Décès de Brian Mulroney: «l’honneur et l’enthousiasme»

Brian et Caroline Mulroney
Brian et Caroline Mulroney. Photo: archives l-express.ca
Partagez
Tweetez
Envoyez

Publié 01/03/2024 par François Bergeron

«Le nom de Brian Mulroney demeurera toujours rattaché à la [réforme de 1988 de la] Loi sur les langues officielles, qui a élargi la place faite aux communautés francophones et acadiennes dans la politique linguistique canadienne.»

C’est ce qu’a souligné Liane Roy, la présidente de la FCFA (Fédération des communautés francophones et acadienne du Canada) à l’annonce du décès, ce 29 février, du 18e premier ministre du Canada, en poste de 1984 à 1993.

Brian Mulroney était «un homme qui croyait profondément à la francophonie partout au pays, et qui l’a montré en étant disposé à inclure des dispositions en faveur de nos communautés», dans les projets de réformes constitutionnelles du Lac Meech et de Charlottetown, qui n’ont pas abouti.

Brian Mulroney
Brian Mulroney. Photo: Wikimedia Commons 2011

Caroline Mulroney

Cette disparition de Brian Mulroney, inattendue malgré ses 84 ans, marque les Franco-Ontariens puisque sa fille Caroline Mulroney – l’une des quatre enfants de Brian et Mila – est ministre des Affaires francophones de l’Ontario, ainsi que présidente du Conseil du Trésor.

C’est elle qui a annoncé le décès de son père sur les réseaux sociaux, alors qu’elle devait participer à la soirée d’ouverture du Salon du livre de Toronto, dans l’agora de l’Université de l’Ontario français. C’est la sous-ministre aux Affaires francophone, Roda Muse, qui l’a remplacée et lu son discours, encore dans l’ignorance de la raison de son absence.

Publicité

«Au nom de ma mère et de notre famille, c’est avec une grande tristesse que nous annonçons le décès de mon père», a déclaré Caroline Mulroney. «Il est mort paisiblement, entouré de sa famille.»

Rapprocher les «deux solitudes»

Originaire de Baie Comeau, au Québec, et chef d’une grande entreprise du secteur minier, l’Iron Ore, il s’est fait connaître comme membre d’une commission d’enquête très médiatisée sur la corruption dans l’industrie de la construction.

Sur la scène politique canadienne, il a oeuvré à rapprocher les «deux solitudes»: francos et anglos. Son rêve – inachevé – était que les Québécois intègrent la Constitution canadienne «dans l’honneur et l’enthousiasme».

L’échec de ses réformes constitutionnelles a provoqué le départ de son ministre Lucien Bouchard, fondateur du Bloc québécois, et amené le premier ministre du Québec Jacques Parizeau à organiser en 1995 le deuxième référendum sur la souveraineté du Québec, remporté par une marge de 1% des suffrages par le camp du «non» (fédéraliste).

Publicité

Le Parti progressiste-conservateur s’est étiolé après le départ de Brian Mulroney, contesté par le Reform Party de Preston Manning, puis par l’Alliance canadienne de Stephen Harper, fusionnée avec le Parti progressiste-conservateur pour devenir le Parti conservateur d’aujourd’hui.

reine Elizabeth II, décès, deuil
L’ancien premier ministre Brian Mulroney et son épouse Mila, avec le maire d’Ottawa, Jim Watson, en 2022. Photo: Inès Lombardo, Francopresse

Avec Reagan et Thatcher

Brian Mulroney a dirigé le Canada en même temps que Margaret Thatcher au Royaume-Uni, Ronald Reagan aux États-Unis et Mikhaïl Gorbatchev en URSS, organisant notamment la lutte mondiale contre les «pluies acides» et contre l’apartheid en Afrique du Sud, et assistant à la chute du Mur de Berlin et du communisme en Europe de l’Est.

C’est lui qui a fait négocier et adopter l’Accord de libre-échange nord-américain, l’ALENA Canada-États-Unis-Mexique. Et c’est sous son gouvernement qu’a été instituée l’impopulaire taxe fédérale sur les produits et services (TPS), dont Brian Mulroney, à la blague, rejetait parfois la responsabilité sur son ministre des Finances Michael Wilson.

Les hommages à Brian Mulroney ont fusé de partout, à commencer par ceux de l’actuel premier ministre libéral Justin Trudeau et du chef conservateur Pierre Poilievre.

Ce dernier indique: «Je lui serai toujours reconnaissant pour ses conseils francs et son généreux mentorat à mon égard. Tous les Canadiens lui sont reconnaissants de l’héritage durable qu’il nous laisse.»

Publicité

Auteurs

  • François Bergeron

    Rédacteur en chef de l-express.ca. Plus de 40 ans d'expérience en journalisme et en édition de médias papier et web, en français et en anglais. Formation en sciences-politiques. Intéressé à toute l'actualité et aux grands enjeux modernes.

  • l-express.ca

    l-express.ca est votre destination francophone pour profiter au maximum de Toronto.

Partagez
Tweetez
Envoyez
Publicité

Pour la meilleur expérience sur ce site, veuillez activer Javascript dans votre navigateur