Décès de Keith Spicer, le premier commissaire aux langues officielles

Keith Spicer
Keith Spicer. Photo: capture d'écran par l-express.ca de la vidéo promotionnelle de son livre Paris Passions.
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Publié 24/08/2023 par l-express.ca

Le premier commissaire aux langues officielles du Canada, l’ex-universitaire et journaliste Keith Spicer, est décédé ce jeudi 24 août à Ottawa, à l’âge de 89 ans.

«Il y a un demi-siècle, Keith Spicer a assumé la lourde tâche de veiller au respect d’une toute nouvelle loi à une époque où tout restait à faire, tant au niveau de la compréhension des obligations linguistiques que de l’acceptation sociale de l’idée même de deux langues officielles», a déclaré Liane Roy, la présidente de la Fédération des communautés francophones et acadienne du Canada (FCFA).

«Il s’est acquitté de cette responsabilité avec patience, persistance et éloquence.»

Keith Spicer
Publication du Commissariat aux langues officielles du Canada sur le réseau social X. Universitaire et fonctionnaire, Keith Spicer avait commencé sa carrière en tant que professeur à l’Université d’Ottawa au début des années 1960 et a été chercheur sur le bilinguisme et le biculturalisme. Il été nommé commissaire aux langues officielles du Canada en 1970 par le premier ministre Pierre Elliott Trudeau, un an après l’adoption de la Loi sur les langues officielles du Canada.

Époque effervescente

«Le mandat de M. Spicer, de 1970 à 1977, est aussi la période qui a vu les communautés francophones et acadiennes se lever, se doter d’organismes nationaux comme la FCFA et revendiquer un appui du gouvernement fédéral en vertu de cette nouvelle Loi sur les langues officielles.»

«Keith Spicer a ouvert la porte et contribué à mettre en mouvement tout ce qui a suivi, jusqu’à la modernisation historique de la Loi sur les langues officielles il y a deux mois à peine.»

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«La dualité linguistique vient de perdre un ambassadeur hors pair. La francophonie canadienne vient de perdre un ami.»

Une vie consacrée au bilinguisme

Le premier ministre Justin Trudeau lui a également rendu hommage:

Pierre Elliott Trudeau a fait adopter la première Loi sur les langues officielles du Canada en 1969.

«Élevé dans une famille anglo-canadienne unilingue à Toronto, Keith Spicer a consacré sa vie à la promotion du bilinguisme et à la défense du français dans les institutions et les médias canadiens.»

«Grâce à son leadership visionnaire, à ses talents de négociateur et à son honnêteté, il a aidé à mobiliser le soutien du public canadien à l’égard de la Loi sur les langues officielles et a défendu les droits des minorités francophones partout au Canada.»

«Ses décennies de travail acharné ont contribué à façonner le paysage linguistique du Canada tel que nous le connaissons», a ajouté le premier ministre Justin Trudeau. «C’est un flambeau que nous continuons à brandir haut en cherchant à établir l’égalité réelle du français et de l’anglais au Canada.»

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Le premier au monde

«C’est un choc d’apprendre la nouvelle», se désole François Larocque, titulaire de la Chaire de recherche, Droits et enjeux linguistiques de l’Université d’Ottawa, en entrevue avec Francopresse.

Le professeur François Larocque
François Larocque

«Ce n’était pas que le premier au Canada, mais le premier au monde. Jamais un autre pays n’avait créé un poste comme ça.»

«Je pense qu’on peut saluer le sérieux et l’aplomb avec lequel il a mené ce dossier pendant qu’il était en fonction» (de 1970 à 1977).

Au cours de son mandat, note encore Francopresse, Keith Spicer aura insisté sur le respect des deux langues au sein de l’appareil gouvernemental, fait la promotion de l’immersion française dans les écoles anglophones et participé à la création de Canadian Parents for French.

Commissaire proactif

L’essayiste Yves Breton, qui a été directeur au Commissariat aux Langues officielles de 1973 à 1995, nous écrit que «Keith Spicer a été un Commissaire éclairé, ingénieux, proactif et nettement supérieur».

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Yves Breton

Dans son livre Drôle de vie que voilà!, il note le rôle exceptionnel de Keith Spicer «dans la définition des droits linguistiques du public et des employés de l’appareil fédéral en vertu de la Loi sur les langues officielles (LLO) de 1969 qui, il faut bien le dire, était plutôt faiblarde».

«Les vérifications, larges et englobantes, menées de sa propre initiative, firent de lui un commissaire proactif, dynamique et promoteur des droits linguistiques.»

«Rappelons que l’iniquité en matière de participation francophone et de langue de travail dans l’appareil fédéral était criante. Il fallait du courage pour s’attaquer à ces volets des problèmes. Honneur au mérite.»

Paris Passions, un essai de Keith Spicer.
Paris Passions, un essai de Keith Spicer.

Amoureux de Paris

Keith Spicer a été journaliste – rédacteur en chef du journal Ottawa Citizen – et animateur de télévision. En 1989, il a été nommé président du Conseil de la radiodiffusion et des télécommunications canadiennes.

Il s’est installé à Paris, en France, en 1996, où il est demeuré un conférencier et écrivain prolifique. Il a notamment publié Paris Passions, un essai sur les Français qu’il jugeait «brillants et bizarres».

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