Élections en Ontario: les candidates francophones débattent

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Le débat en français en vue des élections du 27 février en Ontario. Photos: capture d'écran tfo.org
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Publié 20/02/2025 par Émilie Gougeon-Pelletier

Les porte-parole francophones des quatre principaux partis politiques de l’Ontario ont croisé le fer lors d’un débat en français, mercredi soir.

TFO et Radio-Canada ont organisé un débat en français sur les enjeux qui préoccupent la province.

Caroline Mulroney du Parti progressiste-conservateur, France Gélinas du Nouveau Parti démocratique, Lucille Collard du Parti libéral et Michelle Petersen du Parti vert ont représenté leurs partis respectifs.

Tarifs

À l’instar de ce qu’a fait son chef Doug Ford lors des deux débats des chefs précédents, la ministre sortante du Conseil du Trésor, Caroline Mulroney, a martelé l’importance de «protéger l’Ontario» et son économie face à la menace des tarifs douaniers du président américain Donald Trump.

«Le ministre des Finances Peter Bethlenfalvy et moi avons présenté un plan pour soutenir les travailleurs, soutenir les entreprises. Nous offrons une réplique forte», a-t-elle soutenu lorsqu’il a été question de l’économie ontarienne.

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Caroline Mulroney, Parti progressiste-conservateur.

Celle-ci a rappelé que Doug Ford s’est rendu à Washington avec ses homologues du Conseil de la fédération, plus tôt en février, pour dissuader l’administration Trump d’imposer des droits de douane sur les produits canadiens.

«Il est un leader fort, qui est prêt à protéger l’Ontario et les 500 000 emplois menacés par ces tarifs», a-t-elle insisté.

Élections inutiles

Caroline Mulroney, également ministre sortante des Affaires francophones, a immédiatement été confrontée à la gronde de ses adversaires, qui ont déploré la tenue même d’élections anticipées, au coût de 189 millions $.

«Qu’est-ce qu’on fait dans un débat électoral en plein hiver? C’est une campagne coûteuse et inutile. Le grand mandat majoritaire que réclame Doug Ford, il l’avait déjà. C’est une élection qui va coûter les yeux de la tête, alors qu’on devrait être tous ensemble, à Queen’s Park, pour développer un plan pour se battre contre les tarifs», a affirmé la libérale d’Ottawa-Vanier, Lucille Collard.

«On est en élections, pour quoi faire?», a également demandé la députée sortante et candidate de la région de Nickel Belt, France Gélinas.

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Santé

La porte-parole néo-démocrate en matière de santé, France Gélinas, a fait valoir que parmi les 2,5 millions d’Ontariens qui n’ont pas de médecin de famille, un grand nombre sont francophones.

«Beaucoup de ces 2,5 millions de gens-là, c’est nous autres, les Franco-Ontariens, pour qui c’est encore plus dur de trouver un médecin de famille».

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France Gélinas, Nouveau Parti Démocratique.

La néo-démocrate a aussi insisté sur les mesures de «privatisation du système de santé» par le gouvernement Ford, en parlant notamment des cliniques d’infirmières praticiennes où les Ontariens doivent payer pour obtenir des soins.

«La Loi sur les Services en français ne s’applique pas à toutes ces cliniques privées là», a-t-elle rappelé, soutenant que «M. Ford veut vraiment privatiser notre système de santé avant de finir son mandat».

Pour remédier au problème de la «médecine de couloir», Mme Gélinas propose de mieux financer les centres de santé communautaires.

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La cheffe du NPD, Marit Stiles, s’est engagée à embaucher 3500 nouveaux médecins, et garantit que chaque Ontarien serait relié à une équipe de soins primaires d’ici quatre ans si elle devient première ministre.

Un médecin pour chaque Ontarien est la promesse phare du Parti libéral de l’Ontario, qui promet de mettre fin à la médecine de couloirs.

Les Verts de Mike Schreiner promettent l’embauche de 3500 médecins d’ici trois à quatre ans.

Les progressistes-conservateurs «ont déjà commencé le travail de lier 2 millions d’Ontariens à des soins primaires, médecins de famille», a indiqué Caroline Mulroney durant le débat.

Elle a rappelé que son parti a nommé l’ex-ministre libérale fédérale Jane Philpott à la tête d’une équipe d’action dont la tâche première est de remplir cette promesse.

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Éducation

La libérale Lucille Collard, ex-présidente du Conseil des écoles publiques de l’Est de l’Ontario, a fait valoir l’importance d’investir dans les écoles de la province, qui «tombent en ruines».

«Je sais que le gouvernement s’est dépêché, avant l’élection, d’aller mettre des pancartes bleues sur les écoles pour se vanter qu’ils ont investi dans nos écoles, mais sur le terrain, vous vous demandez où sont ces investissements-là», a-t-elle critiqué.

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Lucille Collard, Parti libéral.

Elle a notamment misé sur l’importance d’offrir une éducation aux francophones dans leur langue, de la petite enfance jusqu’au postsecondaire.

Son parti s’est engagé à renouveler l’entente fédérale-provinciale sur les garderies à 10$ par jour, et à limiter à 10% les inscriptions internationales dans les collèges et universités de l’Ontario.

Les libéraux ont déclaré qu’ils modifieraient le financement gouvernemental pour réduire la dépendance des collèges et universités envers les étudiants étrangers.

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«Le NPD, c’est 830 millions $ par année, juste pour mettre nos écoles en bon état», a souligné France Gélinas, ajoutant que «l’éducation, c’est la survie des Franco-Ontariens».

Le NPD s’engage à embaucher davantage de personnel dans les écoles de l’Ontario, mais n’a pas encore publié combien, ni le coût de cette promesse. Le parti entend également élargir les programmes de repas scolaires, mais n’a pas précisé combien ça coûterait.

Caroline Mulroney a indiqué que son gouvernement s’est concentré, depuis qu’il a été élu en 2018, «à développer un continuum [d’éducation francophone], de la petite enfance jusqu’au post secondaire», donnant l’Université de l’Ontario français comme exemple.

Son parti n’a pas fait de promesses en matière d’éducation depuis le début de la campagne, outre des annonces en matière de développement des compétences conçues pour aider les travailleurs à se réorienter vers de nouvelles carrières face à d’éventuels tarifs douaniers.

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Michelle Petersen, Parti vert.

La candidate Michelle Petersen a semblé frustrée de voir que Mme Mulroney prenne le crédit pour la création de l’Université de l’Ontario français, notant que c’est son gouvernement qui a d’abord voulu mettre un terme au projet.

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France Gélinas a d’ailleurs rappelé le Jeudi Noir, s’envenimant en mentionnant que «le gouvernement fédéral a dit qu’il allait payer 100% de l’université de l’Ontario français pendant cinq ans, et que ça a quand même pris 18 mois [au gouvernement Ford] pour accepter».

Logement

La conservatrice Caroline Mulroney a à nouveau insisté sur l’importance d’avoir une «économie qui est forte» pour être en mesure de construire des logements en province, surtout face aux menaces des tarifs douaniers.

Son parti a promis que s’il est réélu, il ajoutera 2 milliards $ à un fonds pour payer l’eau et les eaux usées à proximité des nouveaux projets de logements dans les municipalités de l’Ontario.

Mmes Collard et Gélinas ont rappelé que plus de 80 000 personnes sont sans-abri à travers l’Ontario.

Le NPD promet de construire 60 000 nouveaux logements avec services de soutien pour aider les personnes vivant dans des campements à trouver un logement permanent.

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Les libéraux entendent éliminer la taxe provinciale sur les transferts fonciers pour les acheteurs d’une première maison, les personnes âgées qui déménagent dans un logement plus petit et les organismes à but non lucratif, ainsi que de supprimer les frais d’aménagement sur les logements de la classe moyenne.

Au total, les Verts de l’Ontario affirment qu’ils construiraient 2 millions de nouveaux logements au cours des dix prochaines années, dont 310 000 abordables dans des coopératives et à but non lucratif, et 60 000 logements avec services de soutien.

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Les chefs Mike Schreiner (vert), Marit Stiles (NPD), Doug Ford (progressiste-conservateur), Bonnie Crombie (libérale).

L’Ontario: province bilingue?

La Loi sur les services en français «n’a pas de dents», a déploré Lucille Collard.

«Il n’y a aucun recours pour les justiciables dont les droits ne sont pas respectés, il n’y a aucune sanction qui s’impose», a-t-elle dit, affirmant qu’avant d’étendre cette loi à la province au complet, «commençons par faire respecter la loi dans les régions désignées, parce qu’y a du travail à faire».

Caroline Mulroney a rappelé que c’est son gouvernement qui a modernisé cette loi, en 2021, et que la ville de Sarnia a récemment été ajoutée aux régions désignées.

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«Avec le gouvernement conservateur, les francophones, on n’est ni valorisés ni appréciés; on est tolérés, point à la ligne», a déclaré France Gélinas.

Michelle Peterson a indiqué qu’elle aime l’idée d’un Ontario bilingue, mais qu’elle devrait d’abord demander l’approbation de son parti.

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