Croisière intimiste: cap sur les Seychelles

Saturée de l’agitation et du bruit qui remplit notre monde en ce moment, je largue les amarres pour déconnecter et partir à la rencontre d’une nature à la fois sauvage, sensuelle et préservée. Cap sur les Seychelles.

Pas question de renouer avec le tourbillon humain des grands navires de croisière. J’opte pour le Pégasos, petit bateau de la flotte grecque Variety Cruise.

Celui-ci m’attend sagement à Mahé, l’île principale de l’archipel situé au large des côtes de l’Afrique de l’Est. En cette fin de saison des pluies, je n’aurai à bord que 20 personnes sur 40, la capacité maximale du navire. Mon voyage en mer peut commencer.

Une destination de rêve

Égrenées dans les eaux saphir de l’océan indien, les Seychelles offrent au voyageur des paysages d’une beauté inouïe. Immenses plages de sable blanc bordées de cocotiers, formations granitiques insolites, forêts tropicales sanctuaires d’oiseaux endémiques, mangroves, fonds marins poissonneux… Tout est réuni pour me séduire, moi qui suis en quête d’authenticité et de connexion avec la nature.

Sur l’île Curieuse, je me ferai de nouvelles amies. Les tortues géantes de 120kg, se promènent ici tranquillement en toute liberté et viennent vers moi, intriguées par la présence de cette bipède parmi elles. Pouvant vivre jusqu’à 160 ans, elles règnent en maîtres sur ce beau caillou en partie grignoté par la mangrove ainsi que sur d’autres îles de l’archipel.

Cousin et Aride sont deux autres paradis qui m’ont séduite, car vierges de toute civilisation. Je rencontre sur la première des frégates et des sternes blanches avec leurs petits qui viennent de naître et qui ne bougent pas de leur arbre, à seulement quelques pas de moi. Je m’émerveille devant le vol gracieux des pailles-en-queue et de foudis des Seychelles.

Je suivrai avec émotion la petite course de bébés tortues vers la mer et m’abandonnerai au soleil sur des plages désertes, léchées par des eaux cristallines.

Les monolithes, les plantations de vanille et les plages de rêves de la Digue, ainsi que la réserve naturelle La Vallée de Mai, classée à l’UNESCO, avec ses espèces endémiques (dont les célèbres cocos-fesses de Praslin et le perroquet noir) sont d’autres merveilles qui attisent mes sens et qui, en cette fin de saison des pluies, sont encore relativement peu visitées.

Les collines verdoyantes de Moyennes ainsi que ses baies protégées du vent et ses fonds marins me transportent dans une autre dimension où tout n’est que beauté, calme et volupté.

Éloge de la lenteur

Les Seychelles sont une destination qui ne tolère pas de «hold up». Il ne s’agit pas de «faire les Seychelles», mais de dialoguer avec elles. De les apprivoiser.

Pour cela, mon voyage en mer est idéal. Je ne fais qu’un avec les éléments. Je laisse derrière moi sollicitations visuelles et auditives, stress et béton. J’invite le silence et le bleu à m’envahir. J’habitue mes yeux à ne se poser sur rien d’autre que l’infini. Je comprends enfin ce que le vent murmure et ce que me disent ces cailloux granitiques qui sortent leur tête çà et là.

Je me couche quand le jour s’achève, je me lève avec la lumière et deviens attentive aux frissons sous la surface de l’eau et aux froissements des feuilles sur la terre que je foule.

Une nature préservée

L’écosystème que je visite reste fragile et subit les conséquences du réchauffement climatique (comme ces cimetières de coraux blanchis que j’ai pu tristement observer durant mes plongées) et de la pollution.

Mais le gouvernement seychellois, les associations et certaines petites croisières joignent leurs forces pour la protection de cet environnement spectaculaire. L’interdiction du plastique, le nettoyage des plages, le développement de pépinières de corail, la replantation, l’entretien des forêts, la sensibilisation des visiteurs, la régulation des flux touristiques et la protection de la faune et de la flore sont une priorité en vigueur dans ce coin-ci du globe.

Une compagnie de croisière au diapason des îles

La compagnie Variety Cruise joue sa part en cuisinant avec des ingrédients locaux, en réduisant le gaspillage et en proposant, dans chaque cabine, des gourdes à remplir à la fontaine dans le salon pour ne pas utiliser de plastique.

Par ailleurs, la volonté affichée de la compagnie de croisière grecque de faire naviguer des bateaux aux dimensions modestes permet d’aider à préserver les fonds près des côtes.

À bord, le silence et les conversations qui ont du sens primeront sur la musique et les annonces au micro. Le capitaine, comme le reste de l’équipage, est toujours présent et disponible pour les passagers. Ils contribuent à notre bien-être, mais aussi à notre culture et à notre compréhension de la destination, transformés au fil de leurs navigations en encyclopédies vivantes.

L’itinéraire (adaptable à la météo) est un subtil mélange de terres vierges et d’îles où l’on peut observer les artisans vendre leur travail, se mêler aux familles locales pour jouer et nager dans la mer ou écouter un garde forestier parler de son travail de suivi et d’étude des animaux endémiques à l’île.

Profiter d’un temps de navigation pour lire sur le pont fait également partie du programme. Plonger du bateau tôt le matin ou à partir d’un pneumatique qui nous emmène au large m’ont permis de plonger dans le monde de Némo, au milieu de poissons-clowns, perroquets, de suivre une tortue de mer ou une murène serpentant dans les algues, d’observer de petits requins et de chercher des raies.

Et le soir, le nez planté dans le ciel, je chercherai parmi les nombreuses étoiles, celles qui filent en emportant mes rêves.

«Le monde est meilleur depuis la mer.» Cette devise de Variety Cruises mérite qu’on s’y attarde.