Comment contrer le déclin du vote chez les jeunes?

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Un bureau de vote dans un centre récréatif à Toronto.
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Publié 26/05/2024 par Eya Ben Nejm

La faible participation des jeunes adultes aux élections peut en partie s’expliquer par un manque d’information et un certain désintérêt. D’autres rappellent que les plateformes électorales et les discours politiques négligent souvent la nouvelle génération. Il y a pourtant plusieurs pistes de solutions à explorer.

Aux dernières élections fédérales, en 2021, 46,7% des personnes de 18 à 24 ans ont exercé leur droit de vote, selon Élections Canada, soit une baisse de 7,2% par rapport à 2019.

Le manque d’intérêt ne peut expliquer à lui seul ce déclin significatif de la participation déjà faible des jeunes adultes aux élections.

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Simon Thériault. Photo: courtoisie

Simon Thériault, président de la Fédération de la jeunesse canadienne-française (FJCF), pense au contraire que «les jeunes sont préoccupés par de nombreux sujets, comme l’éducation postsecondaire, les changements climatiques, l’avenir de notre planète, l’employabilité, les droits humains, la justice».

Le manque d’intérêt se trouve souvent de l’autre côté de l’équation.

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Manque de proximité

Pour le président, les plateformes des partis politiques ne s’adressent cependant pas assez aux jeunes. À son avis, les promesses des candidats et leurs actions ne se concentrent pas suffisamment sur ce qui interpelle et inquiète la jeune génération d’électeurs.

«Généralement, les jeunes sont souvent moins contactés, mobilisés par les partis politiques lors des élections. Les partis politiques ont tendance à aller vers les citoyens plus âgés qui sont réputés voter» en plus grand nombre, confirme Valérie-Anne Mahéo, professeure adjointe au Département de science politique de l’Université Laval.

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Valérie-Anne Mahéo. Photo: François Beauregard

Même si, lors des élections de 2021, ce sont les personnes de 65 à 74 ans qui ont enregistré le plus haut taux de vote, soit 74,9 %, les candidats ne doivent pas oublier la jeunesse et ils doivent «avoir un dialogue franc et authentique pour comprendre leurs besoins», insiste Simon Thériault.

La professeure Mahéo rappelle que le travail des élus consiste à représenter tous les citoyens à la Chambre des communes ainsi qu’à informer et à rejoindre la population.

Selon elle, quand des politiciens ne s’intéressent pas à une partie des électeurs, comme les jeunes, il n’est pas étonnant de les voir se désintéresser de la politique.

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Besoin de sensibilisation

La population aujourd’hui ne s’informe plus de la même manière qu’autrefois, ce qui se reflète sur l’action de voter, avance aussi Valérie-Anne Mahéo.

Les générations plus âgées ont tendance à consommer l’information par l’intermédiaire des médias traditionnels et des journaux imprimés, tandis que la première source d’information des jeunes aujourd’hui est plutôt les médias sociaux, ajoute-t-elle.

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Paul Howe. Photo: courtoisie

En plus, «le contenu médiatique qui est disponible sur les réseaux sociaux n’est pas forcément de qualité, véridique et vérifié», déplore la professeure.

Paul Howe, professeur de science politique à l’Université du Nouveau-Brunswick, est plus nuancé. Pour lui, l’arrivée d’Internet a permis aux personnes qui s’intéressaient déjà à la politique d’aller chercher encore davantage d’information.

Et pour les personnes déconnectées au départ de la réalité politique, il croit que le monde virtuel a simplement offert un autre moyen de se distraire de ce qui se passe sur la scène politique.

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Donner l’exemple

Simon Thériault suggère que, pour aider les jeunes à s’intéresser au système politique et à savoir reconnaître les fausses informations sur Internet, il faudrait davantage de cours d’éducation à la citoyenneté.

Il ajoute qu’une population bien informée permettra de maintenir en santé la démocratie canadienne.

Paul Howe abonde dans le même sens. Selon lui, de tels cours permettraient d’expliquer «à quel point il est important de protéger la démocratie, et qu’une partie [de la réponse] réside dans l’importance de la participation».

Pour contrer l’absentéisme dans l’isoloir, Valérie-Anne Mahéo tient à rappeler que l’intérêt porté par les parents à la participation politique a une incidence sur les futurs électeurs.

parlement jeunesse
Des membres de la FJCF participent périodiquement à des «Parlements jeunesse» simulant les démarches des vrais élus et intervenants politiques. Photo: FJCF

Le droit de vote à 16 ans?

Un autre facteur qui peut expliquer le faible de taux de participation des jeunes aux élections pourrait être leur manque de temps, théorise Valérie-Anne Mahéo.

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Après tout, au début de l’âge adulte, les jeunes vivent beaucoup de changements dans leur vie, que ce soit les études, un déménagement, un nouvel emploi et bien d’autres choses, énumère la professeure.

Pour initier les jeunes à l’exercice de leur droit de vote, Simon Thériault voit d’un bon œil l’idée d’abaisser l’âge du vote à 16 ans.

Selon le président, le premier vote est le plus difficile, car il faut s’inscrire sur la liste électorale et comprendre le fonctionnement d’une élection. Vu que la plupart des jeunes de 16 ans habitent encore chez leurs parents, ils ne seront pas seuls dans cette nouvelle démarche.

Paul Howe estime aussi que le vote à 16 ans permettrait aux parents d’aborder le sujet avec leur enfant, mais aussi aux écoles de faire des activités autour du devoir démocratique.

Le professeur rappelle par ailleurs qu’il est maintenant plus facile de s’inscrire sur la liste électorale. Il est possible de le faire dès l’âge de 18 ans sur le site d’Élections Canada.

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Quant aux jeunes de 14 à 17 ans, ils peuvent s’inscrire au registre des futurs électeurs.

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