Immigration et racisme, deux thèmes chers à Guy Bélizaire

Guy Bélizaire, Rue des rêves brisés
Guy Bélizaire, Rue des rêves brisés, roman, Ottawa, Éditions L’Interligne, 2025, 208 pages, 26,95 $.
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Publié 03/09/2025 par Paul-François Sylvestre

Malgré toutes ses crises et ses situations impossibles, Haïti demeure un pays magique qui a «un effet de coup de foudre, attractif, ensorcelant». Voilà ce que Guy Bélizaire illustre avec brio dans le roman Rue des rêves brisés. La réédition de cet ouvrage en vaut le coût/coup!

L’action se déroule à Montréal où Christophe est né de parents haïtiens. Le père veut imposer à son fils de 17 ans un voyage d’un mois au pays de ses ancêtres. Christophe n’y tient pas car il craint de perdre sa première petite amie, Mélodie. Loin des yeux, loin du cœur.

Tensions père-fils

Le narrateur de ce roman est le fils, plus souvent appelé Chris. Guy Bélizaire le campe dans des situations où l’ado finit par aimer son père tout en étant emmerdé par sa présence. Il l’apprécie, mais préfère le plus souvent se passer de sa compagnie.

Au début, Mélodie n’accueille pas très bien le projet de voyage de son petit ami. Cela bouleverse tous ses plans. Son chagrin, sa déception et sa colère mettent visiblement des bâtons dans les roues de son raisonnement.

Racisme

L’auteur explore largement le thème du racisme, utilisant au besoin le mot en N. Jimmy, le meilleur ami de Chris, ne laisse personne l’insulter, surtout pas un Blanc. Cela se produit une fois et Jimmy flanque un coup de poing à son agresseur. «Désormais, je suis sûr qu’il réfléchira avant d’insulter un Noir.»

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Le racisme est mis en épingle dans plus d’une scène impliquant des policiers. Jimmy est abattu lors de l’une de ces altercations. De toute évidence, Chris en veut à cet homme en uniforme qui a tué son meilleur ami. Il en veut «au Bon Dieu qui laissait se produire ce genre de choses, à la société qui entretenait une telle injustice».

Des dialogues courts, mais percutants, nous permettent de voir comment Chris en vient à comprendre que la vie est une vilaine comédie, une farce qui vise à faire mal, à faire souffrir. «Elle se présente avec son plus beau sourire, fait plein de promesses et un jour, paf! elle vous casse la gueule, vous laisse en miettes, avec dans la bouche un goût de fiel.»

Exil et immigration

Guy Bélizaire explore aussi le thème de l’exil, de l’immigration. Le père de Chris préfère sa maîtresse à sa femme, et elle s’appelle Haïti. L’enfant est né au Canada, il n’est pas un immigrant comme son père. «Tu ne traînes pas avec toi un passé, des habitudes et une histoire d’ailleurs.»

Le romancier excelle dans l’art de brosser le portrait d’un homme tiraillé entre ses obligations de mari et de père, d’un part, et un amour inconditionnel qu’il porte à son pays natal, d’autre part.

Le fils voit son paternel passer d’une situation autoritaire à des moments où il devient «en proie au doute, habité par un rêve plus grand que lui».

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Guy Bélizaire

Né à Cap-Haïtien, Guy Bélizaire vit au Québec depuis quarante ans. Il est diplômé en sciences économiques, en relations industrielles et possède également une maîtrise en administration publique. Ancien cadre supérieur à la fonction publique fédérale, l’auteur vit dans la région de l’Outaouais.

Auteurs

  • Paul-François Sylvestre

    Chroniqueur livres, histoire, arts, culture, voyages, actualité. Auteur d'une trentaine de romans et d’essais souvent en lien avec l’histoire de l’Ontario français. Son site jaipourmonlire.ca offre régulièrement des comptes rendus de livres de langue française.

  • l-express.ca

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