Copenhague, selon Hans Christian Andersen

Alors que sort au cinéma la nouvelle adaptation de Walt Disney de La petite sirène, je boude les salles obscures pour rejoindre la seule, la vraie, l’unique Ariel, celle qui fait la renommée de son berceau: Copenhague.

Je ne savais pas vraiment quoi attendre de cette ville que je rattachais principalement à l’écrivain Hans Christian Andersen qui y a écrit ses œuvres.

Aussi suis-je charmée à mon arrivée (sous un beau ciel bleu) par le vent de gaieté et d’insouciance qui souffle sur la capitale du Danemark.

Capitale décontractée

Est-ce dû au nombre impressionnant de cyclistes (j’apprendrai qu’ici il y a plus de vélos que d’habitants), à l’attitude décontractée des gens, aux musiciens qui jouent çà et là ou aux canaux qui coupent la ville et confèrent en cette période de jours sans fin une ambiance estivale débonnaire ?

Quoi qu’il en soit, je me laisse porter par cette bonne humeur contagieuse et laisse mes premiers pas me conduire jusqu’au quartier prisé et coloré de Nyhavn.

C’est certainement le lieu le plus touristique de Copenhague avec ses terrasses au bord de l’eau, ses ponts ou se croisent touristes, amoureux et familles et ses bateaux qui vous emmènent à la découverte de la ville.

Copenhague et ses canaux

Au milieu des accords d’accordéon et des glaces colorées qui fleurissent aux mains des passants, je me fraie un passage jusqu’à un embarcadère.

J’opte pour une heure de promenade qui me permet d’admirer, à la lumière rasante d’une fin de journée, l’architecture superbe de l’Opéra, de l’Académie des beaux-arts ou encore l’intrigant toit torsadé de l’église Saint-Sauveur.

Pour avoir vu depuis le canal la statue de la Petite Sirène, emblème de la capitale danoise, je décide de traverser la ville à pied pour aller la contempler depuis la terre ferme.

Ma promenade m’amène à passer devant de jolies boutiques et des immeubles élégants ornés de «bow windows».

Je m’arrête au pied d’une colline surmontée d’une église. Au milieu d’une étendue d’eau, je surprends une grenouille sauter depuis une feuille de nénuphar et disparaître sous la surface. Verrais-je sur cette feuille la Petite Poucette du conte d’Andersen?

Sirène mélancolique

Je dépasse un beau moulin, une fontaine étrange et géante, un fort militaire et arrive en contrebas, dans le parc Churchill devant la statue en pierre verte de la sirène.

Toute petite, elle semble fragile et perdue au milieu de notre monde industrialisé et des foules d’admirateurs. Loin de l’ardente Ariel de Walt Disney, la petite femme-poisson danoise évoque davantage la mélancolie et la compassion du conte d’Andersen.

C’est un vol d’oies sauvages dans le ciel (qui lui inspirèrent une autre histoire) qui me détourne de la Petite Sirène et m’entraîne vers le Château de Rosenborg au centre-ville. Ce château, dont la construction date du début du XVIIe siècle, renferme 400 ans de trésors royaux.

Entouré d’eau, bordé d’un joli jardin en labyrinthe, il semble regarder paisiblement le grand parc où locaux et touristes viennent prendre le soleil, lire ou jouer avec leurs enfants. Douce parenthèse verte au cœur de la capitale.

Châteaux et boutiques

Puisque c’est à Andersen que j’impute la curiosité de Copenhague, je décide de la parcourir à la recherche de quelques symboles qui m’ont touchée dans ses contes.

C’est ainsi que, pensant au Petit Soldat de Plomb, je vais m’arranger pour observer la relève de la garde royale devant le Palais d’Amalienborg. De soldat à garde, dans mon ignorance, il n’y a qu’un pas.

Puis c’est la tour ronde qui m’évoque les yeux démesurés du grand chien dans Le Briquet d’argent que je vais aller contempler. Construite au milieu du XVIIe siècle, elle trône dans le quartier historique d’Indre By où l’on vient faire ses courses et se retrouver en famille ou entre amis.

Deux artères parallèles font le bonheur des accrocs au magasinage où les grandes marques Chanel, Hugo Boss, Pradacôtoient les enseignes internationales Zara, H&M…

Les jardins de Tivoli

En marchant jusqu’au bout de la rue Strøgert j’arrive devant la statue de Hans Christian Handersen. En suivant son regard, je tombe sur les jardins de Tivoli.

J’entre donc dans ce parc d’attractions. C’est un incontournable des familles copenhagoises, qui viennent piqueniquer, embarquer à bord de manèges à sensations, assister à un spectacle de marionnettes, déambuler dans les jardins bordant un plan d’eau où les cygnes évoluent gracieusement.

À partir du 1^er juin, chaque samedi à minuit, le parc s’illumine de feux d’artifice. L’ambiance est à la fête.

Christiania

Désireuse de retrouver l’eau, je m’aventure à nouveau près des canaux où les habitués viennent déjeuner à bord d’un bateau ou vendre leurs vêtements et livres sur des étals.

Je traverse le pont qui m’amène sur l’île de Papier pour manger dans le célèbre marché du Street Food. Ambiance festive assurée.

Et pour rester sur le tempo, je m’aventure à Christiania, quartier hippie entièrement tagué.

Construit sur le terrain d’une ancienne caserne par des squatteurs et des chômeurs, on y trouve des vêtements indiens, des substances plus ou moins légales, des orchestres rock et folk, un café et une boutique «bio», un skate park… Une véritable curiosité.

Promenades bohèmes

Lorsque la nuit tombe et qu’une autre fièvre s’empare de la ville, je continue mes promenades citadines, du quartier bohème de Nørrebro, où se mêlent joyeusement étudiants et immigrants à celui, branché, de Vesterbro dont la mauvaise réputation a cédé la place aux boîtes et bars festifs.

Ici, point de pauvre Petite fille aux allumettes, mais une activité nocturne certaine.

Préférant le calme à l’agitation, je retraverse un pont et longe le canal, côté Christianshavn, quartier néerlandais de Copenhague. Sur le quai bordé de jolies maisons, l’âme est au repos et le cœur tranquille.

Vous l’aurez compris, Copenhague est une ville coup de cœur, très agréable à découvrir à la fin du printemps quand les journées sont longues et ensoleillées, et l’humeur à la fête.

Je ne regrette pas d’avoir décidé d’aller rencontrer la petite sirène dans sa ville plutôt que d’aller la voir au cinéma.