À la mémoire des femmes oubliées de l’histoire d’Haïti

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Gabriel Osson, Suzanne Louverture, d’esclave à Première dame
Gabriel Osson, Suzanne Louverture, d’esclave à Première dame, roman historique, Montréal, Éditions du Centre international de documentation et d’information haïtienne, caribéenne et afro-canadienne, 2025, 354 pages, 30 $.
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Publié 05/12/2025 par Paul-François Sylvestre

Pour connaître la naissance d’Haïti, son véritable fondateur et l’épouse de ce dernier, il fait lire à tout prix Suzanne Louverture, d’esclave à Première dame, roman historique de Gabriel Osson.

Précisions d’abord que Saint-Domingue est l’ancien nom d’Haïti. La cheville ouvrière de cette première république noire du monde est le général François Dominique Toussaint qui adopte «le nom Louverture à cause de sa facilité à créer des brèches dans les lignes ennemies», une fois que l’esclavage est aboli en 1793.

François Dominique Toussaint (1743-1803) épouse Suzanne Simone Baptiste (1752-1816) en secondes noces. Cette femme élève et éduque deux enfants, surveille un adolescent, dirige des domestiques, supervise les travaux dans les champs et tient les comptes. L’auteur écrit: «elle était véritablement au four et au moulin».

Première dame

Puisque Toussaint émerge comme le premier gouverneur noir de Saint-Domingue, Suzanne assume son titre de première dame.

Avec le temps, elle se résigne à son rôle d’oreille attentive et d’observatrice silencieuse. Elle devient la voix de la conscience de son mari, dont «chaque nouvelle décision était un poids supplémentaire sur ses épaules».

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Toussaint rédige la première constitution de Saint-Domingue en s’inspirant de celle adoptée en France (1789).

Napoléon n’a nullement l’intention de la ratifier. Au contraire, il veut «mettre au pas ces nègres» et rétablir l’esclavage dans la colonie. «Que dirait le monde de la France, qui a conquis de puissants empires, si nous capitulons devant ces nègres?»

Le tiers des revenus de la France

Gabriel Osson précise que, à l’apogée de la production sucrière, caféière et cotonnière, plus du tiers des revenus de la France provenait du travail des personnes mises en esclavage sur des plantations.

En décembre 1801, Napoléon envoie 63 navires et 30 000 soldats vers Saint-Domingue. Toussaint, son épouse, leurs trois enfants et quelques domestiques sont exilés en France, le père et son fils aîné dans un endroit, les autres incarcérés dans une différente prison.

Suzanne se montre forte et en contrôle. Elle a «l’habitude de porter le poids des événements sur ses épaules sans se laisser abattre». Durant son exil à Bayonne, puis à Agen, la Première dame choisit toujours la dignité.

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Des années de recherche

Plusieurs années de recherche et de documentation permettent à l’auteur de donner voix à une femme de courage et de résilience, dans un récit qui mêle histoire, mémoire et imaginaire.

Tout en respectant les dates et les lieux par où Toussaint et Suzanne Louverture ont transité, Gabriel Osson a pris quelques libertés pour écrire cette fresque historique. «Il y a une volonté biographique de ma part, tout en restant dans un roman.»

Suzanne Louverture, d’esclave à Première dame est une œuvre magistrale qui contribue à la mémoire des femmes oubliées de l’histoire d’Haïti. On y découvre une personnalité stoïque qui ne montre jamais son désarroi.

Auteurs

  • Paul-François Sylvestre

    Chroniqueur livres, histoire, arts, culture, voyages, actualité. Auteur d'une trentaine de romans et d’essais souvent en lien avec l’histoire de l’Ontario français. Son site jaipourmonlire.ca offre régulièrement des comptes rendus de livres de langue française.

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