Remplacer le curling par le basketball, financer des ateliers de danse africaine… La francophonie en milieu minoritaire tente, non sans dissidence, de s’ouvrir à la diversité culturelle qui grandit dans ses écoles. Si certains y voient une belle ouverture, d’autres craignent de voir la culture locale s’effacer.
«Pour l’une de nos activités provinciales, à la demande des élèves, nous avons changé le curling pour le basketball, un sport qui rejoignait davantage de jeunes, notamment ceux issus de l’immigration récente», témoigne une responsable de l’animation socioculturelle en Saskatchewan, Marie-Hélène Tanguay, dans un document sur la construction identitaire et l’animation culturelle rédigé en 2019 par l’Association canadienne d’éducation de langue française (ACELF), dont elle est aujourd’hui directrice générale.

Ce changement d’activité sportive est un exemple parmi d’autres des façons dont les animateurs culturels s’adaptent à une francophonie de plus en plus diversifiée, un mandat qui leur est d’ailleurs conféré par l’ACELF dans le document. «Ils sont là pour tous les élèves et pour faire en sorte que la diversité au sein de la francophonie soit mise en valeur.»
Luc Paquette (nom fictif pour des raisons de sécurité), animateur culturel en Ontario français, craint de son côté un «effacement» de la société d’accueil.
«Tyrannie du présent»
«Il y a de l’immigration qui vient de partout et, par conséquent, on veut souligner la contribution de chaque communauté culturelle. On a commencé avec le Mois de l’histoire des Noirs, et ça va de soi», reconnaît Luc Paquette en entrevue avec Francopresse. «Après, [d’autres] communautés culturelles ont commencé à demander le mois du patrimoine asiatique, latino-américain [etc.].»