Billets de Kids Up Front: La Passerelle-I.D.É. dit avoir agi de bonne foi

«Ça fait longtemps que les médias francophones auraient dû enquêter sur La Passerelle»

Léonie Tchatat, fondatrice et directrice générale de La Passerelle I.D.É. (Photo: compte Twitter de La Passerelle)
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Publié 01/04/2019 par François Bergeron

La Passerelle-I.D.É., l’organisme torontois d’intégration des immigrants francophones fondé et dirigé par Léonie Tchatat depuis 25 ans, affirme avoir fait preuve de «transparence» et agi «de bonne foi» en distribuant à des membres de son personnel et à des amis des billets de spectacles et d’événements sportifs destinés à des enfants de familles pauvres.

Ce lundi 1er avril, le Toronto Star révèle à la une que l’organisation Kids Up Front n’était pas en mesure de vérifier que les milliers de dollars en billets qu’elle offrait à La Passerelle étaient bel et bien utilisés à cette fin.

Citant, sans les nommer, des ex-employés de La Passerelle, le Star décrit une culture interne où tout le monde pouvait se servir.

Léonie Tchatat

Train de vie

Le Star mentionne aussi le train de vie – automobiles de luxe, maison à Rosedale, voyages en Afrique – de Léonie Tchatat et de son conjoint, Guy Taffo, qui est le comptable de l’organisme à but non lucratif, ce qui est déjà très irrégulier.

Dans le passé, de telles allusions, associées à diverses allégations de gouvernance déficiente, ont circulé sous forme de lettres ou de courriels anonymes.

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Dans la communauté, des intervenants contactés par L’Express ont réagi à l’article du Star en disant que «ça fait longtemps que les médias francophones auraient dû enquêter sur La Passerelle». On souligne qu’on ne trouve aucun rapport annuel dans son site web, ni même la liste des membres du Conseil d’administration.

Léonie Tchatat nous a toutefois fait parvenir son plus récent rapport annuel par courriel.

Protocole

Au sujet des billets de Kids Up Front, «depuis 2014, La Passerelle-I.D.É. a suivi un protocole administré par un membre de son personnel», se défend La Passerelle dans un communiqué de presse signé par Farah Ghorbel, présidente du Conseil d’administration depuis 2016.

Farah Ghorbel Taï

«Premièrement, la disponibilité des tickets a été affichée sur Facebook.»

«Deuxièmement, les billets ont été donnés à des enfants, des familles et des personnes servies par La Passerelle-I.D.É.»

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«Troisièmement, des tickets ont été mis à la disposition des membres du personnel de La Passerelle-I.D.É. lorsqu’il a été clair que ces tickets ne seraient autrement pas utilisés.»

Des photos en preuve

À La Passerelle-I.D.É. on affirme avoir envoyé de nombreuses photos à Kids Up Front «montrant des personnes assistant aux événements pour lesquels elles ont eu des tickets, y compris des personnes ayant plus de 18 ans», ce qui était prévu dans l’entente entre les deux organismes.

«La réalité est que La Passerelle-I.D.É. et Kids Up Front ont toutes deux essayé de gérer leur relation de bonne foi et de manière raisonnable.» Les deux organismes auraient déjà «entamé le dialogue autour de ces questions».

Toute l’affaire serait donc un «malentendu» qui «sera dissipé et surmonté», lit-on dans le communiqué.

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On continue pareil

«Bien que le Star ait cherché à causer du tort à La Passerelle-I.D.É., cette affaire ne détournera pas La Passerelle-I.D.É. de l’accomplissement continu de sa mission», affirme la présidente.

Conseillé par un avocat selon le Star, l’organisme rappelle avoir «soutenu des dizaines de milliers de personnes qui s’efforçaient d’atteindre leur intégration et leur développement économique», ajoutant que «tous les paliers de gouvernement ont vu en La Passerelle-I.D.É. un partenaire de choix autour de meilleures pratiques porteuses d’impact».

La Passerelle fonctionne avec un budget annuel de plus de 2,2 millions $, provenant essentiellement des gouvernements fédéral (plus de 800 000$), provincial (plus de 600 000 $)  municipal (plus de 300 000 $), et de fondations (plus de 300 000 $).

Dans la colonne des dépenses, un peu plus d’un million passe en frais de consultation et en salaires, plus de 400 000 $ en fournitures de bureau et loyer, et 112 000 $ en frais de déplacement. 61% des charges sont qualifiées de «dépenses de programmes».

Léonie Tchatat a déjà été membre de la Commission ontarienne des droits de la personne, ainsi que du Comité consultatif de langue française de la Ville de Toronto.

Auteur

  • François Bergeron

    Rédacteur en chef de l-express.ca. Plus de 40 ans d'expérience en journalisme et en édition de médias papier et web, en français et en anglais. Formation en sciences-politiques. Intéressé à toute l'actualité et aux grands enjeux modernes.

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