Motards à Ottawa: les mêmes motivations que les camionneurs

Manifestation pacifique de vendredi à dimanche

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La police estime que 350 motocyclistes ont convergé vers Ottawa du 29 avril au 1er mai, revendiquant la liberté de choix face aux mesures sanitaires. Photos: Mélanie Tremblay, Francopresse
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Publié 02/05/2022 par Inès Lombardo et Mélanie Tremblay

Environ 350 motards ont convergé vers Ottawa de ce vendredi 29 avril au dimanche 1er mai, revendiquant le droit à la «liberté de choix».

Des centaines de personnes s’opposant aux mesures sanitaires se sont jointes à eux. Plusieurs manifestants étaient déjà présents au convoi des camionneurs en février dernier.

Leur message reste le même: dénoncer les mesures sanitaires, mais «pacifiquement» cette fois, insistent-ils.

Contre les mesures sanitaires

«Je suis là parce qu’il faut que les mesures sanitaires cessent.»

Voilà le discours que tient Noah, une manifestante de la région de Sorel, au Québec, rencontrée au Monument de la Guerre samedi.

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Martin, Maxime et Noah, lors du rassemblement au Monument de la Guerre d’Ottawa, le 29 avril.

Le même message fait écho à celui du convoi des camionneurs de février dernier. Il est repris un peu partout au gré des témoignages recueillis en cette journée ensoleillée qui a rassemblé quelques milliers de personnes au centre-ville de la capitale fédérale.

C’est d’ailleurs une grande partie d’entre eux qui sont revenus vers Ottawa pendant la fin de semaine, sans camions cette fois.

Le conjoint de Noah, Maxime, développe en désignant son ami acadien établi dans la région d’Ottawa. «Lui, il faisait l’électricité au Coventry [un camp établi lors du convoi des camionneurs]. En février, on était là toutes les fins de semaine, essentiellement pour aider, apporter à manger, de quoi se réchauffer.»

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Le but était le même qu’en février: protester contre les mesures sanitaires.

Enquête sur les mesures d’urgence

«La seule fin de semaine où on n’est pas venus, c’est la fin de semaine où ils ont invoqué la Loi sur les mesures d’urgence», précise Noah.

Ce 25 avril, le premier ministre a désigné le juge ontarien Paul Rouleau pour présider la Commission chargée d’enquêter sur l’utilisation de la Loi sur les mesures d’urgence. La Loi oblige la création d’une telle commission.

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Invoquée pour la première fois le 14 février dernier, pour faire partir les manifestants qui occupaient le centre-ville d’Ottawa, la Loi spéciale a été révoquée le 23 février.

Malgré sept arrestations vendredi, et le remorquage de 24 véhicules, Noah assure que «c’était pacifique!». Au terme des manifestations, le service de police d’Ottawa confirme avoir procédé à 10 arrestations et avoir donné 761 constats d’infraction.

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Les policiers ont encadré les manifestants à moto.

La police a encadré les motards

À travers le bruit pétaradant des motos et l’odeur de l’essence, mélangée à la sauge, l’ambiance est globalement respectueuse.

De nombreuses insultes ont été lancées aux policiers impassibles, qui formaient un mur de protection pour laisser circuler les quelque 350 motocyclistes présents, selon les services policiers. Les agents ont dégagé sans ménagement quelques rares manifestants qui tentaient de passer.

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Jeremy Wanless fait partie du groupe de contremanifestation Solidarité Ottawa.

Jeremy Wanless, qui fait partie du groupe de contre-manifestation Solidarité Ottawa, est venu «comme observateur».

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«Même si je suis en désaccord avec les manifestants, je les soutiens. Parce qu’ils sont là sans violences. Et ça, c’est la liberté d’expression!», dit-il. «C’est la méthode de protestation que je veux voir au Canada. Il n’y a pas de camions, pas de klaxons comme en février, où c’était une occupation

Il s’est déplacé pour discuter avec les personnes qu’il désapprouve, pour connaître leur point de vue.

«Une manifestation dure généralement trois-quatre heures», ajoute-t-il.

«Si tu as besoin de rester plusieurs jours, si tu dis que tu ne pars pas si on ne te donne pas ce que tu veux, ce n’est pas une manifestation, c’est une prise d’otages!»

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Vétérans, motards et sauge

Derrière lui, un prêtre affilié à Veterans for Freedom (VF4) s’adresse au bon millier de personnes présentes en face du Monument de la guerre. «Je n’ai jamais été aussi fier de porter mon coquelicot! Les mandats de vaccins n’auraient jamais été levés sans les camionneurs en février!», assure-t-il.

V4F s’est associée à «Rolling Thunder» pour l’organisation de l’évènement.

Les deux groupes ont suivi un programme structuré étendu sur les trois jours du mouvement contre les mesures sanitaires.

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Sami Mandalawi, un vétéran, tient le kiosque d’information de V4F.

Sami Mandalawi, un vétéran, tient le kiosque d’information de V4F. Il explique que l’organisation s’est créée après un «réveil» déclenché par le convoi des camionneurs. Il est là pour promouvoir l’organisation qui compte 500 membres depuis sa création il y a quatre semaines.

V4F vise «ceux qui partagent notre point de vue sur les mandats vaccinaux. On devrait avoir le droit de faire nos propres choix pour notre santé. Notre gouvernement ne devrait pas outrepasser sa compétence», précise-t-il.

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En début d’après-midi samedi, la police d’Ottawa annonçait la fin du défilé des motocyclistes. Quelques centaines de personnes s’étaient déplacées sur la Colline du Parlement dans l’après-midi pour assister à des performances musicales et entendre des discours.

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À l’entrée de l’église Capital City Biker’s dans le quartier Vanier.

Rassemblement en prières

Dimanche matin, quelques centaines de participants ont convergé vers la Capital City Biker’s Church, dans le quartier Vanier, pour participer à un service religieux. C’était indiqué dans le programme transmis aux autorités,

Pendant la nuit du 30 avril au 1er mai, des vandales ont peint des messages haineux sur les parois extérieures de l’église. Dont «Pas de paradis pour les fascistes». La police d’Ottawa a ouvert une enquête pour méfait motivé par la haine à une institution religieuse.

En fin d’après-midi dimanche, le centre-ville d’Ottawa avait retrouvé son calme habituel.

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