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Publié 14/05/2025 par Paul-François Sylvestre

Camus, Embolie, Pluto, Iouri, Platonne, Bonbon, autant de chats qui jasent où font jaser dans Ils sont parmi nous, le nouveau recueil de nouvelles de Suzanne Myre. La présence des minous est une occasion de parler de leurs maîtres, bien entendu.

Plusieurs nouvelles ont d’abord paru dans des revues comme XYZ, Moebius, Lettres québécoises, Zinc, Virages ou Les écrits. Dans la préface, Suzanne Myre signale son «jeu de mot moyen» (que je n’avais pas le moindrement remarqué): Ils sont parmi nous, parmi nous, minous.

Histoires salées

Un contenu lubrique assaisonne plusieurs de ces 21 nouvelles. Le texte intitulé James, bande James! peut faire penser à James Bond, mais le James ici est un mari qui ne bande plus. On y lit que la compagnie d’un chat peut devenir la réponse à toutes les femmes frustrées par les hommes.

Les ébats ou leurs tentatives donnent lieu à un joli jeune de mot: «Cet homme m’avait plus souvent masturbée que mes dix-neuf amants précédents mis à la queue leu leu.»

«De haut en bas, de gauche à droite, vu de dos et de profil», le narrateur d’une nouvelle est extrêmement laid, tellement que même les chats détalent à son approche. Un soir, il se promène dans le Village gai et rencontre un homme qui l’excite, un homme qui veut lui montrer ses tatouages, après avoir nourri Iouri. Son corps est couvert de visages laids que le narrateur explore passionnément pour se faire répondre: «Je t’ai longtemps cherché.»

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Ronronnement

Dans Bisbille à Rosemonthill, Mafilda interdit à son mari de fumer la pipe car cela empoisonne Platonne, une chatte siamoise transgenre. Pas question de «pomper sa pipe». Y voyez-vous un double sens? Quant à Platonne, elle se pourlèche de foie de Périgord prélevé de la réserve du mari.

La nouvelle Tétée salvatrice commence par un accouchement. La narratrice se plaint d’avoir maintenant des varices et vergetures. Le bébé ne fait pas ses nuits, alors elle non plus. Impatiente, la mère se venge à coups de pieds sur le chat. «Je ne sais pas pourquoi je ne m’en suis pas contentée. Il ne m’aurait pas déformé les hanches, lui.»

Suzanne Myre entrecoupe parfois une nouvelle de recommandations sur les bienfaits d’avoir un chat. On y apprend que leur présence augmente notre espérance de vie et chasse les mauvais esprits dans une maison. «Il paraît que le ronronnement du chat réduit le stress et apaise le rythme cardiaque.» On rencontre même le chat Bonbon qui est doué pour abaisser la pression sanguine.

Lectorat féminin

L’auteure glisse aussi quelques remarques sur l’écriture. Elle signale que la nouvelle correspond à une manière nerveuse de s’exprimer. Myre note que recevoir un prix et un chèque constitue «un certificat de santé littéraire». Elle est d’avis que la présence d’un chat dans un texte est de nature à séduire un éventuel lectorat féminin.

Enfin, l’auteure rappelle que Michel Lord (anciennement de l’Université de Toronto) «a passé sa vie à étudier et louanger le style de la nouvelle».

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Si les êtres humains dont parle Suzanne Myre sont exaltés, amoureux, désagréables ou encore capables des sentiments les plus nobles, la présence continue des chats nous ramène toujours au quotidien banal, à ce qui nous unit dans un univers éclaté.

Auteurs

  • Paul-François Sylvestre

    Chroniqueur livres, histoire, arts, culture, voyages, actualité. Auteur d'une trentaine de romans et d’essais souvent en lien avec l’histoire de l’Ontario français. Son site jaipourmonlire.ca offre régulièrement des comptes rendus de livres de langue française.

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