Immersion dans les eaux des plages de Toronto

plages
Jérôme Marty, directeur de l'Association internationale de recherche sur les Grands Lacs. Photo: Stephany Hildebrand
Partagez
Tweetez
Envoyez

Publié 14/08/2024 par Soufiane Chakkouche

Alors que les vacances de l’été battent leur plein, les Torontois et les touristes se ruent par grappes sur les plages de la métropole. Toutefois, la qualité de ces eaux peut différer considérablement d’une plage à l’autre, ce qui pousse la Ville à surveiller de près les abords du lac Ontario.    

Selon le programme international Pavillon bleu, Toronto abrite quelques-unes des plus belles plages au pays.   

Toutefois, celles-ci n’ont pas toutes reçu l’étiquette Drapeau bleu attribuée par l’organisme Swim, Drink, Fish.

plages
Une des plages des îles de Toronto. Photo: l-express.ca

Huit plages sur dix

Sur les dix plages surveillées que compte la ville reine, seulement huit ont obtenu cet étendard, gage d’une eau et d’un environnement propice à la baignade.

Les mauvaises élèves cet été sont Sunnyside Beach et Marie Curtis Park East Beach.

Publicité

Si l’organisme Swim, Drink, Fish prend 33 critères en compte pour attribuer cette étiquette, l’un des plus importants est la qualité de l’eau. Or, lorsqu’on évoque l’évaluation de l’eau de surface, on parle forcément de la variable bactérienne.

plages
Sept plages baignables et trois plages déconseillées le 6 août. Source: Ville de Toronto

Le principal suspect

«Étant donné que les plages sont des zones récréatives, les variables qu’on suit sont principalement liées aux bactéries présentes dans l’eau, plus particulièrement les bactéries Escherichia coli», explique Jérôme Marty, directeur de l’Association internationale de recherche sur les Grands Lacs.

Provenant de la matière fécale humaine et animale, les bactéries Escherichia coli (E.coli pour les intimes) sont assez populaires en ce moment du fait des Jeux olympiques de Paris. C’est à cause d’elles que l’organisation a retardé certaines épreuves aquatiques, avec les polémiques qui s’en sont suivies.

La norme la plus rigoureuse au monde

De leur côté, les autorités sanitaires de Toronto veillent au grain. En effet, de juin à septembre, la division des parcs, de la foresterie et des loisirs de Toronto, effectue quotidiennement des prélèvements sur ces dix sites répertoriés.

plages
Howard Shapiro.

«La norme de qualité de l’eau des plages à Toronto est de 100 E.coli par 100 ml d’eau, ce qui en fait la norme la plus rigoureuse au monde», se targue le Dr Howard Shapiro, porte-parole de la santé publique et médecin hygiéniste adjoint de Toronto.    

Publicité

À titre comparatif, la norme de qualité de l’eau des plages de l’Ontario ainsi que celle du gouvernement fédéral est de 200 E.coli par 100 ml d’eau.

Pour l’anecdote, cette barre a été revue à la hausse à 900 bactéries par 100 ml dans la Seine, ce qui fait que des épreuves olympiques se déroulent dans une eau «insalubre». Jérôme Marty avoue qu’il ne s’y baignerait pas pour rien au monde!

Aux risques et périls des récalcitrants

Que l’on ne s’y méprenne pas, les responsables de Toronto n’interdisent pas la baignade pour autant, bien que la petite bête puisse s’avérer bien nocive.

«Le Service de Santé publique de Toronto n’interdit pas la baignade sur les plages. Lorsque le niveau des bactéries dépasse la norme, on avertit les baigneurs. Libre à eux d’entrer en contact avec l’eau ou pas», précise le Dr Howard Shapiro.

Et d’ajouter: «Bien qu’il ne s’agit que d’une recommandation, l’exposition à cette eau augmente le risque d’infections pour le baigneur. Cela comprend les infections des oreilles, des yeux, du nez, de la gorge et de la peau. De plus, si l’eau est ingérée, elle peut causer des troubles gastriques sévères, des vomissements et/ou de la diarrhée.»

Publicité

Des outils disponibles pour les baigneurs

Il vaut donc mieux ne pas déroger à l’avertissement. Pour ce faire, des outils gratuits sont mis à disposition des nageurs pour prendre la température bactériologique de l’eau avant d’y faire trempette.

L’un de ces moyens est proposé par la Ville sur sa page internet. Il s’agit de la publication quotidienne des résultats de la qualité de l’eau de ses dix plages surveillées.

Là aussi, ces résultats sont basés sur le taux d’E.coli dans les échantillons d’eau de plage prélevés au cours des dernières 24 heures.

plages
Baignade matinale à la plage Woodbine. Photo: Nathalie Prézeau, l-express.ca

La limite de la méthode

Et c’est bien là que le bât blesse! Ce décalage entre le prélèvement de l’échantillon, son analyse et la publication des résultats peut induire un biais non négligeable.

«Les résultats des prélèvements ne sont pas immédiats. Il faut compter 24 heures pour les avoir après l’échantillonnage. C’est un problème qu’il faut gérer, car cet écart peut fausser l’appréciation. Concrètement, une eau de plage peut devenir contaminée durant ce laps de temps et vice versa», fait observer Jérôme Marty.

Publicité

L’intelligence artificielle à la rescousse

Afin de contourner le problème, les scientifiques d’Environnement Canada, en partenariat avec le Bureau de santé publique de Toronto ont entamé en 2022 l’élaboration d’une méthode prédictive reposant sur la désormais inéluctable intelligence artificielle.

Le projet pilote vient d’être achevé et est en cours d’évaluation. Selon la Ville, ce dernier sera opérationnel à partir de l’été 2025. D’ici là, bonne baignade!   

Auteurs

Partagez
Tweetez
Envoyez
Publicité

Pour la meilleur expérience sur ce site, veuillez activer Javascript dans votre navigateur