Immigration: les Torontois plus inclusifs que les Québécois?

Partagez
Tweetez
Envoyez

Publié 16/03/2017 par Annik Chalifour

Lors du Téléjournal de lundi dernier 13 mars, Céline Galipeau présentait les résultats du sondage réalisé par la firme CROP pour le compte de Radio-Canada révélant la compassion de Québécois face à la communauté musulmane, mais aussi certaines perceptions négatives.

Environ 80% des Québécois sondés par CROP ont affirmé avoir ressenti une plus grande compassion face à la communauté musulmane et être plus nuancés sur la question des différences religieuses suite à l’attentat du 29 janvier contre la mosquée de Québec.

Toutefois d’autres résultats du sondage portent à la réflexion.

Les deux tiers des 1024 Québécois sondés par CROP (après l’attentat) estiment que les accommodements religieux demandés par les musulmans démontrent qu’ils ne veulent pas vraiment s’intégrer.

Plus de 50% sont d’avis que cela ne les dérangerait pas que des événements comme le récent attentat à Québec découragent des musulmans à immigrer ici.

Publicité

L’analyste politique Tasha Kheiriddin, interviewée par Céline Galipeau, affirmait que les Torontois sont plus tolérants à l’égard du multiculturalisme «parce que les gens de la métropole canadienne sont habitués à côtoyer les voiles, turbans, kirpans, etc.» Mais cela signifie-t-il pour autant que Toronto soit plus inclusive?

Par ailleurs, selon le premier ministre du Québec, Philippe Couillard, «il est normal que les Québécois soient plus réticents vis-à-vis de l’immigration puisque notre société est homogène depuis très longtemps».

Il semble que ni Mme Kheiriddin ni M. Couillard n’aient compris que tant et aussi longtemps que les nouveaux immigrants ne feront pas partie intégrante de notre vie socio-politique, notre vénérable multiculturalisme canadien référant à la valeur de l’inclusion demeurera utopique.

Certes, la démographie torontoise a drastiquement changé depuis ces dernières décennies. Toutefois l’inclusion sociale et politique de milliers de nouveaux immigrants pose un immense réel défi.

À Toronto, nombre de dames voilées (voile intégral) originaires de la Somalie, du Pakistan et de l’Afghanistan restent confinées dans leurs logis surpeuplés (secteurs Regent Park, East York), tandis que des milliers d’autres immigrants survivent dans des conditions lamentables (Jane et Finch)…

Publicité

Cantonnés entre eux dans leurs quartiers isolés, ces nouveaux immigrants vivent en marge de notre société, dépendant de notre générosité tout en parrainant des conjoints imposés. Leurs familles se multiplient en sol canadien, déconnectées de notre démocratie.

La vérité: nous faisons face à un faux multiculturalisme sans vision. Pourquoi? Parce que des milliers de nouveaux immigrants, par exemple à Toronto, ne comprennent ni ne vivent notre concept de la participation citoyenne.

Et de son côté, comment le Québec fera-t-il face au multiculturalisme incontournable?

Il faudra davantage que des marches de paix, des motions pour contrer l’islamophobie et des sondages…

Il faudra détenir le courage politique de redéfinir notre société: qui nous sommes, ce que nous voulons être, en Ontario comme au Québec et ailleurs au pays.

Publicité

Avoir le courage de vivre et refléter nos valeurs en fonction de notre démocratie moderne, nord-américaine, occidentale, cela ne signifie pas de fermer nos portes ni d’imiter le discours xénophobe de Marine Le Pen – «Si voulez vivre comme chez vous, retournez chez vous» – mais de repréciser les intentions de nos lois et de les faire comprendre aux nouveaux immigrants.

Auteur

  • Annik Chalifour

    Chroniqueuse et journaliste à l-express.ca depuis 2008. Plusieurs reportages réalisés en Haïti sur le tourisme solidaire en appui à l’économie locale durable. Plus de 20 ans d'œuvre humanitaire. Formation de juriste.

Partagez
Tweetez
Envoyez
Publicité

Pour la meilleur expérience sur ce site, veuillez activer Javascript dans votre navigateur