Chez les jeunes Canadiens, l’engagement politique est plus fort que le vote

Pour les jeunes, le vote aux élections n'est qu'un moyen parmi d'autres de produire des changements politiques.
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Publié 24/09/2019 par Frédéric Cammarano

Les jeunes Canadiens votent moins que leurs aînés, mais ils parlent plus souvent de politique et défendent davantage de causes qu’eux, selon un récent rapport du Centre Samara pour la démocratie, un organisme sans but lucratif.

À l’élection fédérale de 2015, plus de la moitié des 18 à 24 ans ont voté. Bien que ce soit une amélioration par rapport à l’élection de 2011 (39%), ce groupe d’âge est encore celui qui vote le moins au pays, à égalité avec les 25 à 34 ans, selon les chiffres d’Élections Canada.

Devoir citoyen?

Tout le monde se demande pourquoi les jeunes votent moins, dit Adelina Petit-Vouriot, analyste des recherches chez Samara.

Adelina Petit-Vouriot

Des chercheurs en sciences politiques ont fourni plusieurs explications à ce sujet, notamment le manque d’intérêt des partis politiques pour les jeunes.

Ces derniers «ne voient pas le vote comme un devoir de citoyenneté ou, au moins, beaucoup moins que les autres générations».

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D’autres moyens que le vote

«Ils voient aussi qu’il y a d’autres avenues politiques qui pourraient être plus faciles pour produire du changement», dit Mme Petit-Vouriot.

Les jeunes de 18 à 29 ans sont plus nombreux que les autres groupes d’âge à tenir un évènement ou un rassemblement sur la politique, à faire du bénévolat, à signer une pétition et à manifester, selon le rapport.

Que ce soit par courriel, par téléphone ou sur les réseaux sociaux, les jeunes discutent de politique plus que les autres générations. 61% des jeunes disent même avoir discuté avec quelqu’un qui ne partage pas leur avis politique au cours du dernier mois.

Cibler les jeunes peut rapporter gros

Mme Petit-Vouriot soutient qu’il faut que les partis sensibilisent les jeunes à aller voter, ce qu’ils négligent de faire bien souvent. C’est pourtant une stratégie qui pourrait faire toute la différence le 21 octobre prochain, selon l’analyste.

«Il y a des partis politiques qui ont vraiment mis l’accent sur les jeunes, et ça leur a donné l’élection», dit-elle du scrutin de 2015.

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Christophe Traisnel

Christophe Traisnel, professeur en sciences politiques à l’Université de Moncton, rappelle que tous les groupes d’âge ont été plus nombreux à voter aux dernières élections. Il se pourrait que les enjeux de l’élection étaient alors plus importants aux yeux des électeurs que lors des précédentes élections, selon le professeur.

Temps d’adaptation des nouveaux électeurs

M. Traisnel croit que les jeunes votent moins que leurs aînés pour deux raisons. La première, c’est qu’il y a un «temps d’adaptation» lorsqu’un groupe obtient nouvellement le droit de vote.

«Quand on obtient le droit de vote, on ne l’utilise pas tout de suite», dit-il en précisant que, selon le rapport, ce «temps d’adaptation» semble diminuer pour les jeunes d’aujourd’hui.

Pas seulement voter tous les 4 ans

La deuxième raison, c’est que les jeunes perçoivent la participation politique différemment de leurs aînés.

Selon M. Traisnel, pour les personnes de plus de 50 ans, la participation politique se résume au droit de vote, aux élections et aux partis politiques.

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«J’ai l’impression que les jeunes ont une image beaucoup plus ouverte et variée de ce que peut être la politique», dit-il en précisant qu’ils s’impliquent davantage pour défendre des causes politiques que leurs aînés.

Démocratie VS politique?

Mais, cette définition de la politique ne se traduit pas par un intérêt pour celle-ci. Les jeunes sont en queue de peloton lorsqu’il s’agit d’intérêt pour la politique, selon le rapport.

Les données de l’analyse du Centre Samara pour la démocratie proviennent d’un sondage effectué par le centre pour son rapport bisannuel La démocratie à 360º. Plus de 4000 Canadiens adultes ont répondu au sondage entre le 16 janvier et le 6 février 2019.

Auteur

  • Frédéric Cammarano

    Journaliste à Francopresse, le média d’information numérique au service des identités multiples de la francophonie canadienne, qui gère son propre réseau de journalistes et travaille de concert avec le réseau de l'Association de la presse francophone.

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