Haïti: le Canada prend le leadership… à distance

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Le peuple haïtien est en proie à des groupes criminels armés partout en Haïti. Photo: archives l-express.ca
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Publié 17/06/2023 par Annik Chalifour

La semaine dernière, à la suite de la rencontre des chefs d’État de la CARICOM aux Bahamas le 9 juin, le premier ministre intérimaire Ariel Henry a reconfirmé vouloir redemander le soutien d’une force étrangère pour aider à restaurer la sécurité en Haïti.

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Ariel Henry.

La cheffe du Bureau intégré des Nations unies en Haïti (BINUH), Maria Isabel Salvador, a dit également «appuyer la demande du gouvernement haïtien en faveur du déploiement d’une force étrangère pour soutenir les forces de sécurité haïtiennes».

Maria Isabel Salvador.

Cependant lors d’assises réunissant les acteurs politiques haïtiens en Jamaïque du 11 au 13 juin, certaines organisations dont le groupe Montana, ont exprimé, au nom de la souveraineté nationale, leur opposition à toute assistance armée pour résoudre la crise sécuritaire en Haïti.

Protection des droits humains

D’autre part plusieurs organisations de la société civile interpellent encore une fois les acteurs internationaux à se mobiliser le plus rapidement possible afin d’apporter une réponse à la crise fondée sur la protection des droits humains en Haïti.

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Haïti, entre insécurité et pauvreté. Photo: Annik Chalifour.

Situation de famine

Rappelons qu’aujourd’hui, bientôt deux ans depuis l‘assassinat du président (7 juillet 2021), presque la moitié de la population haïtienne souffre de famine.

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En raison de causes structurelles, explique le Bureau régional de l’ONU pour l’alimentation et l’agriculture, région de l’Amérique latine et des Caraïbes.

Selon la FAO, «Haïti connaît une crise prolongée qui est devenue plus grave et plus complexe que jamais auparavant. Les répercussions socioéconomiques de la pandémie de covid-19 sont exacerbées par la guerre en Ukraine, l’épidémie de choléra et les phénomènes climatiques extrêmes.»

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Presque la moitié de la population haïtienne souffre de famine. Photo: FAO.

Alors que les gangs armés violents continuent d’entraver l’accès aux semences agricoles et aux aliments, menaçant la sécurité des communautés.

Réponse du Canada

On peut lire dans Le National de Port-au Prince que «la situation laisse présager un avenir encore plus incertain pour Haïti, minant totalement la confiance du peuple envers les dirigeants politiques».

Dns un tel contexte, jeudi 15 juin, la ministre des Affaires étrangères, Mélanie Joly, a tenu une réunion ministérielle avec des partenaires clés pour discuter de la situation sécuritaire en Haïti.

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La ministre y a annoncé que le Canada établira une cellule de coordination conjointe de la sécurité dirigée par le Canada, visant à améliorer la mobilisation des efforts internationaux en matière d’aide à la sécurité en Haïti.

langues officielles
Mélanie Joly.

Basée en République dominicaine?

Cette cellule serait principalement basée en République dominicaine (RD) dans le but spécifique de répondre aux besoins de la Police nationale haïtienne (PNH) qui, seule, doit faire face au crime organisé répandu dans l’ensemble du pays.

Ce plan dépend de l’approbation de la République dominicaine… qui ne serait pas acquis à l’heure actuelle, et même contesté dans ce pays.

Une telle cellule chargée de coordonner l’aide internationale à distance sera-t-elle efficace? C’est potentiellement encore une lourde structure à l’horizon, empêtrée dans les méandres administratifs du fonctionnarisme, loin du terrain…

De plus, les relations sont de plus en plus tendues entre la RD et Haïti, en raison d’un mouvement migratoire sans précédent d’Haïtiens vers le pays voisin.

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À quand un leadership avant-gardiste?

Il faut un plan!

Selon Amikey Fontaine, PDG de la Fondation Sylvenie Lindor à Toronto, qui s’intéresse à Haïti depuis longtemps, «la solution proposée par le Canada ne correspond pas à l’urgence d’Haïti, soit mettre fin à la crise humanitaire sans précédent».

Amikley Fontaine. Photo Courtoisie.

Selon lui, «il faut un plan pour la restauration de la paix et l’organisation des élections générales au pays. Un accompagnement musclé auprès de la PNH pour mettre fin à la fédération des gangs. Un plan de développement économique durable qui aidera Haïti à s’autodéterminer pour sortir de l’aide humanitaire

Ce plan devrait aussi contribuer à «la restructuration des institutions haïtiennes pour le partage des richesses du pays et l’inclusion sociale. Un plan pour la bonne gouvernance et la transparence au sein des institutions étatiques.»

«Si Haïti est devenu aujourd’hui un État en faillite», réitère Amikley Fontaine, «il incombe à la communauté internationale (Core Group) et aux élites économiques et politiques d’Haïti de prendre leur responsabilité en main».

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