Haïti: développement local et travail social en péril

Pillage des bureaux de l'Association Nationale de Transformateurs de Fruits

Haïti, Anatraf
L'ANATRAF aide particulièrement les femmes qui travaillent dans la transformation d’aliments en leur donnant accès à la formation, aux intrants et aux matériels. Photos: courtoisie ANATRAF.
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Publié 08/03/2024 par Annik Chalifour

En Haïti, des pillards ont attaqué ce 1er mars les bureaux et le magasin de l’Association Nationale de Transformateurs de Fruits (ANATRAF), qui se trouvent dans les locaux du ministère de l’Agriculture d’Haïti logé à Damien, un quartier de Port-au-Prince.

Fondée il y a 22 ans, l’ANATRAF regroupe 70 ateliers répartis dans les 10 départements du pays. Sa mission consiste à les accompagner dans le but d’améliorer la qualité de leurs produits agricoles et de les appuyer dans leurs efforts de commercialisation.

Travailleur social et ingénieur en développement local et projet de coopération, Yvon Yacinthe Faustin est le ccordoonateur de l’ANATRAF. Nous nous sommes rencontrés lors de mon reportage réalisé à Vallue, Haïti, en mai 2017.

Voici son témoignage.

Haïti, Anatraf
ANATRAF est un organe spécialisé unique dans le pays en matière de transformation de produits agricoles. L’Association travaille de concert avec le ministère de l’Agriculture.

Pillage catastrophique

À la suite du pillage de ses bureaux et son magasin, l’ANATRAF se voit aujourd’hui contrainte de cesser toutes ces activités.

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«Cette action a détruit tous les produits finis (confitures, chocolats, cassave, mamba, boisson alcoolisée), toutes les matières premières (cacao, alcool, sucre…), tous les matériels et intrants que contenait notre magasin (moulins, matelas, réfrigérateurs, matériels de contrôle, bouteilles, bocaux, matériels de formation).

Les pilleurs ont emporté tout ce que nous avions au niveau de l’administration: argent, bureaux, chaises, tables, caméra, projecteurs, matériels informatiques, panneaux solaires, même la porte du magasin. Nous ne savons pas ce qui a motivé cette action», rapporte Yvon Yacinthe Faustin.

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Jeunes agriculteurs en apprentissage avec l’Association des Paysans de Vallue. Au centre Yvon Yacinthe Faustin. Photo: APV

Appuyer l’économie locale durable

«ANATRAF n’est pas un organe de l’État ni une entreprise privée à but lucratif. C’est une association qui a été créée pour aider les paysans, particulièrement les femmes et les jeunes qui travaillent dans la transformation d’aliments en leur donnant accès à la formation, aux intrants et aux matériels», précise Yvon Yacinthe Faustin.

L’Association les aide aussi à accéder au marché par la commercialisation de leurs produits. Le ministère de l’Agriculture d’Haiti a trouvé le travail intéressant et a décidé de les accompagner.

«C’est dans le cadre de cet appui que le ministère nous a permis de se loger dans l’un de ses bâtiments. ANATRAF est un organe spécialisé unique dans le pays en matière de transformation de produits agricoles. Elle travaille de concert avec le ministère», souligne le coordonnateur.

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Yvon Yacinthe Faustin dans les bureaux de l’ANATRAF.

Perte colossale

Ce coup est très dur pour le secteur de la transformation qui perd tous les travaux qui ont été réalisés pendant ces 22 ans. En un clin d’œil, ANATRAF se trouve dépourvu de tout, alors que ses biens sont gaspillés dans les rues car les gens ne savent pas quoi en faire.

«L’ANATRAF demande à ceux qui détiennent ces biens de vouloir nous les retourner car ils ne peuvent pas les utiliser. De plus, il faut se rappeler que ces matériels servaient les gens les plus démunis à développer leurs petites entreprises», réitère M. Faustin.

Les membres d’ANATRAF produisent une diversité de produits agricoles transformés.

Capacité de se relever

«Nous souhaitons que l’État haïtien puisse nous aider à nous relever. Nous remercions les institutions et les partenaires qui nous ont soutenu. Plus que jamais nous avons besoin de leurs soutiens pour pouvoir exister.»

«Nous savons combien la situation est difficile pour nos membres. Nous perdons les fruits de notre travail accompli durant 22 ans.»

«Il nous reste l’expertise dans le domaine et la capacité de nous relever. Faisons encore confiance, poursuivons donc notre travail», conclut Yvon Yacinthe Faustin,

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Pendant ce temps, les gangs armés mènent le pays vers une guerre civile. De nombreux Haïtiens réclament la démission du premier ministre provisoire, Ariel Henry, incapable de retourner en Haïti depuis son séjour au Kenya, en raison des troubles internes actuels. Aux dernières nouvelles, il était à Porto Rico.

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