Peau foncée, cheveux crépus, Sandra Laing est née un bébé noir de parents blancs en Afrique du Sud, en 1955, à l’époque de l’apartheid. Son cas demeure unique: cette enfant changera trois fois de couleur, avec les conséquences que cela entraîne. La journaliste new-yorkaise Judith Stone raconte ce drame dans un essai qui se lit comme un roman. Il s’intitule L’Enfant noire aux parents blancs: comment l’apartheid fit changer Sandra Laing trois fois de couleur.
Bébé blanc devient noir
Abraham Laing est un commerçant blanc en Afrique du Sud. Sa femme Sannie et leur fils Leon sont aussi blancs. Mais à sa naissance, leur fille Sandra est de couleur brun clair. Dans leurs droits de parents blancs, les Laing inscrivent leur fille à une école pour Blancs. À 10 ans, elle est expulsée et re-classifiée officiellement coloured.
La jeune Sandra Laing n’est plus autorisée à pénétrer dans un restaurant ou dans une salle de cinéma en compagnie de ses parents ou de ses frères. Ni de s’asseoir avec eux dans l’autobus, à l’église ou dans un jardin public. Elle ne peut plus vivre auprès de sa famille blanche, sinon en qualité de domestique.
Enfant biologique noir à deux parents blancs
Les parents Laing ont toujours affirmé, devant Dieu et les magistrats, que Sandra était «leur enfant biologique et non le fruit d’un adultère interracial». L’auteure ajoute que «des militants antiapartheid citèrent le cas de Sandra Laing en exemple pour mieux dénoncer le caractère arbitraire et aberrant, mais aussi la cruauté des lois de classification raciale».
Pour nous raconter avec précision cette histoire aberrante et compliquée d’apartheid, Judith Stone a interrogé la famille Laing, les amis de Sandra, ses camarades de classe, les parents d’enfants fréquentant l’école primaire, des, juristes, historiens, généticiens, sociologues, psychologues et journalistes.