Florian Grandena et Pierre-Luc Landry sont des «pédés, tapettes, faggots, cocksuckers»… Ils ont entendu toutes ces insultes. Ces deux universitaires et militants ont décidé que La guerre est dans les mots et il faut les crier, titre de leur essai écrit à quatre mains sur la réalité «queer». Grandena enseigne à Ottawa, Landry à Victoria.
L’ouvrage s’ouvre sur un rappel de la tuerie du 12 juin 2016 à Orlando, dans le Pulse Nightclub fréquenté principalement par des homosexuels. 49 personnes tuées, des dizaines d’autres blessées. L’une des pires attaques queerphobes sur le continent américain depuis longtemps. Était-ce encore possible?
Lutte langagière réelle
Le mot «guerre» dans le titre du livre tient de la métaphore. Cette lutte langagière n’en demeure pas moins réelle sur le terrain.
C’est un acte extrême pour réveiller certaines consciences. Et le sujet et les armes sont les mots. Grandena et Landry expriment leur «ras-le-bol par rapport à certains discours médiatiques, culturels et sociaux entourant les luttes et les politiques identitaires LGBTQIA2S+».
D’abord une précision sur les acronymes utilisés. LGBT désigne les lobbies gais plutôt conservateur qui réfutent l’usage du mot «queer» en français. Leur champ d’action est réservé principalement aux hommes gais et aux femmes lesbiennes, rarement aux gens bisexuels, encore moins aux personnes trans.