Essaouira, la belle Marocaine alanguie

Essaouira, Maroc
Les emblématiques barques bleues d'Essaouira, au Maroc. Photos: Aurélie Resch
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Publié 06/11/2022 par Aurélie Resch

Le jour se lève sur la ville endormie. Les toits blancs d’Essaouira, au Maroc, se découpent sur le ciel pâle. Les terrasses au sommet des habitations carrées sont encore vides, comme les ruelles dans lesquelles quelques chats paresseux s’étirent. L’océan est à ce moment assoupi et les mouettes glissent silencieusement leurs ailes sous le vent.

C’est un moment que l’on étire et qu’on abandonne au vent, les mains refermées sur un thé à la menthe, une crêpe dans l’assiette que semblent convoiter les mouettes nullement effarouchées par ma présence.

Tout à l’heure, quand les habitants regagneront leur travail, il sera temps d’aller se perdre dans les ruelles de la médina inscrite au patrimoine mondial de l’UNESCO.

Essaouira, Maroc
Les remparts d’Essaouira.

Ancien port de commerce international

Sentinelle, face à l’Atlantique, celle que l’on surnommait Mogador («la petite forteresse») sous le protectorat français de 1912 à 1956, fut un port de commerce international d’envergure ainsi qu’un modèle de ville multiculturelle et multiconfessionnelle.

Située à 170km au nord d’Agadir, elle fut construite au XVIIIe siècle. Elle garde son cachet et son aura de naguère offrant aujourd’hui une douceur rare dans le paysage citadin marocain.

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Rebaptisée Essouira par les autorités marocaines en 1956, «La bien conçue» porte bien son nom et offre au visiteur un dépaysement total dans un décor esthétique et gracieux.

Essaouira, Maroc
Scène de rue à Essaouira.
Essaouira, Maroc
Au marché d’Essaouira.

Essaouira face à l’Atlantique

Lorsqu’on arrive par la mer, on ne peut que s’émerveiller devant cette ville blanche sertie par une muraille ocre, vrai rempart contre les flots de l’océan Atlantique devenant tumultueux lorsque le vent souffle ou quand le soir approche.

À mon arrivée, passée la porte (Bab) Al Marsa, je découvre avec émerveillement un port de pêche animé. Des centaines de barques bleues entre lesquelles s’affairent les pêcheurs oscillent sur l’eau et offrent une image de carte postale.

Il semble que ce bout de terre qui vient mourir dans la mer est le cœur névralgique d’Essaouira.

Essaouira, Maroc
Filets de pêcheurs devant la médina.

Pêcheurs prospères

Les pêcheurs poussent leurs charrettes pleines de produits de la mer entre des étals qui offrent tout ce que l’océan compte comme vie marine: thons, congres, requins, murènes, pieuvres, crabes, moules, crevettes, huîtres, homards, St-Pierre…

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Les mâts des gros bateaux cliquent, les filets recouvrent le sol. Volatiles, quadrupèdes et humains y trouvent leur compte et forment un ballet étourdissant que l’on ne retrouvera pas ou à moindre mesure dans la médina.

En effet, l’intérieur des fortifications de l’ancienne Mogador semble protéger un calme, une sérénité étonnante et fort agréable.

poissons
La pêche du matin.

Dans les quartiers populaires d’Essaouira

Trouée de Babs (portes), Essaouira inspire la curiosité. Je déambule sur des places où jouent des musiciens, dans des allées pavées ou en terre, bien entretenues et propres où je m’arrête regarder les toiles de peintres et les créations en bois de thuya, véritables joyaux de l’artisanat local.

Je m’aventure sous des arches pour découvrir des quartiers populaires où les locaux viennent travailler ou faire leurs courses.

Les Souiris sont souriants et avenants et il est agréable de s’arrêter discuter un moment avec eux. On échange à propos de la famille, de nos enfants respectifs, du climat, du Covid, du tourisme, de littérature. On partage un thé royal (thé vert, gingembre, cannelle, badiane, menthe pouliot, cumin).

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On prend le temps. C’est ce que j’aime à Essouira. La tranquillité. Le temps. Le partage.

Un herboriste qui m’offre quelques pâtisseries que sa femme lui a données pour sa journée dans sa boutique me confie que l’iode et les algues qui sèchent au soleil opèrent une magie sur les comportements. Comme une drogue. Elle calme les esprits. Je souris. Pourquoi pas. Je m’y fais bien depuis quelques jours.

Essaouira, Maroc
Porte.
Essaouira, Maroc
Porte.
porte
Porte.

Harmonie pas que de façade

Si le sel et l’érosion rongent les maisons, la ville garde une architecture harmonieuse et un cachet désuet.

Les bougainvilliers recouvrant les murets, les façades ambrées des mosquées, le minaret qui apparaît entre les franges d’un palmier, le front de porte ciselé d’arabesques, le sable de la plage que le vent dépose entre les pierres des rues…

On est bien sur le continent africain. Et pourtant, étonnement, je découvre à Essouira une église (Notre Dame de l’Ascension). En diagonale, à l’autre bout de la médina, j’entre dans la synagogue Slat Lkahal, où un guide me raconte l’importance de la communauté juive dans l’histoire de la ville.

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Mogador, témoin toujours d’une tolérance exemplaire pour les religions et les cultures du monde.

Essaouira, Maroc
Pâtisseries.
noix
Noix.

Chaque jour, une découverte

Chaque jour qui passe est une découverte.

Marché aux poissons où s’amassent les Souiris et où les voyageurs trouvent poteries, miel et huile d’argan, herbes et épices à très bons prix.

Rue marchande où l’on peut négocier le prix des portefeuilles et sandales en cuir.

Cour intérieure où se regroupent les bijoutiers de la médina.

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Rue des cordonniers où l’on peut se faire ajuster sa ceinture.

Petite ruelle où déguster un délicieux tajine, un thé à la menthe et une salade d’oranges à la cannelle pour 11 dollars.

Essaouira, Maroc
Herbes.

Essaouira, la ville des chats

Une échoppe où l’on choisit son poisson, que l’on grille devant vous et qu’on déguste à table assis à côté d’autres intéressés, et où je peux caresser les chats curieux.

Car Essaouira, c’est aussi la ville des chats. Il y en a peut-être autant que d’habitants. Respectés et nourris, ils s’étirent au soleil ou attendent sagement à l’entrée d’un restaurant qu’on leur donne les restes d’un poisson St-Pierre au safran.

chat
Coucou!
mouette
Petit déjeuner en compagnie des mouettes à Essaouira.
Essaouira, Maroc
Des toits d’Essaouira.

Coucher de soleil

Le soir clôture en beauté ma journée de déambulation et de rencontres.

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Je marche sur l’immense plage devant la ville que découvre la marée basse et je regarde les paillettes du soleil danser sur les flots de l’Atlantique.

Puis je reviens dans la médina et monte sur les remparts près de la porte de la Scala d’où la vue sur le coucher de soleil est imprenable.

Parmi les couples et les familles réunis devant ce spectacle grandiose, j’oublie la menace du canon pointé entre deux créneaux de la tour et me perds en rêverie dans l’immensité du ciel qui embrase l’océan alors que le soleil disparaît.

Aurélie Resch
Aurélie Resch sur les remparts d’Essaouira au Maroc.
Essaouira, Maroc
Coucher de soleil sur l’océan Atlantique.

Auteur

  • Aurélie Resch

    Chroniqueuse voyages. Écrivaine, journaliste, scénariste. Collabore à diverses revues culturelles. Réalise des documentaires pour des télévisions francophones. Anime des ateliers d’écriture dans les écoles, les salons du livre et les centres culturels.

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