Dans le secteur de l’agriculture, l’expérience passée et présente des femmes demeure invisible. Pourtant, la sociologue Julie Francœur sait qu’elles sont partout et nombreuses. Elle le démontre clairement dans Sortir du rang. La place des femmes en agriculture.
Au Québec, on estime qu’une agricultrice sur trois travaille encore dans une entreprise familiale sans salaire ni parts sociales. Les femmes dont l’autrice parle sont pour la plupart blanches, hétérosexuelles et sans handicap. Elles évoluent dans un monde où l’agriculteur moyen est un homme de 54 ans.
La terre de père en fils
«Il est temps, écrit Julie Francœur, de mettre des visages féminins sur l’image qu’on se fait des personnes qui produisent nos aliments, de faciliter et même de forcer leur reconnaissance, et de laisser libre cours à leur potentiel transformateur dans le milieu.»
Historiquement, on ne transmettait presque jamais de terres à une fille. On la mariait à un garçon établi. S’il existait des travaux de femmes, comme la production et la vente de fromage, l’activité des agricultrices était comprise et organisée comme si elle constituait une activité secondaire en comparaison du «vrai travail masculin».
Francœur souligne comment les agricultrices ont longtemps été soumises à une triple journée: travail à la ferme, responsabilités familiales, travail à l’extérieur de chez elles. L’alimentation bon marché dépendait du surtravail gratuit des femmes.