Des ateliers de mentorat pour renforcer la voix des jeunes afro-descendants à Toronto

Le CICA célèbre son 7ᵉ anniversaire

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Les participants à l’atelier Art afro et affirmation identitaire du 13 septembre, animé par Yéléna Mensah. Photos: courtoisie CICA
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Publié 22/09/2025 par Hamza Ziad

Grâce au soutien financier de la Ville de Toronto, le Centre de l’identité et de la culture africaines (CICA) lance une nouvelle série d’ateliers de mentorat pour les jeunes afro-descendants francophones.

Cette initiative prolonge une première série estivale, qui avait réuni de nombreux participants autour de thèmes tels que la fierté identitaire, le leadership, l’entrepreneuriat, l’estime de soi et la littératie financière.

La programmation des prochains mois proposera de nouveaux espaces de réflexion et de dialogue. Les ateliers traiteront, entre autres, de l’engagement communautaire, du développement de carrière, de l’art afro et de l’affirmation identitaire. Ils mettront aussi l’accent sur la résilience et la recherche de l’excellence.

Pour Sandra Adjou-Moumouni Akiremy, fondatrice et directrice générale du CICA, cette démarche traduit une reconnaissance accrue de la communauté francophone. «La Ville de Toronto a eu pour ambition d’impliquer également les francophones dans des projets. Ils se sont rendu compte que c’est une communauté croissante.»

«Notre objectif est de permettre aux jeunes francophones, en particulier aux afro-descendants, de faire entendre leur voix et de renforcer leur présence dans la société torontoise.»

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L’importance du mentorat

Selon la vision du CICA, le mentorat constitue un instrument stratégique de premier plan. Il permet aux jeunes de gagner un temps précieux en accédant directement à l’expérience et aux conseils de personnes déjà établies. C’est un levier qui soutient la jeunesse afro-descendante francophone dans son cheminement personnel et son développement professionnel.

L’organisme accorde une attention particulière au choix des mentors. Tous sont des afro-descendants francophones, sélectionnés pour la pertinence de leur parcours et leur capacité à incarner des repères positifs.

Pour Sandra, cette orientation répond à une logique de représentation essentielle: «Pour nos jeunes afro-descendants, s’ils ont des mentors afro-descendants, ils vont se dire: il me ressemble, il l’a fait, donc moi aussi je peux réussir.»

«Le choix des mentors se fait également en fonction de personnes qui ont fait leurs preuves dans leur domaine d’expertise et qui s’imposent comme des figures reconnues au sein de la communauté.»

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Les participants à l’atelier Littératie financière et self-branding, animé par Joe Tamko.

Collaboration francophone: un défi à relever

Le manque de collaboration entre organismes francophones demeure une préoccupation récurrente. Chacun poursuit sa mission et concentre ses efforts sur la recherche de financements. Ainsi, une grande partie de l’énergie est consacrée à approcher les bailleurs de fonds plutôt qu’à bâtir des partenariats porteurs d’impact.

Pour la direction du CICA, il devient nécessaire de modifier cette dynamique. «À un moment donné de l’année, il faut qu’on s’arrête et qu’on essaye de déclencher des activités collaboratives avec les organismes francophones», explique Sandra.

Toutefois, une collaboration se développe autour de l’accueil de stagiaires. Plusieurs établissements d’enseignement francophones, parmi lesquels le Collège Boréal, l’Université de Hearst et l’Université d’Ottawa, confient leurs étudiants au CICA. L’objectif est de leur offrir un cadre professionnel structurant, un accompagnement rapproché et un coaching personnalisé.

Pour Fatoumata, ancienne stagiaire, l’expérience a été déterminante. «Mon stage au CICA m’a permis de découvrir le monde professionnel dans mon domaine d’études. J’ai bénéficié d’un encadrement attentif de la part de Sandra et ce fut une expérience très bénéfique.»

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Des participants à l’atelier Être équipé en santé mentale pour les jeunes. Photo: archives l-express.ca

Donner une juste place aux jeunes afro-descendants

«L’une des raisons derrière la création du CICA est que la communauté immigrante, et en particulier la communauté afro-descendante, rencontre certains défis», explique Sandra. Elle évoque notamment les clichés qui laissent croire que les nouveaux arrivants doivent toujours commencer «au bas de l’échelle», quelles que soient leurs compétences ou leur expérience.

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L’objectif du CICA, ajoute-t-elle, est d’accompagner les jeunes afin de leur faire connaître leur vraie valeur dans la société et de rappeler qu’«il n’y a pas de différence en termes de compétences ou de potentiel entre un immigrant et une personne établie ici».

Alors que l’organisme vient de célébrer son septième anniversaire, sa mission demeure également tournée vers la transmission culturelle au sein des familles. «L’une de nos priorités est d’inciter les parents à transmettre les valeurs de leur pays d’origine et leur culture à leurs enfants.»

Elle insiste enfin: «Nous devons transmettre à ces jeunes les aspects positifs de leurs cultures, et non pas uniquement le volet lié à l’esclavage lorsqu’il est question de l’histoire des Noirs.»

Yéléna Menssah et Sandra Adjou Akiremy lors de l’atelier Art afro et affirmation identitaire.

Entre ressources limitées et mobilisation des jeunes

Comme plusieurs acteurs communautaires, le CICA fait face à des contraintes qui freinent son développement.

Le premier enjeu est celui du financement durable. Les ressources disponibles existent, mais elles sont principalement octroyées sous forme de projets ponctuels. Cette logique rend difficile la planification à long terme, empêche le recrutement de personnel supplémentaire et limite la possibilité d’assurer une stabilité aux équipes en place.

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Un second défi tient à la particularité de la clientèle. L’organisme s’adresse à des jeunes afro-descendants francophones, souvent issus de familles où les parents cumulent deux emplois ou traversent encore leur propre processus d’intégration.

Cette réalité complique leur disponibilité et réduit parfois leur implication dans les activités proposées. Les jeunes, de leur côté, ont besoin d’un accompagnement constant, mais leur contexte familial rend cette tâche plus complexe.

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