Droit de mort sans conséquences

mort, François Gravel, L’arme du crime
François Gravel, L’arme du crime, roman, Montréal, La courte échelle, collection Noire, 2024, 208 pages, 14,95 $.
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Publié 26/06/2024 par Paul-François Sylvestre

On dit que la colère est mauvaise conseillère, mais elle peut procurer des pouvoirs extraordinaires à certaines personnes. C’est ce que le jeune Alec, 16 ans, découvre dans L’arme du crime, de François Gravel. Les morts s’accumulent.

Ce roman est publié dans la collection Noire de La courte échelle, qui souhaite faire frissonner les jeunes lecteurs et lectrices en leur proposant des romans d’horreur et des intrigues policières captivantes. Ce titre s’adresse aux 13 ans et plus.

Avertissement

Dès la première page, François Gravel prévient son jeune lectorat de ne pas céder à la tentation d’utiliser le don qu’il va décrire, au risque d’être condamné à faire «des cauchemars de plus en plus violents».

Un an après l’accident de vélo qui a tué son père, Alec assiste au procès de celui qui l’a heurté avec sa voiture. L’adolescent est furieux d’apprendre que le coupable n’écope que d’une légère peine.

En criant «Qu’il crève, ce salaud!», Alec ressent une brûlure à la base de son cou. Il a le pressentiment que cela ne relève pas de la physique ordinaire. L’ado se sent habité par une énergie vengeresse que rien ne semble pouvoir arrêter.

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La force de la pensée

Une journaliste qui a suivi le procès contacte Alec et lui explique comment il peut agir par la force de sa pensée. Cela s’appelle la télékinésie. «Tu as un don, Alec. Un don rare et précieux. Ce serait criminel de ne pas l’utiliser.»

La journaliste ne dit jamais «tuer ce bandit». Elle propose plutôt de l’empêcher de nuire, de le neutraliser, d’intervenir, de passer à l’action. Elle souligne l’impuissance de la justice et «le devoir moral que nous avons d’empêcher les crapules de faire d’innocentes victimes».

Au verso de la page couverture, la maison d’édition a écrit en lettres majuscules INTERDIT AUX PEUREUX. Guidé par la journaliste, Alec va tout de go neutraliser le salaud qui a tué son père. Il n’en ressent pas la moindre culpabilité.

L’ado passe ensuite à l’action dans le cas d’un trafiqueur de drogue qui a fait des centaines de morts. Alec ne s’arrête pas là. Encouragé par la journaliste, il accepte d’empêcher un type à la tête d’un réseau de prostitution de continuer à exploiter de très jeunes filles et garçons.

L’auteur décrit dans les détails comment son protagoniste devient un poltergeist. On voit comment le pouvoir d’agir par la seule force de la pensée peut être plus dangereux que le pouvoir politique ou celui de l’argent. «Il confère à qui le détient un droit de vie ou de mort sur ses semblables, sans aucun risque d’en subir les conséquences.»

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Style coloré

Le style de François Gravel est toujours coloré. Lorsqu’il note comment les complices suivent de près un criminel, il écrit «comme les cardinaux derrière le pape».

Pour expliquer la façon dont la journaliste nourrit la colère d’Alec, il fait allusion à un mécanicien d’une ancienne locomotive à vapeur qui «lance des pelletées de charbon dans le ventre de sa machine pour entretenir le feu».

François Gravel a publié plus d’une centaine d’ouvrages pour tous les publics. Il a l’intention d’écrire jusqu’à ce qu’il ait 85 ans; il a présentement 72 ans. L’écrivain prendra alors deux semaines de vacances (mais pas plus) avant de s’y remettre.

Auteurs

  • Paul-François Sylvestre

    Chroniqueur livres, histoire, arts, culture, voyages, actualité. Auteur d'une trentaine de romans et d’essais souvent en lien avec l’histoire de l’Ontario français. Son site jaipourmonlire.ca offre régulièrement des comptes rendus de livres de langue française.

  • l-express.ca

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