DIANA s’installera au Canada

Le Canada accueillera le bureau régional pour l’Amérique du Nord du nouvel accélérateur d’innovation de défense pour l’Atlantique Nord (DIANA) de l’OTAN. Le premier ministre Justin Trudeau en a fait l’annonce le 30 juin à l’issue d’un Sommet de l’OTAN à Madrid.

Le DIANA consistera en un réseau de centres d’innovation ainsi que d’accélérateurs technologiques et de centres d’essai répartis partout en Europe et en Amérique du Nord.

Le DIANA se concentrera sur des technologies émergentes que l’OTAN considère comme prioritaires: intelligence artificielle, traitement des mégadonnées, technologies quantiques, systèmes autonomes, biotechnologies, matériaux innovants et espace.

Lors de ce Sommet de l’OTAN, tenu du 28 au 30 juin, Justin Trudeau a aussi annoncé le renforcement du déploiement militaire canadien en Lettonie, dans le cadre de la «présence avancée renforcée» (PAR) de l’Alliance Atlantique dans ce pays touchant à la Russie.

Par ailleurs, du matériel pour drones et 39 véhicules blindés d’appui tactique seront fournis à l’Ukraine par le Canada. Notre contribution militaire à la résistance contre l’invasion russe lancée le 24 février s’élève à 500 millions $, selon le budget 2022.

Le Canada va aussi déployer des chasseurs CF-18 pour mener des activités de surveillance et de police aérienne en Europe. Et nous fournissons deux aéronefs CC-130 Hercules, qui mènent leurs opérations depuis le Royaume-Uni, pour soutenir les dons des alliés à l’Ukraine.

Le Canada a également placé à un niveau de préparation plus élevé 3400 membres des Forces armées canadiennes provenant de toutes les divisions militaires «afin qu’ils puissent être déployés au sein de la Force de réaction de l’OTAN si nécessaire».

G7

Le 28 juin, au Sommet du G7 à Elmau, en Allemagne, le premier ministre Justin Trudeau avait annoncé 151,7 millions $ de soutien humanitaire supplémentaire à l’Ukraine.

Un prêt canadien de 200 millions $ sera aussi versé à l’Ukraine par l’intermédiaire du Fonds monétaire international pour l’aider à répondre à ses besoins en liquidité.

Des sanctions ciblées ont été prises par les dirigeants du G7 contre 34 autres partisans de la guerre de Vladimir Poutine, et contre 48 entités liées aux secteurs de la défense de la Russie et du Bélarus.

De plus, le Canada renforcera sa présence diplomatique à travers une nouvelle ambassade en Arménie. Les bureaux actuels du Canada en Estonie, en Lituanie et en Slovaquie seront également convertis en ambassades.

Justin Trudeau a aussi annoncé que le Centre d’excellence de l’OTAN pour le changement climatique et la sécurité (CEOCS) sera situé à Montréal. Les pays du G7 travaillent en effet à créer un «club climatique ouvert et coopératif» pour accélérer la mise en œuvre de l’Accord de Paris sur la réduction des gaz à effet de serre.

Pendant ce temps à Ottawa…

Les forces de police d’Ottawa et de Gatineau se préparent depuis plusieurs jours à la mise en place de mesures de sécurité pour la fête du Canada, le 1^er juillet.

On veut éviter une situation semblable à celle de février 2022, où un convoi de camionneurs s’était installé durant trois semaines devant le Parlement du Canada et dans le centre-ville d’Ottawa pour dénoncer les mandats vaccinaux.

«Ce ne sera pas aussi gros qu’en février. Mais d’après certaines informations, des gens arrivent tout de même de Colombie-Britannique et prévoient de marcher sur Ottawa pour se rendre au Monument commémoratif de guerre. Qui sait ce qu’il va se passer?», interroge Fareed Khan, créateur du groupe «Canadiens unis contre la haine».

En mai dernier, des motards ont occupé la capitale nationale durant une fin de semaine, avec les mêmes revendications que les camionneurs. L’organisation avait été transparente et tout s’était déroulé sans heurts.

Mobilisation pour l’accès à l’avortement

Par ailleurs, la décision de la Cour suprême des États-Unis, le 24 juin, de renverser l’arrêt historique Roe c. Wade (1973) décriminalisant l’avortement aux États-Unis, a eu des échos au Canada.

Une cinquantaine de personnes se sont réunies devant le Parlement, le 27 juin, pour protester contre cette décision. On a rappelé que la population canadienne doit rester vigilante, car l’accès à l’avortement demeure limité dans certaines provinces.

Isabelle Cousineau, chargée de projets et des communications chez Agir Outaouais, l’un des organismes présents à la mobilisation, a expliqué craindre «la montée des mouvements anti-avortement au Canada, du fait de l’influence de la politique américaine».

«Ça fait déjà plusieurs années qu’on observe une montée de ces mouvements au Canada. On les voit de plus en plus se mobiliser près des cliniques d’avortement, être vocaux et ne pas se gêner pour faire sentir les femmes mal d’avoir accès à des services qui sont légitimes… Ils travaillent beaucoup sur la honte.»

Selon Isabelle Cousineau, la décision américaine pourrait renforcer les projets de loi provinciaux qui compromettraient l’accès légal et sécuritaire à l’avortement des Canadiennes.

«Ces reculs se font de façon très sournoise. C’est pour cela qu’il faut être mobilisées pour les femmes, surtout celles qui sont à la croisée des oppressions. On veut être sûres que leur santé et leur sécurité sont garanties», précise Isabelle Cousineau.