Duel entre policier et journaliste

Hervé Gagnon, Adolphus
Hervé Gagnon, Adolphus, roman, Montréal, Éditions Glénat, collection Hugo Poche, 2024, 400 pages, 14,95 $.
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Publié 23/10/2024 par Paul-François Sylvestre

Maître aguerri du suspense, Hervé Gagnon mêle fait historique et fiction policière pour décrire une étrange épidémie de meurtres qui s’abat sur Montréal en 1893. Son intrigue s’intitule Adolphus, du nom d’un célèbre meurtrier.

L’auteur a publié une vingtaine de romans regroupés en séries de deux à quatre tomes. J’ai déjà recensé Maria, de la série «Les enquêtes de Joseph Laflamme». Adolphus est le sixième tome de cette série.

Montréal, 1893

À l’exception du prologue, qui relate une vraie pendaison en 1833, l’action du roman se déroule à Montréal en 1893. La pendaison en question est celle d’Adolphus Dewey, condamné pour avoir assassiné sa jeune épouse avec une rage et une cruauté indescriptibles.

Le 1er octobre 1893, accompagnés de leur fiancée, Joseph Laflamme, journaliste à La Patrie, et George McCreary, vétéran britannique de Scotland Yard, visitent le parc Sohmer, où un cirque itinérant s’est installé avec son musée de curiosités. On peut y voir la hache utilisée par Adolphus Dewey en 1833.

Le soir même, un couple est trouvé mort près du chapiteau. L’assassin s’est visiblement inspiré du meurtre sordide survenu soixante ans plus tôt. Et il s’avère que la hache a disparu du musée de curiosités.

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Journalisme compétitif

C’est bien connu, le crime vend des copies. Joseph Laflamme voit le corps du couple assassiné et regroupe suffisamment d’informations pour écrire, sur sa Remington no 2, «un solide article avec un beau gros titre juteux».

Son plus sérieux compétiteur est La Minerve et le romancier décrit comment les deux journaux se livrent une concurrence féroce. Le plus souvent, c’est La Patrie qui dame le pion à La Minerve, bien entendu.

Joseph Laflamme dame aussi le pion à l’inspecteur Edgar Lafontaine du Département de la police. L’inspecteur le déteste et n’hésite pas à le harceler, voire à mener une perquisition au domicile du journaliste.

Il ne faut pas s’étonner que d’autres crimes similaires surviennent dans moins d’une semaine. En parlant de la hache de Dewey, Hervé Gagnon écrit: «Y paraît qu’elle est maudite. Qu’elle apporte le malheur à celui qui la touche.» Y aurait-il un serial killer…?

Activité secrète

Le romancier souligne que «nous avons tous un placard où nous gardons nos petits secrets plus ou moins scabreux verrouillés à double tour». Joseph Laflamme se dit que l’inspecteur de police cache certainement un petit secret. Un gros, en fait!

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Lorsqu’il espionne Edgar Lafontaine, le journaliste découvre que le représentant des forces de l’ordre fréquente un jeune homme. Il voit les deux échanger «un long et profond baiser». Voilà qui peut servir à un chantage, à une revanche.

Joseph Laflamme prend bonne note de ce revirement et le partage avec sa fiancée outrée. «Et il vit avec son mignon, ici même dans la très catholique Montréal, sous le nez et à la barbe des curés», ricane-t-il.

Les commentaires du vétéran de Scotland Yard, parfois en anglais avec traduction en bas de page, ajoutent du sarcasme au récit. Selon le dandy ironique, «il suffit de recruter une brute à gros bras, de lui mettre un uniforme, et on obtient un agent de police qui se considère au-dessus de la loi».

Auteurs

  • Paul-François Sylvestre

    Chroniqueur livres, histoire, arts, culture, voyages, actualité. Auteur d'une trentaine de romans et d’essais souvent en lien avec l’histoire de l’Ontario français. Son site jaipourmonlire.ca offre régulièrement des comptes rendus de livres de langue française.

  • l-express.ca

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