De la covid à l’Ukraine, Natalia Kusendova soigne par la politique

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Natalia Kusendova (drapeau canadien) à une manifestation de soutien à l'Ukraine à Mississauga.
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Publié 14/03/2022 par Émilie Gougeon-Pelletier

Elle est infirmière auxiliaire, étudiante à la maîtrise et députée de Mississauga-Centre à l’Assemblée législative de l’Ontario. Avec quelques minutes de retard à l’entrevue, Natalia Kusendova, femme aux mille et un chapeaux, s’excuse: «Désolée pour le retard, j’aidais des résidents de ma circonscription à trouver de l’aide pour les victimes de la guerre en Ukraine.»

natalia kusendova
Natalia Kusendova, infirmière.

Améliorer le système de santé

Polonaise d’origine, Natalia Kusendova s’est lancée en politique parce qu’elle voulait remédier au manque à gagner dans le système de la santé. Infirmière de carrière, elle était au premier rang pour témoigner de ce qui clochait dans les hôpitaux ontariens.

«Je voulais changer les façons de faire, comme les soins de santé de couloir que je voyais en tant que jeune infirmière, plutôt que de simplement me plaindre quand je n’aime pas ce que je vois», dit-elle.

«Je voulais représenter le changement, ce que je désirais changer dans le monde. Je sais que cela semble très cliché, mais c’est pour ça que je me suis lancée en politique.»

Florence Ngenzebuhoro Natalia Kusendova
Natalia Kusendova (à droite) accompagnant la directrice générale du Centre francophone du Grand Toronto, Florence Ngenzebuhoro, lors d’une opération de distribution d’aide alimentaire pendant la pandémie en mai 2020.

Appui à la diaspora ukrainienne

Depuis une semaine, et deux ans après avoir fait son grand retour à l’hôpital pour aider ses collègues à combattre la pandémie de covid, elle dit travailler sans arrêt pour appuyer la diaspora ukrainienne de sa circonscription, qui vit un deuil inimaginable, et pour envoyer des fournitures médicales en Ukraine.

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Quand les Progressistes-Conservateurs étaient dans l’opposition, sous Patrick Brown, c’est Natalia Kusendova qui était chargée de tendre la main à la communauté ukrainienne.

C’est donc avec un rolodex rempli de contacts au sein de cette communauté et dans le domaine de la santé qu’elle fait aujourd’hui œuvre utile.

«Hier, on m’a appelée pour me dire qu’un hôpital de Kyiv était en manque d’insuline. On me demandait de vérifier si je pouvais trouver un moyen d’envoyer de l’insuline à partir de la Pologne. Depuis une semaine, c’est comme ça, ça n’arrête pas. Les gens essaient vraiment de s’organiser et parfois, tout ce qu’il faut, ce sont les bons contacts.»

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Natalia Kusendova (tenant le drapeau canadien) à une manifestation de soutien à l’Ukraine le 25 février devant le consulat de ce pays à Toronto. En compagnie, notamment, d’Oleksander Shevchenko, consul général d’Ukraine à Toronto (drapeau ukrainien) et, à sa gauche, de Tudor Alexis, consul de France à Toronto. Aussi présents: d’autres élus provinciaux et fédéraux canadiens, et des représentants d’autres pays comme la Croatie, l’Espagne, la Grèce, la Pologne.

Sa famille vit en Pologne, près de l’Ukraine

La diaspora ukrainienne au Canada, qui compte 1,4 millions d’individus, est la deuxième plus grande après la Russie. On retrouve plus de 375 000 Ukrainiens en Ontario. Plusieurs habitent dans la circonscription de Mississauga-Centre de Natalia Kusendova.

Ce qui est bouleversant, souligne la principale intéressée, c’est que la plupart des réfugiés qui tentent de venir au Canada sont des femmes, des enfants et des aînés, puisque les hommes se sont enrôlés dans la milice pour protéger l’indépendance de leur pays.

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«Même si je suis ici au Canada, cela me touche de très, très près puisque ma famille en Pologne vit tout près de la frontière, à 50 kilomètres. Ces histoires de guerre et d’occupation, je les ai entendues de ma grand-mère, en grandissant.»

«En Pologne, le communisme est tombé l’année de ma naissance. Les blessures ne sont pas encore guéries… Et nous y revoilà!»

La députée Natalia Kusendova et la directrice du Centre francophone du Grand Toronto, Florence Ngenzebuhoro, à l’inauguration de l’antenne du Centre à Mississauga en 2019.

D’un combat à l’autre

C’est donc un nouveau combat que mène Natalia Kusendova.

Pendant la pandémie, c’est la lutte contre la covid qui prenait presque tout son temps… Que ce soit à l’hôpital en soignant ses patients ou à Queen’s Park en prenant part à l’élaboration des politiques.

Dans le cadre de ses fonctions d’adjointe parlementaire de la ministre des Affaires francophones, Caroline Mulroney, elle a notamment déposé une motion, en octobre dernier, visant à améliorer l’accessibilité au français dans les foyers de soins de longue durée.

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La francophile déplorait que certaines familles doivent parfois faire le choix déchirant entre un établissement anglophone à proximité ou un établissement francophone à trois, quatre heures de route.

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Natalia Kusendova fait du porte à porte dans sa circonscription provinciale de Mississauga-Centre.

Désaccords avec les syndicats d’infirmières

Natalia Kusendova appuie fermement les décisions de son gouvernement en santé. Ce n’est pourtant pas le cas pour plusieurs de ses collègues infirmières.

Lundi, les quatre principaux syndicats du domaine de la santé, qui représentent 220 000 travailleurs de la santé de l’Ontario dont 85 000 infirmières, n’ont pas mâché leurs mots, dans une lettre envoyée au premier ministre Doug Ford en réaction à une annonce faite cette journée-là.

Le gouvernement Ford s’est engagé à dépenser 763 millions $ pour offrir aux infirmières de la province une prime de 5 000 $.

Toutefois, les syndicats ont insisté pour affirmer qu’il ne s’agit là que d’un cadeau électoral… Que la province n’a toujours pas offert aux infirmières ce qu’elles veulent vraiment: l’annulation du projet de loi 124, qui empêche les travailleurs du secteur public de demander une augmentation salariale de plus de 1% par année.

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Ce projet de loi, mis sur pied avant la pandémie, visait principalement le secteur public et «moins de 1% des travailleurs affectés sont des infirmières», note Mme Kusendova.

La députée Natalia Kusendova (à droite) a travaillé comme infirmière au Etobicoke General Hospital pendant la pandémie en 2020.

La reprise économique passe par les femmes

Pour sortir de la pandémie, il faudra faire briller les femmes, estime la députée.

Selon Mme Kusendova, cela comprend l’augmentation, par l’entremise des financements de programmes, de la représentativité des femmes dans les milieux professionnels où elles sont traditionnellement sous-représentées, tels que la science, la technologie, l’ingénierie et les métiers spécialisés.

Le gouvernement Ford investit aussi dans des programmes visant à offrir notamment de la formation à l’emploi et en entrepreneuriat aux femmes à faible revenu, soutient-elle.

Kusendova, drapeau franco-ontarien
La députée Natalia Kusendova et le premier ministre Doug Ford, lors du Jour des Franco-Ontariens 2021 (25 septembre).

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