Forum des jeunes: nouvelles pistes pour une francophonie vivante

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Venus des dix provinces et de deux territoires, plus de sept participants sur dix parlent le français comme langue additionnelle. Photos: courtoisie Le Français pour l’avenir
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Publié 13/08/2025 par Lê Vu Hai Huong

Des participants et participantes au Forum national des jeunes ambassadeurs et ambassadrices quittent Ottawa plus confiants et avec l’envie de partager leur appréciation du français avec leur communauté. Pour Le Français pour l’avenir, c’est un signe de réussite.

L’organisme a accueilli 35 jeunes leaders du 3 au 8 août sur le campus de l’Université d’Ottawa pour le Forum national des jeunes ambassadeurs et ambassadrices (FNJA) de 2025.

Tristan Gagnon, ambassadeur yukonais, explique en entrevue avec Francopresse que le français au Forum est «beaucoup plus naturel, moins formel, et n’est pas académique». Il salue le fait de ne pas être évalué sur la grammaire ou les standards d’écriture, ce qui peut être «un peu drainant» à son avis.

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Neve Elrain Ting a souligné la visite de la Chambre des communes comme son moment préféré, car elle a aimé en apprendre davantage sur le fonctionnement du Parlement.

Pas cool de parler français?

Neve Elrain Ting se sent aussi plus à l’aise de parler en français au FNJA, car l’ambiance passionnée l’inspire, contrairement à son école francophone où parler le français peut sembler «pas cool».

La représentante néo-brunswickoise explique qu’on peut être jugé, voire discriminé, lorsqu’on s’exprime dans la langue d’Antonine Maillet au sein de sa communauté. Tristan Gagnon dit avoir vécu la même chose.

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Elle poursuit en indiquant que, même dans une province officiellement bilingue comme la sienne, l’anglais est plus populaire que le français.

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Melinda Lee a eu un coup de cœur pour les feux d’artifice, car ce moment lui a permis de parler avec ses amis en français et de se sentir «plus confiante».

Melinda Lee, une des participantes de l’Ontario, complète cette idée en racontant son expérience personnelle.

Dans son école, elle a observé que les membres d’un club de français parlent souvent en anglais. À son avis, c’est parce qu’ils manquent de confiance pour parler en français, ce qui la décourage également à pratiquer.

Par contre, son propre rapport avec la langue a changé durant le FNJA. «J’ai amélioré mon français ici plus que pendant toutes les années que je l’ai appris», se réjouit Melinda Lee.

Le Forum

Depuis sa création en 2004, le Forum national des jeunes ambassadeurs et ambassadrices rassemble chaque année des élèves de 10e et 11e année (3e et 4e secondaire au Québec) inscrits à l’école française ou en immersion, provenant des dix provinces et des trois territoires canadiens.

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Emeline Leurent.

Le programme a formé plus de 500 ambassadeurs et ambassadrices depuis sa création.

Le Forum est une «semaine de formation pour devenir un ambassadeur ou une ambassadrice du français, du bilinguisme et de Français pour l’avenir au Canada», selon la directrice générale Emeline Leurent.

Au menu: des ateliers, des activités et des expériences axées sur l’importance du bilinguisme.

Une francophonie qui s’apprend et se construit

Emeline Leurent souligne les bénéfices de mélanger des jeunes dont le français est la langue maternelle, seconde, ou même la quatrième langue. Cette diversité, à ses yeux, permet aux jeunes de découvrir «comment la francophonie est vécue à travers le Canada».

À travers cette expérience, Melinda Lee a appris à connaître le Nouveau-Brunswick, le vocabulaire acadien et que les provinces maritimes ne sont pas toutes anglophones.

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Tristan Gagnon a lui aussi approfondi sa compréhension des différences au sein des communautés acadiennes, comme entre celles de la Nouvelle-Écosse et du Nouveau-Brunswick.

L’ambassadeur yukonais souhaite également que son territoire – la troisième région la plus bilingue du pays – offre plus de services dans les deux langues officielles et mène des actions de sensibilisation contre les préjugés envers les francophones.

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Le moment préféré de Tristan Gagnon a été les discussions sur l’intégration des étudiants en immersion dans la communauté francophone. 

Neve Elrain Ting, quant à elle, souhaite que le Nouveau-Brunswick, officiellement bilingue, soit plus ouvert à la communication et au partage d’initiatives francophones pour que les autres provinces puissent développer de meilleurs services.

Melinda Lee aimerait voir sa ville de Toronto utiliser davantage de français dans les services publics et avoir des produits bilingues dans les épiceries. Elle souligne que son expérience au FNJA lui a donné plus de confiance qu’avant pour promouvoir le français.

De l’idéation à l’action

De retour chez eux, les ambassadeurs et ambassadrices devront promouvoir la langue française et le bilinguisme dans leur école et leur communauté tout au long de l’année scolaire, explique Emeline Leurent en entrevue avec Francopresse.

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Lorsqu’il retournera en classe au Yukon, Tristan Gagnon veut «travailler sur la valorisation du français» dans son école, montrer que le français peut être une «langue informelle» et pas seulement d’apprentissage. Il compte utiliser les trousses d’outils pour des séances de Franconnexion.

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Durant des ateliers sur la gestion de projets et sur les trousses Session Franconnexion, les ambassadeurs ont présenté des initiatives pour leur communauté locale.

Étant elle-même immigrante des Philippines, Neve Elrain Ting souhaite continuer son projet qui aide les immigrants à bien communiquer dans les langues officielles.

Sur ce, elle compte collaborer avec sa bibliothèque locale et potentiellement l’application FR+. Celle-ci est un espace virtuel créé par Le Français pour l’avenir, qui comprend des ressources gratuites, comme des musiques et des jeux vidéos, pour échanger en français avec d’autres apprenants.

Melinda Lee envisage d’encourager son groupe de français à parler davantage en français. Elle souhaite aussi organiser une activité pour tous les élèves de son école afin de promouvoir l’usage du français dans sa communauté.

Les jeunes ne sont pas sans ressource une fois à la maison. L’équipe du Français pour l’avenir les accompagne pendant un an. De plus, organiser des activités avec l’aide des enseignantes et des enseignants leur donne accès à des programmes de microfinancement, précise la directrice générale.

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La directrice générale a été impressionnée de voir la rapidité avec laquelle les jeunes ambassadeurs ont créé des liens et des amitiés durant la semaine de formation.

«Le FNJA, c’est vraiment juste le début de leur aventure»

Les participants de la cohorte 2025-2026 souhaitent maintenir les liens qu’ils ont créés pendant le Forum via les réseaux sociaux. Ceux-ci servent non seulement à rester en contact, mais aussi à promouvoir le français et à créer des projets communautaires en collaboration les uns avec les autres.

La directrice générale souligne que les anciens ambassadeurs collaborent parfois pour des projets. Elle cite notamment un exemple: «Des ambassadeurs à Regina ont fait des ateliers en science pour une école élémentaire».

«C’est quand même des jeunes qui ont déjà la francophonie à cœur. Et donc, ils sont des ambassadeurs pour la vie», estime Emeline Leurent.

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